mercredi 14 juillet 2010
L’ancien wali et ex ministre M Isselmou Ould Abdel Kader a présenté récemment, un riche exposé sur les relations franco-mauritaniennes au cours de toutes ces dernières années, s’efforçant de lever les zones d’ombres sur des liens qui, de l’avis des politiciens, sont toujours restés mitigés, se faisant plus sur le compte de la Mauritanie que dans la servitude de ses intérêts comme ex-colonie. Ci-après, l’intégralité de cet exposé, intitulé « aperçu sur l’évolution des relations mauritano-françaises » :
1. Intérêt du sujet dans le contexte actuel.
La Mauritanie s’apprête, comme la plupart des pays africains, à s’arrêter, cinquante ans après leur indépendance, pour évaluer un parcours auquel la France est mêlée de près ou de loin, tout au moins en ce qui concerne l’Afrique francophone.
Il s’agit aussi de faire aujourd’hui, 12 juillet 2010, une rétrospective sur l’évolution des relations entre la France et la Mauritanie à la veille de l’anniversaire de la prise de la Bastille. C’est presque un devoir de rappeler à ceux parmi les Français qui l’ont malheureusement oublié, ce message universel de dignité et de liberté.
Les rapports franco-mauritaniens ont suscité peu de débat depuis l’accession de la Mauritanie à la souveraineté internationale. La contribution de la France à la genèse du nouvel Etat National, puis à sa consolidation et à sa défense, a toujours été reconnue par la majorité des Mauritaniens, y compris les plus extrémistes d’entre eux.
Mais depuis le coup d’Etat du 6 aout 2008 contre le premier président démocratiquement élu, des inquiétudes se sont manifestées. De vastes pans de la société et la plus grande partie de son élite ont exprimé leur crainte même de voir les relations entre les deux pays, subir une certaine « affairisation » pouvant leur porter préjudice à court et moyen termes.
L’opposition qui regroupe de larges milieux traditionnellement francophiles, accusent le gouvernement de M. Nicolas Sarkozy, d’avoir porté au pouvoir et soutenu le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Elles soupçonnent même certaines autorités françaises d’avoir, moyennant des avantages bien partagés, sous-traité cette mission en employant des agents de ce qu’on appelle la Françafrique.
Le contexte mauritanien se prête actuellement à des amalgames et des malentendus qui peuvent assombrir les relations entre les forces vives du pays. Ces ambigüités sont dangereuses au cas où la diplomatie mauritanienne continue de patauger dans ses incohérences.
Loin d’être le résultat d’une recherche documentaire soutenue, ces quelques lignes ont pour modeste ambition d’introduire le débat sur le passé, le présent et l’avenir des rapports entre la Mauritanie et la France. Pour rafraichir la mémoire, nous avons joint à la présente note, une liste des principaux événements de l’histoire contemporaine de la Mauritanie.
2. Les principaux enjeux des étapes de l’histoire du pays.
La Mauritanie a été taillée dans un vaste ensemble humain et culturel ayant de nombreux rapports avec son environnement et formant une entité hétérogène aux contradictions potentielles faciles à utiliser à des fins de déstabilisation.
En dépit son caractère éphémère que renforce sa faible densité démographique, la Mauritanie a pu donner d’elle, grâce au charisme de ses premiers dirigeants, une idée sans rapport avec la dimension réelle de ses ressources. Ce fut pendant 20 ans, l’époque d’une grande ambition à laquelle mit un terme, en 1978, le premier d’une série de coups d’Etat militaires qui continue jusqu’à nos jours. Cette période initiale avait suffi, à forger un type de mauritanien à la fois assoiffé de changement et de liberté mais aussi versatile et capable d’une soumission sans limite.
L’acquis de cette époque a été très important malgré tout. Le pays s’est doté d’une élite imbue d’une éthique héritée d’une hiérarchie sociale ancienne mais rassurante, un secteur économique faible mais construit sur de solides bases éthiques et un groupe de bons cadres issus d’un système d’éducatif performant.
