Le dernier des Mohicans

Des publications juives, et généralement sionistes, s’en prennent à la diplomatie algérienne, et à Bouteflika plus particulièrement, accusé de vouloir brader les intérêts du peuple algérien pour «nuire au Maroc». On peut croire que ces publications sont, à l’occasion, sollicitées et récompensées par le royaume marocain pour chauffer le tambour. Peu importe, c’est la maladresse des arguments développés qui laisse songeur.

Tout le monde sait qu’entre l’Espagne et l’Algérie, les relations ne sont pas faciles. Les Espagnols se plaignent notamment de la volonté d’Alger d’appliquer des nouveaux prix sur le gaz, revus à la hausse de 20%, ou de l’entêtement de SONELGAZ à vendre directement son électricité sur le marché ibérique, voire européen. Des contentieux, des dossiers, des polémiques sont soumis aux tribunaux internationaux. On peut tout dire de Bouteflika, sauf qu’il brade les ressources algériennes à l’Espagne pour nuire au Maroc.

Etrange, la propagande sioniste passait pour être plus imaginative. Dans le Courrier International, on peut lire d’autres types d’accusations. L’Algérie serait une puissance régionale malfaisante préoccupée uniquement pour «exporter» son terrorisme dans les pays voisins. Le plus clair de leur temps, Bouteflika et l’armée algérienne le passeraient à ourdir des complots contre la Mauritanie, le Maroc, le Niger, et maintenant le Mali. Jusqu’ici, on peut se contenter d’opiner de la tête. Mais là où le mur du son est franchi, c’est lorsqu’il est dit que le GSPC alias AQMI (ou inversement) est composé de Sahraouis du POLISARIO, dont l’Algérie use dans sa politique diabolique de déstabilisation de la région. Ça sent une telle odeur marocaine, que l’on s’abstient de tout décryptage. Il y a bel et bien, une campagne, médiatique et autre, de la monarchie dirigée contre son voisin. La réciproque pouvant être vraie, il s’agit d’en voir la nature.

Lorsque l’Algérie utilise ses ressources pour combattre la thèse marocaine sur l’autonomie élargie du Sahara Occidental, elle ne dit ni plus ni moins que le droit international du peuple sahraoui à décider de son sort. Elle dénonce ceux qui veulent l’oublier, et le rappelle sans cesse aux autres. Telle est sa propagande. C’est une position d’Etat dont elle ne rougirait pas puisqu’elle est de notoriété publique. Par conséquent, la posture marocaine, par le recours à de tels stratagèmes, se dénonce elle-même. Là où elle veut faire croire qu’elle a raison, elle dit qu’elle a tort. Peut-on en effet, espérer convaincre qui que ce soit en appelant à l’aide des publications et des organisations qui nient jusqu’au droit d’existence à la population palestinienne de Ghaza toute entière? Peut-on être crédible en accusant ses adversaires du POLISARIO, dont tout le monde sait qu’ils luttent pour l’indépendance de leur pays, d’être affiliés à Al Qaïda? Soyons sérieux. Qui croira de pareilles bêtises?

Quant à Bouteflika qui passerait son temps à brader l’économie nationale, contre toute logique, hé bien, il suffit de jeter un coup d’œil à la presse mondiale (et même nationale) pour s’apercevoir qu’il est accusé exactement de l’inverse. Au lieu de brader, il thésaurise. Au lieu de dépenser, il compte. Au lieu de s’ouvrir généreusement, il fait du patriotisme économique. Au lieu de jouer au libéral, il s’arc-boute sur le nationalisme. Bref, au lieu de se vendre au premier venu, il s’affiche comme le dernier Mohican. Et tant pis pour ceux à qui le personnage ne plaît pas.

Les Débats

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