Par Nabil Benali
Alors que le Maroc multiplie les efforts diplomatiques pour « vendre » son projet d’autonomie du Sahara occidental, le combat des Sahraouis se porte sur le terrain des droits de l’homme et menace chaque jour un peu plus les tactiques de Rabat.
Au Maghreb ou en Europe, les militants sahraouis des droits de l’homme s’imposent dans les débats de l’heure, sur fond de répression qualifiée de féroce par les autorités marocaine dans les territoires occupés. Il a été question, aussi, cette semaine à Alger, de la visite d’une délégation des douze militants sahraouis des droits de l’homme au quotidien El Moudjahid.
A leu tête, Naama Asfari, un militant dont le courage n’est plus à défendre, puisque celui-ci figurait parmi la première délégation qui s’est déplacée aux camps des réfugiés sahraouis. Il a, lui-même, souligné que sa détention durant quatre mois dès son retour, «risque de se reproduire avec la présente délégation». Son discours est simple et déterminé : «la répression marocaine ne va pas dissuader les Sahraouis de poursuivre leur marche vers l’indépendance». Et mieux encore, «les autorités marocaines ne pourront pas nous interdire de sortir», dit-il, affirmant que «ce droit a été arraché grâce au combat des militants sahraouis des droits de l’homme et à celui de tout un peuple».
M. Asfari est venu à Alger dénoncer le fait que les autorités marocaines imposent une répression «sans précédent» au peuple sahraoui dans les territoires occupés, empêchant toute manifestation pacifique. Il cite une manifestation des Sahraouis dans les territoires occupés, «sévèrement réprimée» le 10 mars dernier. M. Asfari n’a pas manqué de mettre en avant «la responsabilité du Maroc quant au sort des grévistes de la faim», estimant que «l’Onu, à travers sa représentation dans les territoires occupés, assumera, aussi, une responsabilité morale». Car, cette affaire des 29 prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim depuis le 18 mars, fait beaucoup de bruit dans la presse internationale. Source de pressions sur le Maroc, de la part d’ONG et de certaines chancelleries, ces militants revendiquent tout simplement un jugement équitable et juste pour les sept militants sahraouis des droits de l’homme emprisonnés dès leur retour des camps des réfugiés.
Le mur de la honte
Autre élément dans cette vague d’actions qui ne peuvent que ternir davantage l’image du Maroc, plus de 500 personnes solidaires avec la question sahraouie, venues de sept pays, ont exprimé, samedi dernier, «leur ferme condamnation» du silence international face au «mur de la honte» érigé par le Maroc au Sahara occidental, lors d’une manifestation qu’elles ont organisée devant ce rempart militaire. Les participants à la manifestation «Colonne des 1000» dans la région de Mahbès ont appelé l’ONU à prendre «une position ferme» face au «crime contre l’Humanité» que représente ce mur aux allures d’apartheid.
Entre autres, Isabelle Laurence, représentante du Conseil de paix et de coopération au Portugal, a souligné la nécessité de «transmettre le message du peuple sahraoui à l’opinion publique portugaise». Mais surtout, la militante a indiqué que la dénonciation du mur marocain figurait parmi «les priorités du conseil portugais qui œuvre à sensibiliser sur la question sahraouie». L’Espagnole Eva Caniola de Castille Leon s’est dite indignée de «l’indifférence du Maroc à l’égard des vies des citoyens sahraouis innocents». Venue de Catalogne, Chavi Lacruz de Catalogne a estimé que le gouvernement espagnol «est responsable des souffrances endurées au Sahara occidental», déplorant «la non adhésion de l’Espagne à la volonté de son peuple consistant à soutenir le peuple sahraoui pour le recouvrement de l’indépendance». Et un Américain, Joseph Emery a insisté sur la nécessité de «déployer davantage d’efforts» pour dénoncer le mur marocain, exprimant sa détermination à faire connaître la question sahraouie, et ce, en collaboration avec les associations de la société civile aux Etats-Unis». Michelle Iturby, membre d’un collectif venu du Mexique, a qualifié le mur marocain de «crime qui mérite d’être condamné». Enfin, plusieurs personnalités italiennes ont mis l’accent sur le rôle des instances internationales qui participent à l’organisation de «la colonne des 1000». Ces voix européennes, venues attirer l’attention des médias du monde et de l’opinion internationale pour montrer ce qu’il y a symboliquement de plus honteux dans l’occupation marocaine, ont rejoint des militants sahraouis des droits de l’homme. Le chef de la délégation, Sidi Mohamed Dedèche, a indiqué que ce mur, parsemé de millions de mines et de fils barbelés «est une question dont l’examen s’impose», appelant les organisations internationales à détruire le mur militaire dans la région et à protéger les Sahraouis civils. Soukina Djed Ahlou, membre de cette délégation, a déploré aussi la souffrance des personnes se trouvant dans les territoires occupés du fait de «la privation, de la faim et de l’exclusion».