Ce qui intéressait l’ancienne puissance administrante dans un premier temps, c’était de voir les Mauritaniens apprendre à gouverner un Etat National à peine sorti des ruines des entités émirales qui se livraient la guerre avant la pénétration coloniale. La France disposait en plus des mines de fer et empêchait le Maroc de s’adjoindre son ex-colonie et de s’étendre jusqu’aux portes du continent noir.
L’histoire du pays se subdivise en quatre étapes dont les objectifs centraux ont différé tout en ayant pour toile de fond commune, le souci d’un équilibre entre plusieurs exigences contradictoires.
De 1960 à 1978, ce fut un enjeu existentiel ou construction de la charpente d’un Etat et le parachèvement de ses attributs. La recherche d’une correspondance entre les espaces humains et territoriaux pour cette nouvelle entité a échoué avec l’aventure visant l’annexion du Sahara.
De 1978 à 1992, on a assisté à l’aiguisement des antagonismes identitaires avec la naissance des mouvements nationalistes arabes et négro-africains. S’y ajoutèrent les actions de renforcement de l’identité islamique de l’Etat, les questions linguistique et foncière, les questions relatives aux rapports du pays avec ses ancrages nord et sud et au conflit interethnique à l’intérieur de l’Armées etc.
De 1992 à 2005, l’enjeu essentiel a été la répartition de la rente économique du Pouvoir, avec le triomphe du libéralisme, la manne des bailleurs de fonds et l’élargissement spectaculaire de la couche moyenne, notamment grâce au développement du secteur informel et à la spéculation foncière
De 2005 à nos jours, on pourrait craindre que l’enjeu principal du Pouvoir soit un contrôle de toute l’économie pour la protection de ressources d’origine douteuse. Ou étrangère.
3. Principaux coups d’Etat en Mauritanie, enjeux et traits communs.
Les coups d’Etat que la Mauritanie a déplorés ont été plus ou moins liés aux enjeux évoqués plus haut.En 1978, la guerre du Sahara avait commencé à menacer l’existence du pays. L’Armée était essoufflée pour de nombreuses raisons qu’il serait superflu de mentionner.
La France ne pouvait ni continuer à soutenir la Mauritanie en donnant à l’Algérie un alibi pour internationaliser le conflit, ni laisser le Maroc assumer cette tâche et ouvrir des perspectives géostratégiques touchant les intérêts français. Quelles qu’aient été l’affection et l’admiration qu’on avait pour le Président Moktar Ould Daddah – et les méritait- le coup d’Etat de 1978 fut salutaire pour la Mauritanie.
Cette action pouvait avoir lieu sans aucun appui extérieur, mais en étant menée uniquement par d’autres officiers- et c’est toujours le danger dont on ne tient pas souvent compte- elle engendrerait de graves conséquences pour la Mauritanie. Ce n’est pas seulement le risque de dérapage d’un nationalitarisme incontrôlé qu’il aurait fallu craindre, mais aussi celui de la guerre d’influence entre les voisins du nord.
La France l’avait bien compris en envoyant cinq semaines avant le 10 juillet, date du putsch le conseiller pour les affaires africaines du président Giscard d’Estaing pour s’informer de la situation. En 1979, la France avait laissé le colonel Bouceif éliminer Moustapha Ould Mohamed Salek après avoir écarté le comandant Jeddou Ould Salek réputé proche du groupe bassiste. Puis l’élimination de Bouceif qui s’était avéré sympathisant du Maroc avait été opérée de la manière qu’on connait.
Après son accident d’avion Bouceif fut remplacé par Mohamed Khouna Ould Haidala qui, aux yeux de la France, était le seul à avoir non seulement l’audace mais surtout le désir de faire replier du territoire mauritanien, les bases militaires marocaines. Ni Viah Ould Mayouf, ni Mohamed Mahmoud ould Ahmed Louly, ni Ahmed Salem Ould Sidi, ni Cheikh Ould Boidda Mohamed Ould Abdel Kader qui étaient tous plus gradés que Haidala, n’auraient eu une réelle motivation à chasser les troupes chérifiennes.
