L’édito de Sophiane Idjissa : L’ennemi stratégique

La souveraineté nationale est liée à la fois à l’indépendance ou à l’autonomie de la décision nationale et la capacité nationale à engager une politique de défense en comptant sur ses propres forces, à moins de s’insérer dans une alliance militaire. Encore faudrait-il avoir les moyens de sa politique, à savoir, des fonds permanents de financement de sa défense, une relative autonomie en matière d’entrée en possession des équipements militaires, et surtout une cohésion nationale assez soudée comme espace de défense. Mais des moyens de défense pour lutter contre qui ? Des moyens de défense pour quelle parade et contre quelle menace ? Si on examine le cas de l’Irak, les moyens de parade peuvent être conçus pour riposter et prendre l’initiative après l’achèvement de la phase d’occupation militaire sous forme de résistance, ce qui se fait actuellement, mais avec un prolongement vers la guerre civile. De plus en plus, une compétition ou une concurrence se déroule entre impératifs économiques et impératifs de défense. Que faut-il privilégier ? La question se pose également pour nos voisins maghrébins. Sans nul doute que pour le Maroc par exemple, dans sa propre perception, l’Algérie constitue son ennemi stratégique. Il s’équipe militairement en pensant qu’un jour ou l’autre, il aura à en découdre avec son voisin, puisqu’il persiste à croire ou à faire croire que c’est l’Algérie qui est son principal obstacle à la neutralisation des Sahraouis. Dans quelle disposition d’esprit se trouve l’Algérie par rapport à son voisin? Dans un espace géopolitique où sur la rive nord des pays sont intégrés dans un plan défense avec la conviction que l’ennemi se trouve ou peut se trouver en face, et où sur la rive sud, non seulement il n’y a pas d’accord de défense entre pays, mais en plus l’ennemi pourrait être le voisin frontalier, sans doute que le risque existe qu’entrent en concurrence les dépenses de développement et celles de défense.

La Nouvelle Tribune, 15/7/2010

Commentaire de Diaspora Saharaui :

La stratégie suivie par les dirigeants de Rabat pour neutraliser les sahraouis et annexer définitivement le Sahara Occidental consiste à prolonger le conflit indéfiniment et couper le souffle du combat sahraoui pour l’indépendance. Les appels constants du Maroc et ses alliés, la France et l’Espagne, demandant la réouverture des frontières ont pour but prolonger ce statu quo tout en mettant l’économie marocaine en état de résister à la persistance de ce statu quo.

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