Cette action dite de «la colonne des 1000» représente la dernière en date, précédée par le lancement de la campagne internationale pour le soutien et la libération des détenus sahraouis dans les geôles marocaines
C’est le secrétaire général de l’Union de la jeunesse du Polisario, Moussa Selma, qui est chargé de coordonner cette campagne et sa promotion dans plusieurs pays, où il est question de faire connaître au monde la véritable nature de la répression de l’occupant et mettre fin au mutisme de l’ONU et des grandes puissances face aux massacres des sahraouis, victimes des mines anti-personnel et des bombes enfouies aux abords du mur».
Entre temps, l’affaire des 29 prisonniers politique enfle. Le comité sahraoui de suivi a estimé, cette semaine, que leur état de santé est «critique et alarmant». En effet, des prisonniers politiques sahraouis sont en grève de la faim depuis le 18 mars dans le pénitencier de Salé (Rabat), alors que 19 autres dans la prison marocaine de Tiznit observent depuis 13 jours déjà une grève de la faim illimitée en guise de solidarité avec leurs compagnons dans la prison de Salé pour le respect de leur dignité en tant que détenus politiques.
Ça bouge en Europe
Une première réaction européenne est obtenue. A partir de Bruxelles, le ministère des Affaires étrangères d’Allemagne a dit suivre de près la situation des défenseurs des droits de l’homme sahraouis emprisonnés. «Nous suivons de près l’évolution de la situation par le biais de notre ambassade à Rabat, et nous avons également inclus le sujet à l’ordre du jour de nos réunions bilatérales avec l’ambassadeur du Maroc à Berlin», a affirmé le secrétaire d’Etat allemand aux affaires européennes, Werner Hoyer, dans une réponse écrite qu’il a adressée à des députés allemands, représentant certains groupes politiques qui composent le Parlement national allemand «Bundastag». Interrogé au sujet des actions envisagées par l’Allemagne pour protéger les droits de l’homme au Sahara occidental, le responsable allemand affirmera dans cette lettre, reçue à Bruxelles à la Délégation sahraouie en Europe, qu’«au niveau de l’Union européenne, le gouvernement fédéral a également fait un grand effort pour mettre la question des droits fondamentaux des peuples et des droits de l’homme, en particulier au Sahara Occidental, dans l’agenda de travail».
A signaler, dans le cadre de cette dynamique, que l’ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW) a demandé au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de souligner notamment la nécessité d’adapter le mandat de la Minurso pour qu’il inclue les droits de l’homme dans le rapport sur la situation au Sahara occidental qu’il doit présenter durant le mois d’avril en cours au Conseil de sécurité. «Il a été largement démontré que la population civile du territoire non autonome du Sahara occidental est l’objet de diverses atteintes aux droits humains, comme la détention arbitraire, les coups et les tortures», écrit l’ONG internationale, implantée dans 35 pays, citée par l’agence de presse sahraouie.
En parallèle, la Task Force de la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) a lancé jeudi, à Bruxelles également, un appel urgent pour attirer l’attention de l’opinion publique belge et européenne sur la «situation précaire» des prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim. Dans cet appel, signé par son président, Pierre Gallant, la Task Force exprime également sa solidarité pour la cause du peuple sahraoui, afin d’«appuyer sa demande légitime pour la réalisation immédiate de son droit à l’autodétermination».
Cette série d’actions, la dernière en date, s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne que mènent les Sahraouis qui ont choisi la voie politique et diplomatique pour contrecarrer un plan d’autonomie qui fait l’impasse sur leur droit à l’autodétermination. Mais plus encore, elles visent à montrer à la communauté internationale l’infaisabilité d’un Sahara occidental sous domination marocaine, laquelle est montrée du doigt comme brutale et irrespectueuse des droits de l’homme.