En 1984, le pays était délabré au terme d’une gestion chaotique. Beaucoup de Mauritaniens étaient en prison ou en exil. Dés mains étaient coupées en application de la charia, des femmes lapidées sur la voie publique, des analphabètes en procédure étaient recrutés comme magistrats, des profanes transformés en gestionnaires des populations, des lois sans aucun rapports avec la réalité historique, culturelle et sociale étaient promulguées.
Il fallait mettre fin à cette dégradation de l’Etat et à sa ruralisation systématique qui aurait pu être plus dangereuse n’eût été l’intégrité morale de Mohamed Khouna Ould Haidala, à l’époque chef de la junte militaire. Ce ne fut un secret pour personne que le Général Jano Lacaze, chef d’Etat Major de l’Armée française, avait tout arrangé avec Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, auteur du coup d’Etat du 12 décembre 1984.
En 2005, le régime de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya était essoufflé par vingt ans de pouvoir sans partage. Le système démocratique était en panne à cause du manque de réformes politiques dont l’Etat avait urgemment besoin. L’appareil de l’Administration à tous les niveaux était rongé par la corruption, la prévarication, le clientélisme, le népotisme et tous les autres maux qui tuent même les Etats solides. Depuis la tentative de prise de pouvoir du 8 juin 2003, on commençait à avoir peur de voir l’Armée se scléroser et se transformer en milices.
Tous ces coups d’Etat ont eu des traits communs qui rassuraient plus ou moins les Mauritaniens en percevant derrière eux une main qui leur a toujours inspiré confiance malgré tout :
Tous les coups d’Etat auxquels la France était jusqu’ici mêlée et qui avaient réussi, répondaient à une nécessité urgente de déchoir un régime en déficit de légitimité ou se trouvant dans l’impasse. Or, en 2008, le régime de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi n’était ni dans la première situation ni dans la seconde.
Les initiatives de putsch étaient prises par les militaires les plus gradés et les plus connus. Le coup d’Etat de 2005 fut fomenté par des officiers qui n’étaient pas les plus en vue et avait donné lieu à l’arrestation et à la radiation des chefs d’Etat Major de tous les corps.
Les ordres émanait du siège central des Forces Armées alors que cette fois-ci ce fut une unité formée hors de la grande muette qui avait à elle seule déposé le régime.
Aucun des autres putschs qu’il y avait e depuis 1978, n’a suscité une opposition aussi forte que celui de 2008.
Monsieur Bertrand Fessard de Foucault ajoute à juste titre une cinquième différence de taille tenant à ce que jusqu’en 2005, la présidence de la République française n’a pas – envers l’Afrique –d’intermédiaire hors organigramme, et que la structure décisionnelle correspond à la structure d’Etat.
4. Le coup d’Etat de 2008 : comment Ould Cheikh Abdellahi a été déstabilisé ?
La stratégie utilisée pour déstabiliser le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, premier président mauritanien démocratiquement élu, a consisté en plusieurs étapes.
Nommé général et responsable de toute la sécurité du pays Mohamed Ould Abdel Aziz pouvait créer ou laisser se créer de graves lacunes dans le système. Ce sont ces failles qui ont permis aux criminels d’assassiner les touristes français à Aleg en décembre 2007. Plusieurs questions demeurent posées à propos de cet accident et incitent à formuler des hypothèses de complicité avec les terroristes à des niveaux insoupçonnables.
