Les espions espagnols s’activent en Afrique

Le CNI reçoit l’ordre de se consacrer à l’Afrique à cause de la séquestration des cooperants

Le CNI (Centre National d’Intelligence) n’avait jamais eu autant de fronts ouverts sur un continent de plus plus décisif pour les intérêts espagnols. Le Maghreb a cessé d’être la région d' »attention exclusive » du service secret, qui étend maintenant ses réseaux et influence à l’Afrique Central et de l’Atlantique à l’Océan Indien.

Les activités du CNI en Afrique ont crû exponentiellement dans les trois dernières années, ce qui a obligé à destiner et à spécialiser un nombre chaque fois plus grand d’agents et d’analystes. Dans le « Grand Jeu » africain s’entrecroisent immigration illégale, jihadisme, trafic de stupéfiants, piraterie, trafic d’armes, blanchiment d’argent, lutte des grandes puissances pour les ressources énergétiques et les minerais stratégiques, ainsi que la nécessité d’assurer la présence et l’expansion des entreprises espagnoles.

Voici les fronts dont s’occupe actuellement le service d’intelligence :

– L’Immigration illégale. Le Gouvernement a désigné au Centre comme objectif prioritaire freiner l’immigration illégale dans les pays d’origine, fondamentalement celle provenant du couloir du Sahel et du Golfe de la Guinée. Un travail efficace et silencieux a réussi à démantibuler les maffias de trafiquants avec comme résultat la réduction drastique des pateras qui arrivent aux côtes canariennes, cela sans amoindrir le travail du Frontex et ces conventions signées entre le Ministère de l’Intérieur et les autorités des « pays visés ».

– Le Jihadisme. La présence croissante du terrorisme jihadiste sous le parapluie nébuleux d' »Al Qaida au Maghreb Islamique » est devenue une priorité, parallèlement à ce qui précéda, étant donné que ces organisations situent l’Espagne – comme territoire historique d’Al Andalus – dans leur point de mire. La séquestration, non encore résolue, de trois cooperants Espagnols oblige le CNI à être sur le terrain. C’est-à-dire, à déployer, pour la première fois, des ressources humaines et techniques dans l’immense région du Sahel constituée par le Chad, le Níger, le Mali et la Mauritanie.

– La Piraterie somalienne. La Corne de l’Afrique est devenue la deuxième région où des intérêts espagnols sont menacés. Les attaques contre la flotte de thon dans des eaux de l’Océan Indien imposent une connaissance exhaustive de la Somalie et des mécanismes de la piraterie.

– Le Trafic de stupéfiants, la vente illégale d’armes et le blanchiment d’argent. Tout service secret qui veut être efficace doit être au jour des organisations de narcos, des routes de passage et de distribution de la drogue dont les énormes bénéfices, une fois blanchi, servent à financer d’autres activités illicites et, dans beaucoup de cas, le terrorisme. Le rapport annuel du Département d’État nord-américain sur la drogue dans le monde, publié la première semaine de mars, qualifie l’Espagne de « l’un des grands centres européens de lavage d’argent, ainsi qu’une porte d’entrée pour le trafic de stupéfiants ». Le fait que les cartels colombiens ont ouvert des routes à travers l’Afrique pour faire que la cocaïne regagne l’Espagne, chemin de l’Europe, exige au CNI un effort ajouté.

– La Course pour les ressources énergétiques et les minerais stratégiques. Entre les puissances les plus notables, les États-Unis, la Chine, la Russie et la France concourent pour contrôler les ressources du continent (pétrole, gaz, coltan …). l’Espagne, sans sources d’énergie propres, ne peut pas rester en marge de la bataille livrée dans le voisinage de notre frontière sud. Une des raisons que les grandes entreprises espagnoles nourrissent des alliances d’approvisionnements de pays producteurs et elles sont impliquées dans de nouveaux projets. Le CNI prête une attention croissante à cette bataille qui marquera les décennies suivantes.

– L’arc du Maghreb, la frontière sud. En plus des « nouveaux fronts », coexistent les dénommés « intérêts permanents ». C’est-à-dire, les relations bilatérales avec le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie, la Tunisie et la Libye. Toutes entrelacées dans un jeu délicat d’équilibres qui passe par :

– Le toujours difficile voisinage avec le Maroc

– La dépendance du gaz algérien.

– Le conflit du Sahara Occidental

– L’espagnolité de Ceuta et Melilla

– La stabilité des Iles Canaries

EL DEBATE 21  

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