Les Débats
Au Maghreb ou en Europe, les militants sahraouis des droits de l’homme s’imposent dans les débats de l’heure, sur fond de répression qualifiée de féroce par les autorités marocaine dans les territoires occupés. Il a été question, aussi, cette semaine à Alger, de la visite d’une délégation des douze militants sahraouis des droits de l’homme au quotidien El Moudjahid.
A leu tête, Naama Asfari, un militant dont le courage n’est plus à défendre, puisque celui-ci figurait parmi la première délégation qui s’est déplacée aux camps des réfugiés sahraouis. Il a, lui-même, souligné que sa détention durant quatre mois dès son retour, «risque de se reproduire avec la présente délégation». Son discours est simple et déterminé : «la répression marocaine ne va pas dissuader les Sahraouis de poursuivre leur marche vers l’indépendance». Et mieux encore, «les autorités marocaines ne pourront pas nous interdire de sortir», dit-il, affirmant que «ce droit a été arraché grâce au combat des militants sahraouis des droits de l’homme et à celui de tout un peuple».
M. Asfari est venu à Alger dénoncer le fait que les autorités marocaines imposent une répression «sans précédent» au peuple sahraoui dans les territoires occupés, empêchant toute manifestation pacifique. Il cite une manifestation des Sahraouis dans les territoires occupés, «sévèrement réprimée» le 10 mars dernier. M. Asfari n’a pas manqué de mettre en avant «la responsabilité du Maroc quant au sort des grévistes de la faim», estimant que «l’Onu, à travers sa représentation dans les territoires occupés, assumera, aussi, une responsabilité morale». Car, cette affaire des 29 prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim depuis le 18 mars, fait beaucoup de bruit dans la presse internationale. Source de pressions sur le Maroc, de la part d’ONG et de certaines chancelleries, ces militants revendiquent tout simplement un jugement équitable et juste pour les sept militants sahraouis des droits de l’homme emprisonnés dès leur retour des camps des réfugiés.
Le mur de la honte
Autre élément dans cette vague d’actions qui ne peuvent que ternir davantage l’image du Maroc, plus de 500 personnes solidaires avec la question sahraouie, venues de sept pays, ont exprimé, samedi dernier, «leur ferme condamnation» du silence international face au «mur de la honte» érigé par le Maroc au Sahara occidental, lors d’une manifestation qu’elles ont organisée devant ce rempart militaire. Les participants à la manifestation «Colonne des 1000» dans la région de Mahbès ont appelé l’ONU à prendre «une position ferme» face au «crime contre l’Humanité» que représente ce mur aux allures d’apartheid.
Entre autres, Isabelle Laurence, représentante du Conseil de paix et de coopération au Portugal, a souligné la nécessité de «transmettre le message du peuple sahraoui à l’opinion publique portugaise». Mais surtout, la militante a indiqué que la dénonciation du mur marocain figurait parmi «les priorités du conseil portugais qui œuvre à sensibiliser sur la question sahraouie». L’Espagnole Eva Caniola de Castille Leon s’est dite indignée de «l’indifférence du Maroc à l’égard des vies des citoyens sahraouis innocents». Venue de Catalogne, Chavi Lacruz de Catalogne a estimé que le gouvernement espagnol «est responsable des souffrances endurées au Sahara occidental», déplorant «la non adhésion de l’Espagne à la volonté de son peuple consistant à soutenir le peuple sahraoui pour le recouvrement de l’indépendance». Et un Américain, Joseph Emery a insisté sur la nécessité de «déployer davantage d’efforts» pour dénoncer le mur marocain, exprimant sa détermination à faire connaître la question sahraouie, et ce, en collaboration avec les associations de la société civile aux Etats-Unis». Michelle Iturby, membre d’un collectif venu du Mexique, a qualifié le mur marocain de «crime qui mérite d’être condamné». Enfin, plusieurs personnalités italiennes ont mis l’accent sur le rôle des instances internationales qui participent à l’organisation de «la colonne des 1000». Ces voix européennes, venues attirer l’attention des médias du monde et de l’opinion internationale pour montrer ce qu’il y a symboliquement de plus honteux dans l’occupation marocaine, ont rejoint des militants sahraouis des droits de l’homme. Le chef de la délégation, Sidi Mohamed Dedèche, a indiqué que ce mur, parsemé de millions de mines et de fils barbelés «est une question dont l’examen s’impose», appelant les organisations internationales à détruire le mur militaire dans la région et à protéger les Sahraouis civils. Soukina Djed Ahlou, membre de cette délégation, a déploré aussi la souffrance des personnes se trouvant dans les territoires occupés du fait de «la privation, de la faim et de l’exclusion».