Les services secrets français auraient tenté d’accréditer la thèse selon laquelle M. Sidi Ould Cheikh Abdellahi serait un intégriste. Pourtant, après son coup d’Etat, le général Ould Abdel Aziz s’est révélé plus proches des milieux intégristes musulmans si l’on en juge par ses rapports chaleureux avec les dirigeants extérieurs et intérieurs du mouvement islamiste. Sa sainteté l’Imam de la Grande Mosquée de Nouakchott le déclare champion de la lutte contre l’islamisme parce qu’il accorde une place prépondérante aux oulémas et à l’Islam.
Il restait à convaincre certains pays méditerranéens de la nécessité d’un coup d’Etat en Mauritanie après leur avoir donné l’impression que ce pays était devenu un passoir vers les côtes européennes, comme si Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi était le garde-côte à incriminer. Les conditions auraient été réunies pour faire endosser la responsabilité de renverser un président démocratiquement élu.
Après avoir saboté le système de sécurité et présenté Sidi Ould Cheikh Abdellahi comme un intégriste tout en qualifiant son régime de passoire, il ne restait plus qu’à susciter un ouragan dans l’Assemblée Nationale pour maquiller l’entreprise d’un verni constitutionnel. L’on peut comprendre que M. Nicolas Sarkozy ne connaisse pas la Mauritanie comme elle l’aurait souhaité.
Nous ne l’excuserons pas pour autant d’avoir fait confiance à certains hommes dont la compétence et la moralité sont, pour le moins sujette à caution. Pour celui qui a déjà observé la Mauritanie, M. Sidi Ould Cheikh Abdellahi est la dernière personne à pouvoir être fondamentaliste musulmane. Fils de grand cheikh de la soufia, il est soufi lui-même de naissance, de conviction et d’occupation quotidienne.
Pour celui qui connait l’islam, le soufisme est le plus redoutable ennemi du wahhabisme dont L’imam Khomeyni avait dit un jour qu’il vide l’Islam de toute sa spiritualité. Toute personne imbue de culture africaine sait que la confrérie Tidjaniya qui domine toute l’Afrique Occidentale, repose sur une dimension presque exclusivement spiritualiste qui ne saurait survivre à la sécheresse du wahhabisme.
Nous avons observé Sidi Ould Cheikh Abdellahi depuis son éviction du pouvoir et nous n’avons constaté aucun contact entre lui et la formation islamiste Tawassoul qui a d’ailleurs choisi de soutenir le camp d’Ould Abdel Aziz. Par contre, le président déchu pour raison d’intégrisme wahhabite a fait plusieurs fois le pèlerinage à Kaolack, pour se recueillir sur le tombeau de son Maitre confrérique, le sénégalais Cheikh Ibrahima Niass. Or, ce geste constitue aux yeux des intégristes de toute obédience un sacrilège impardonnable.
Telles sont les étapes suivies par les conseillers occultes de certaines chancelleries pour replonger la Mauritanie dans la nuit dont elle sortait à peine après trente ans de dictature militaire. Etait-ce pour l’intérêt de la France ? Lequel ?
5. L’ingérence française ?
En lisant ces quelques lignes, certains diront que je suis allé vite en besogne en établissant sans preuve l’ingérence de la France dans le coup d’Etat contre la démocratie en Mauritanie. Peut-être ont-ils raisons, mais ils ne sauront nier certains faits parlants.
Monsieur Robert Bourgi dont tout le monde connait la place dans le système de sarkozien de gestion des relations avec le continent africain, sert d’assistant permanent de l’Elysée auprès de Mohamed Ould Abdel Aziz.
M. Bourgi s’est affiché aux meetings du général candidat et élu domicile chez l’homme d’affaire qui soutient à fonds perdus Mohamed Ould Abdel Aziz.. En étant d’origine libanaise, témoin de la concurrence que les commerçants mauritaniens ont livrée aux siens dans toute l’Afrique Occidentale, Maitre est susceptible d’avoir peu d’affection pour certaines personnalités de l’opposition qui ont soit réclamé, soit créé la monnaie mauritanienne.
