C’est connu, une ceinture est faite pour être serrée. La France va devoir ajouter un trou à la sienne pour éviter d’être taxée de plus mauvais élève de l’Europe. Fini le temps des berlines de luxe, des jets privés, des petits-fours et de la boîte de cigares à 12 000 euros. Les dépenses, tous gâchis confondus, devront être réduites drastiquement.
Ne serait-ce que pour que la Ve République puisse faire oublier la facture salée de sa présidence de l’UE ? Etudiants, aides à domicile, handicapés adultes… sont «sommés» de travailler plus et de bouffer moins ; l’Etat français risque de se faire taper fort sur les doigts s’il ne parvient pas à faire 40 milliards d’économies d’ici l’an prochain.
L’affaire n’est pas du tout mince, Grecs, Espagnols et British passent leur temps à parler d’austérité. Bienvenue au club : les Français sont à leur tour appelés à se tenir aux côtés de leur Etat que l’opposition accuse d’avoir appauvri le peuple par, en autre, le maintien du bouclier fiscal… en or. Si toutes les nouvelles dispositions limitatives pouvaient rapporter à la France quelque chose comme 14 milliards de dollars, où ira-t-elle chercher le reste ?
Elle peut toujours compter sur la relance, mais celle-ci risque également de ne pas être au rendez-vous. Il faut se serrer la ceinture et au plus vite, ce n’est pas du tout certain que l’appel niçois de Nicolas Sarkozy à ses partenaires africains pour sauver le Vieux Continent d’une mort certaine ait été reçu cinq sur cinq.
Du fait que le fabuleux siège au Conseil de sécurité de l’Onu n’a pas semblé avoir bercé grand- monde sur le continent noir. Quant au contrat de confiance qu’offrirait l’UPM, au-delà du dragage des ports de Méditerranée, il n’aurait fait qu’allonger la liste des dépenses extravagantes de l’Elysée sous le dôme du grand palais parisien.
Les erreurs du passé se corrigent aujourd’hui dans l’urgence et avec l’amabilité patriotique des Français qui n’avaient nullement besoin de 94 millions de vaccins contre la grippe aviaire que Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé, avait commandés sous le poids du catastrophisme d’une poignée de biologistes émérites.
Trop c’est trop, ne cesse de s’écrier l’opposition de gauche, la France ne peut plus continuer de marcher sur la tête. Si la réduction des dépenses de l’Etat ne peut qu’être appréciée, elle l’est beaucoup moins quand elle est associée à la «punition collective» que doivent subir les Français malgré eux.
Le débat s’annonce vif à l’Assemblée nationale française où le parti socialiste décèle plus d’une diversion que la majorité présidentielle pratiquerait à outrance.
Car, au palais Bourbon, l’affaire Woerth continue de faire trembler les bancs. Restriction oblige, les rédacteurs de l’Elysée ont même dû reprendre leurs stylos à bille pour démentir l’information selon laquelle le président Sarkozy aurait bénéficié de remises d’argent en espèces de la part de l’héritière de l’Oréal.
Ce, pour les besoins de sa campagne présidentielle. Le débat sur les nouvelles restrictions budgétaires et celui concernant l’interdiction du voile intégral parviendront-ils à passer sous silence ce qui est connu pour être une gestion bling bling des affaires de la Ve République ? Pas si certain qu’une intervention publique de Nicolas Sarkozy aiderait à desserrer la ceinture anticrise.
Le Temps d’Algérie, 7/7/2010
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