Par Mohamed Abdoun
Il est des hommes dont le destin semble être de ne sortir d’un travers, un œil du cyclone, que pour en chercher un autre, plus prenant encore. Tel semble être le cas du président français. Alors même qu’il n’en a même pas fini avec ses scandales à répétition, ses ministres démissionnaires, sa réforme de la retraite et la protesta sociale qui va avec, sa crise interne ainsi que celle de l’euro, voilà qu’il vient de se mettre dans un pétrin encore plus aventureux que tous les autres.
Quelle mouche a bien pu piquer le locataire de l’Elysée pour inviter pas moins de 13 chefs d’Etats africains, tous à la tête d’anciennes colonies françaises, allant jusqu’à faire défiler leurs troupes dans les champs-Elysées, tout cela le jour de la fête nationale de son pays.
Une pareille maladresse diplomatique, qui n’a absolument pas pu lui échapper, même s’il a dû se séparer de certains de ses conseillers à cause de son plan d’austérité, représente la preuve formelle que Sarkozy veut faire plus fort encore que tous les autres chefs d’Etat qui l’ont précédé à la tête de la Cinquième République.
La France, en agissant avec ses anciennes colonies comme s’il ne s’agissait que de petits Etats vassaux, veut faire renaître de ses cendres le vieux concept de » France-afrique « , afin de reprendre le contrôle d’un continent qui n’aspire qu’à son émancipation et un développement plus harmonieux.
Or, il est évident que ces quêtes ne peuvent en aucune manière être trouvées chez les Français. Non plus chez les Européens. Pendant de trop nombreuses années, les richesses naturelles de l’Afrique ont systématiquement été pillées par l’Occident. Aucun développement ne lui a été permis, simplement parce que c’est l’Occident qui » choisissait » les chefs d’Etat, fomentant les complots et les putschs au gré des choix des rois du moment. Famines, épidémies, guerres civiles, génocides, ont été le lot d’un continent pourtant riche de ses hommes, de sa terre et de son sous-sol.
Aujourd’hui, le continent noir se démocratise. Ses dirigeants, de plus en plus, se préoccupent des besoins urgents de ses populations. Des coopérations, jusque-là impensables, se développent avec des pays qui ont beaucoup à donner, comme la Chine, la Russie, et même l’Iran.
En clair, le geste de Sarkozy, qui a eu le chic de déclencher une autre salve de critiques et de réprobations en France et en Afrique même, ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau.
La France a attendu bien trop longtemps pour essayer de se racheter. Or, le train de l’histoire n’attend personne…
Editorial : Nostalgie colonialiste
La Tribune des Lecteurs, 14/7/2010
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