Cette dernière fut en partie à l’origine du départ de Nouakchott de nombreuses entreprises libanaises.
Au milieu de la crise qui a secoué tout le pays pendant un an, consécutivement au coup d’Etat, les conseillers militaires de l’Ambassade de France faisaient la navette au grand jour entre leur bureau et celui de Mohamed Ould Abdel Aziz. Les experts militaires français formaient et encadraient les unités chargées de la sécurité directe de l’auteur du putsch le plus contesté de l’histoire africaine.
Durant toute la crise, la diplomatie française s’est déployée pour orienter les événements et la communauté internationale dans l’intérêt de la légitimation du putsch.
Certains membres du gouvernement français de passage à Nouakchott, se font accompagner de ministres mauritaniens pour être reçus officiellement par des hommes d’affaires mauritaniens.
La Mauritanie accueille sur son territoire des troupes françaises qui stationnent tant au Nord du pays qu’à Nouakchott. Or cette présence n’a fait l’objet d’aucun accord entre les deux pays. Du moins, le Parlement mauritanien n’en a jamais discuté et les Français semblent l’ignorer également si l’on croit le quotidien « le Monde » du 1er juin 2010 qui ne mentionne pas la Mauritanie parmi les points de stationnement des troupes françaises en dehors de la France.
La Mauritanie a besoin d’autres choses que les armes et les troupes étrangères, à moins qu’on ne veuille la transformer en champ magnétique attirant tous les terroristes de la sous-région. Elle fait face à des problèmes sérieux qu’il faut urgemment réparer et risque de payer cher ses errements diplomatiques à la recherche de légitimité à tout prix.
6. Le contexte mauritanien : des ruptures et des schismes.
Le coup d’Etat du 6 aout 2008 est intervenu dans un contexte mauritanien qui continue d’être marqué par trois ruptures douloureuses que toutes les forces politiques du pays doivent prendre en considération.
Les générations de cadres qui ont suivi une formation adéquate, ont quitté la Fonction Publique. Leur remplacement n’a fait l’objet d’aucune planification, si bien que le nouveau corps des fonctionnaires est formé d’agents ignorant les principes du service public et ne répondant pas aux exigences professionnelles requises.
Le pays disposait d’un bon nombre d’officiers sortis des grandes écoles militaires. Mais les coups d‘Etat successifs et les purges qui les ont suivies, sont sensés avoir causé un préjudice considérable à la qualité de l’encadrement de l’Armée.
L’élite économique connaît, elle aussi, une crise profonde. Les anciens hommes d’affaires attachés à une éthique indispensable en matière d’accumulation du capital financier, sont menacés de dépôt de bilan devant l’entrée massive de capitaux blanchis.
La dépréciation de l’environnement institutionnel, administratif et éthique est d‘autant plus grave que des antagonismes latents risquent de mettre en cause la cohésion sociale et nationale du pays.
Partout dans le pays, surtout dans la région de la Vallée du Fleuve, la dynamique de l’appropriation privative de l’espace utile engendre des conflits qui ne sauraient être résolus que dans le cadre d’une gestion décentralisée des ressources naturelles et d’une politique cohérente d’aménagement du territoire. Or, ces conditions ne peuvent être réunies que par un régime démocratique, capable d’organiser le consensus national.
La Mauritanie vient de sortir officiellement du système de l’esclavage grâce à une loi promulguée par M. Sidi Ould Cheikh Abdellahi en 2008, et ayant pour but de criminaliser cette pratique. Cette décision ne suffit pas pour chasser la fumée de ce phénomène et éradiquer ce qui en reste. Il faudrait nécessairement traduire cette loi en textes législatifs complémentaires supprimant toutes les sources d’inégalités qui demeurent encore aux plans foncier, pastoral et social.
Le conflit culturel entre arabo-berbères et négro-africains a connu un apaisement sous le régime de Sidi Ould Cheikh Abdellahi qui a décidé de faire revenir les réfugiés noirs expulsés vers le Sénégal et le Mali en 1989. Il reste néanmoins à régler le reste de ce passif humanitaire.