Cette action dite de «la colonne des 1000» représente la dernière en date, précédée par le lancement de la campagne internationale pour le soutien et la libération des détenus sahraouis dans les geôles marocaines
C’est le secrétaire général de l’Union de la jeunesse du Polisario, Moussa Selma, qui est chargé de coordonner cette campagne et sa promotion dans plusieurs pays, où il est question de faire connaître au monde la véritable nature de la répression de l’occupant et mettre fin au mutisme de l’ONU et des grandes puissances face aux massacres des sahraouis, victimes des mines anti-personnel et des bombes enfouies aux abords du mur».
Entre temps, l’affaire des 29 prisonniers politique enfle. Le comité sahraoui de suivi a estimé, cette semaine, que leur état de santé est «critique et alarmant». En effet, des prisonniers politiques sahraouis sont en grève de la faim depuis le 18 mars dans le pénitencier de Salé (Rabat), alors que 19 autres dans la prison marocaine de Tiznit observent depuis 13 jours déjà une grève de la faim illimitée en guise de solidarité avec leurs compagnons dans la prison de Salé pour le respect de leur dignité en tant que détenus politiques.
Ça bouge en Europe
Une première réaction européenne est obtenue. A partir de Bruxelles, le ministère des Affaires étrangères d’Allemagne a dit suivre de près la situation des défenseurs des droits de l’homme sahraouis emprisonnés. «Nous suivons de près l’évolution de la situation par le biais de notre ambassade à Rabat, et nous avons également inclus le sujet à l’ordre du jour de nos réunions bilatérales avec l’ambassadeur du Maroc à Berlin», a affirmé le secrétaire d’Etat allemand aux affaires européennes, Werner Hoyer, dans une réponse écrite qu’il a adressée à des députés allemands, représentant certains groupes politiques qui composent le Parlement national allemand «Bundastag». Interrogé au sujet des actions envisagées par l’Allemagne pour protéger les droits de l’homme au Sahara occidental, le responsable allemand affirmera dans cette lettre, reçue à Bruxelles à la Délégation sahraouie en Europe, qu’«au niveau de l’Union européenne, le gouvernement fédéral a également fait un grand effort pour mettre la question des droits fondamentaux des peuples et des droits de l’homme, en particulier au Sahara Occidental, dans l’agenda de travail».
A signaler, dans le cadre de cette dynamique, que l’ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW) a demandé au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de souligner notamment la nécessité d’adapter le mandat de la Minurso pour qu’il inclue les droits de l’homme dans le rapport sur la situation au Sahara occidental qu’il doit présenter durant le mois d’avril en cours au Conseil de sécurité. «Il a été largement démontré que la population civile du territoire non autonome du Sahara occidental est l’objet de diverses atteintes aux droits humains, comme la détention arbitraire, les coups et les tortures», écrit l’ONG internationale, implantée dans 35 pays, citée par l’agence de presse sahraouie.
En parallèle, la Task Force de la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) a lancé jeudi, à Bruxelles également, un appel urgent pour attirer l’attention de l’opinion publique belge et européenne sur la «situation précaire» des prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim. Dans cet appel, signé par son président, Pierre Gallant, la Task Force exprime également sa solidarité pour la cause du peuple sahraoui, afin d’«appuyer sa demande légitime pour la réalisation immédiate de son droit à l’autodétermination».
Cette série d’actions, la dernière en date, s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne que mènent les Sahraouis qui ont choisi la voie politique et diplomatique pour contrecarrer un plan d’autonomie qui fait l’impasse sur leur droit à l’autodétermination. Mais plus encore, elles visent à montrer à la communauté internationale l’infaisabilité d’un Sahara occidental sous domination marocaine, laquelle est montrée du doigt comme brutale et irrespectueuse des droits de l’homme.
Les Débats
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