Tamazgha : Mohammed 6 : un bilan catastrophique

Avertissement : Tout ce qui suivra est formellement contre indiqué aux âmes sensibles, personnalités fragiles et adorateurs du régime. Si vous êtes dans l’un de cas, ne lisez pas ce qui suit. Merci.
Pour résumer le retard cumulé :
IDH : En 1999 nous étions à la 112ème place avec un IDH de 0,596 lien, aujourd’hui, nous en sommes à la 131ème.
Corruption : En 1999 nous étions à la 45 ème position avec note 4,1. Il faut noter qu’au début de son règne, les corrompus s’étaient bien retenus ce qui nous avait valu la 37ème place en 2000 avec une note de 4,7. Une fois qu’ils se sont rendus compte de la réalité du bonhomme, ils se sont lâchés de plus belle ce qui nous amène au classement actuel : 80ème place avec une note de 3,5.
Un petit retour en arrière :
Nous savons que Hassan 2 avait hérité d’un pays prospère, premier pays de la région MENA pour en faire un jardin de jeu personnel à lui et à une minorité. Tous es chantiers indispensables au développement humain (éducation, santé et justice) ont été ignorés en faveur de l’assise de sa toute puissance. En dehors de l‘élimination de la résistance, de sa collaboration avec les français et les espagnols dans la destruction de l’ALN Sud décidée à libérer le Sahara et ce qui deviendra par la suite la Mauritanie, de l’abandon des frontières authentiques de l’est à l’Algérie, il s’est auto proclamé « sacré ». Dans les années 70 où la monarchie craignait pour sa disparition, il lui avait fallu créer une adhésion de tous avec l’affaire du Sahara alors qu’elle était acquise s’il n’avait pas trahi la résistance. Le commandeur des croyants premier producteur et importateur d’alcools dans le pays. Notre pays a connu sa période la plus noire. Il a fallu créer une nouvelle identité basée sur la reconnaissance aveugle de la monarchie en tant que seule représentation du dynamisme, de la modernité et autres qualificatifs flatteurs en flagrante contradiction avec les reculs enregistrés de jour en jour. Pour ce faire, toutes les exactions étaient permises et l’impunité totale garantie pour les suppôts du régime. L’enrichissement était devenu la seule ambition pour une bonne partie de l’élite à défaut de pouvoir réaliser les véritables chantiers de développement.
Rectifions certains points :
Beaucoup croient que c’est Mohammed 6 qui a ouvert le champ des droits humains. La réalité est que cela a commencé par Hassan 2 en début des années 90. Le catalyseur a été le livre de Gilles Perrault qui a montré la réalité de ce potentat sous son vrai jour. Certes, il avait continué à mentir, mais cela n’avait pas pris et il avait été obligé à l’ouverture. Ainsi, ont vu le jour, le CCDH (conseil consultatif des droits de l’homme) en 1990 avec une amnistie générale après quelques amnisties partielles, 2 révisions constitutionnelles en 92 et 96 (sans remise en cause de ses pouvoirs absolus), une amélioration des consultations électorales (les découpages sont devenus la règle), l’accès au gouvernement à l’opposition de gauche en 1998 et la création d’une commission « indépendante » d’indemnisations des victimes des violations des droits de l‘homme (avant l’IER).
Le roi, ses prérogatives et fonctions :
Le roi est mort, vive le roi. Un nouveau monarque que les quadras et quinquas connaissent depuis leur enfance. Un prince effacé, assez renfermé sur lui-même en comparaison à son petit frère très extraverti. Les équipes de communication ont tôt fait de profiter de cette image pour le désigner comme un roi sympathique avec le titre de « roi des pauvres » inondant le pays d’images (voitures de luxe et Jet Ski comme l’écrasante majorité du peuple marocain) pour casser l’image du père sévère et intraitable préoccupé uniquement par l’enrichissement personnel et son narcissisme sans limite. Force est de constater aujourd’hui qu’il a largement dépassé le père en matière de pompage de deniers publics et d’enrichissement personnel, mais nous reviendrons sur l’ensemble de son œuvre en détail. Il est ainsi le premier agriculteur, premier industriel, premier banquier, premier assureur…etc. A l’instar du père, il s’est exonéré des impôts lui et cette minorité de propriétaires terriens ce qui est une traitrise de contribuable et ce qui continue à conforter tous les fortunés à ne pas payer ce qu’il doivent à la nation, étant tous au-dessus de la loi.
Ses prérogatives constitutionnelles sont totalement délaissées. Tout ce que dit la constitution (dont il est le garant de l’application) n’est respecté que pour ce qui est de la personne du roi et de ses pouvoirs. Je donne 3 exemples :
– En tant que président du conseil supérieur de la magistrature, il n’a pas sanctionné les magistrats, pourtant bien connus, qui ont défrayer la chronique en matière d’injustices. Il a même été jusqu’à gracier certaines personnes mais sans revenir sur les exactions dont elles ont fait l’objet ce qui exclue de facto le fait qu’il n’en soit pas au courant.