On le constate, la faiblesse des ressources humaines face aux problèmes qui se posent au pays n’a d’égal que le tiraillement dont il est l’objet comme tout territoire qui menace de disparaitre. La diplomatie mauritanienne est actuellement le champ privilégié des paradoxes. Les prouesses les moins surprenantes consistent à mettre dans le même panier MM. Ahmedy Nejad et Nicolas Sarkozy, Hugo Chavez, Oumar El Béchir, Mouammar Kaddafi, Abdoulaye Wade etc.
Les narcotrafiquants afro-latino-américains intègrent la Mauritanie dans leur empire grâce à la françafrique proche de leurs groupes installés sur la côte ouest africaine pour installer en Guinée Bissau, au Sénégal et en Mauritanie des gouvernements à leur guise.Dans ce circuit, notre pays est le point le plus stratégique parce qu’il permet de mélanger l’encens des armes, l’arome de la cocaïne et la fumée de la cigarette.
Mais il n’y a pas que les intérêts matériels qui font courir ceux qui cherchent à faire de la Mauritanie, un laboratoire pour leurs délices ou leurs folles idées. Certains courants idéologiques orphelins cherchent à trouver un pays à faire sombrer et un dirigeant à sacrifier en la personne de Mohamed Ould Abdel Aziz. L’homme ressemble bien à d’autres qui ont été ou sont encore admirés pour leur faculté d’improviser les spectacles.
Même le chiisme s’investit chez nous, bien que nous soyons une chasse-gardée du sunnisme malékite. Le chiisme commence à se répandre au Sénégal. En Mauritanie, les éléments prétendant être de descendance chérifienne, ont déjà mis en place une large association dénommée Al Elbeit ou famille du Prophète Mohamed (psl). Cette association a pour but de servir de relation organisationnelle avec les dirigeants spirituels iraniens.
La plus importante force demeure cependant la Françafrique qui semble avoir retrouvé sa virginité et ses beaux jours en Mauritanie grâce à l’esprit fort charitable de certains éléments de l’équipe actuellement réunie autour de M. le Président Nicolas Sarkozy.
7. Les grandes priorités du moment.
Si la France tient à préserver ses intérêts à long terme et restaurer son image en Mauritanie, du moins celle de ses principaux dirigeants actuels, elle doit se ressaisir d’urgence et revoir intégralement son approche en matière de coopération avec ce pays. Son influence, si elle en a encore doit se focaliser sur la prise en compte des priorités consistant à
améliorer la démocratie mauritanienne, en particulier aux plans des procédures électorales, de la protection des libertés et des droits humains.
mettre en place un système efficace de contrôle pour garantir la transparence en matière de gestion des ressources pétrolières, minières, financières et humaines.
définir la place de l’Armée dans le dispositif institutionnel de manière à en faire une institution républicaine située loin de la scène politique.
définir une stratégie de mobilisation pour assurer la sécurité du pays et contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme, en coopération avec tous les pays amis.
définir une stratégie de lutte contre l’immigration clandestine et de contrôle du séjour des étrangers sur le territoire mauritanien.
En Mauritanie, la préservation et la consolidation des acquis démocratiques sont la priorité des priorités. Toutes les forces politiques proches ou éloignées du Pouvoir en place doivent percevoir cette réalité et en tenir compte dans la recherche de formule permettant à chacune de bien jouer le rôle qui doit être le sien dans une démocratie.
Le problème qui se pose est de savoir si la Françafrique peut s’accommoder de ce système en Afrique dont elle traite les peuples de sauvages et de génétiquement incapables de tolérance. C’est une vieille théorie que certains idéologues néocolonialistes propagent pour maintenir sur le continent noir des régimes corrompus qui échappent au contrôle parlementaires et judiciaire.
Les Mauritaniens ne sont pas opposés à des relations privilégiées avec la France. Cependant ils sont et ils seront toujours contre une coopération affairiste, passant au dessus des institutions des deux pays, une coopération par des voies et des procédés officiels et non à travers les valises insolites.
Au plan militaire, une assistance réellement protectrice, doit être conçue dans un cadre conventionnel clair, approuvé et contrôlé par les structures représentatives des deux peuples.
Sans cela, une présence militaire exposerait les fils des Françaises et des Français à de graves dangers. Les Mauritaniens les considéreront comme un corps qui leur est imposé et ne sauront distinguer entre des troupes de l’Armée française et des mercenaires au service du régime ou de l’un de ses supporteurs privés.
Principaux événements de l’histoire contemporaine de la Mauritanie :
Le premier contact direct entre l’entre les habitants d l’espace mauritanien actuel et la puissance coloniale a lieu le 16 juin 1898, à Bassikounou où débarque un escadron de l’armée coloniale venant de Mopti.
Le 2 juin 1902, débarque dans la zone de Rkiz le premier élément de l’’expédition de l’armée coloniale française.
Le 5 mai1905, un groupe de mauritaniens sous la direction de Sidi Ould Moulaye Zein assassine à Tidjikja Xavier Capolani, chef de l’expédition.
En 1920, le territoire de la colonie mauritanienne est créé 1946, Horma Ould Babana est élu député de la Mauritanie 1958, admission de la Mauritanie au régime de l’autonomie interne
Mars 1959 première Constitution du pays, consacrant un régime parlementaire
28 novembre 1960, la naissance de l’Etat indépendant de la République Islamique de Mauritanie.
1961, deuxième Constitution du pays adoptant u régime présidentiel renforcé.
1963, renonciation de la Mauritanie à la subvention d’équilibre budgétaire accordée par la France
1972, révision des accords de Coopération Militaire avec la France.
1973, création par la Mauritanie de sa monnaie nationale
1974, nationalisation de la société des Mines de Fer de Mauritanie (MIFERMA)
1975, la Mauritanie à Madrid un accord de partage du Sahara Occidental avec le Royaume du Maroc.
Juillet 1978 coup d’Etat contre Moktar Ould Daddah, le premier président due la République.
6 avril 1979 coup d’Etat contre le colonel Moustapha Ould Mohamed Salek et arrivée du colonel Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly.
4 janvier 1980 coup d’Etat contre le colonel Louly et arrivée du colonel Mohamed Khouna Ould Haidala qui supprime la dualité Président du Comité Militaire dirigeant et du premier Ministre.
18 décembre 1980 nomination d’un premier Ministre civil en la personne de Sid Ahmed Ould Bneijara.
16 mars 1981, tentative de coup d’Etat sanglante menée par le colonel Mohamed Ould Abdel Kader, soutenu par le Royaume du Marocain
25 avril 1981 Bneijara est déposé et remplacé par le colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya.
1981 tentative de coup d’Etat menée par le colonel Moustapha Ould Mohamed Salek appuyé par les éléments du Parti Bath de Mauritanie
12 décembre 1984, coup d’Etat de Maaouiya Ould Taya contre le colonel Haidala.
1987, tentative de coup d’Etat menée par des éléments halpular dont certains finirent par être condamnés à mort et exécutés.
1988, tentative de coup d’Etat menée par les officiers du parti Bath de Mauritanie. Suivie de purge de tous les corps de ces éléments.
17 juillet 1991, vote d’une constitution pluraliste
19 janvier 1992, élection de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, président de la République
8 juin 2003 tentative sanglante d coup d’Etat menée par des éléments en dehors de l’Armée.
3 août 2005, coup d’Etat contre Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya par le colonel Mohamed Ould Abdel Aziz.
18 avril prestation de serment de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi premier président démocratiquement élu.
président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi.
18 juillet 2009, élection du Général Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République.
Soyez le premier à commenter