– En tant que chef de l’exécutif, il se doit de présider le conseil des ministres. Je n’ose même pas rappeler le nombre de fois où il l’a fait ce qui prouve que le gouvernement affiché en devanture est loin de représenter réellement la gouvernance du pays. Tout se décide au palais et les moutons se doivent de suivre.
– En tant que garant du respect de la constitution, nous avons vu sa propre famille (oncle puis tante) commettre l’innommable en toute impunité alors que notre constitution stipule que « la loi est l’expression suprême de la nation. Nul ne peut s’y soustraire ».
L’œuvre royale :
Dès les premières années de son règne il a communiqué sur le potentiel humain comme vecteur de véritable développement (ce que même les plus ignares savent) pourtant les chantiers majeurs que sont la justice, l’enseignement et la santé sont les abonnés absent dus 10 ans de règne. Ainsi nous avons assisté à différentes annonces extraordinaires pour le Maroc qui n’ont rien amené de tangible sur le développement humain. Pire encore, depuis 1999, le recul est manifeste puisque nous sommes passés de la 112ème à la 126ème place mondiale. Ainsi nous avons vu émerger :
– Le nouveau concept de l‘autorité qui n’a rien changé à la réalité puisque le mode de gouvernance n’a pas changé
– La création de la fondation Mohammed 5 pour a solidarité (du vol manifeste d’argent et de compétences qui auraient dues être dévolue aux ministères concerné) pour se démarquer du gouvernement et montrer qu’il n’y a que la monarchie qui travaille.
– L’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) alors que les prénoms amazighs continuent à être interdit, encore moins la réalisation des véritables revendications des amazighs
– Le Diwan Al Madalim auquel il donné des compétences pouvant aller à l’encontre de jugements rendus par les tribunaux prouvant ainsi que la justice ne vaut rien alors qu’il est président du conseil supérieur de la magistrature, seul à pouvoir sanctionner les magistrats et moraliser cette noble mission qu’est a justice
– L’instance équité et réconciliation qui ne devait surtout pas mettre en évidence les noms des coupables ce qui exclut définitivement le sens même de l’équité et encore moins un quelconque réconciliation. Par ailleurs, il s’était engagé à mettre en œuvre les recommandations de cette instance restées lettres mortes à ce jour. Pire, le CCDH n’arrête pas d’essayer de nous faire comprendre que le dossier est clos. Heureusement que la société civile et les ONG de droits de l‘homme veillent au grain. Plus catastrophique que cela, comment peut-on dire qu’il y a eu équité, réconciliation ou même prétendre vouloir tourner la page tout en gardant les mêmes bourreaux sécuritaires dans des postes clés du royaume. Du coup, nous constatons aujourd’hui comment les mauvaises habitudes perdurent.
-L’INDH, travail colossal qui, même timidement, a mis l’accent sur la mauvaise gouvernance comme première cause des retards cumulés. Là encore, nous constatons qu’il n’y a rien de fait concernant le partage des pouvoir et la bonne gouvernance
– La fameuse moudawwana totalement sclérosée par l’injustice et la corruption. Corruption qui gangrène le pays tout entier et que rien n’est fait pou encourager et défendre les victimes contre les corrompus. Plus grave que cela, la création de l’instance de prévention de cette ignominie démontrant que le véritable but est loin de l’éradiquer mais comme d’habitude de la poudre aux yeux. 2 raisons à cela, cette instance n’a aucun pouvoir et puis on ne prévient pas une maladie dont on souffre, on la traite pour guérir. La prévention vient après la guérison pour veiller à ce que ladite maladie ne refasse surface.
– Les infrastructures de communication dont les axes routiers ont été largement améliorées et de nouvelles autoroutes ont vu le jour mais des régions entières sont restées dans l’oubli. J’aurais souhaité que l’on élargisse l’existant, que l’on le sécurise et que l’on s’attèle plus tôt au désenclavement. Gardons que c’est un bon point pour le monarque.
– Le tourisme qui aurait pu, justement grâce au désenclavement, épargner le littoral et donc de superbes écosystèmes pour se concentrer sur l’écologie tout en apportant la valeur ajoutée nécessaire et permettre du même coup le développement de plusieurs régions, a été catastrophique à plus d’un titre. D’abord, c’est une industrie éphémère. Ensuite, l’impact sur la société.
– Les parcours de golf qui fleurissent comme des champignons et qui nous coûtent en eau potable, l’équivalent de la consommation annuelle de plus de 170 000 habitants est une des plus graves erreurs et un massacre sans nom de ce dont dépend la vie. Inutile de mettre l’accent sur la contamination de la nappe phréatique issue des produits chimiques assurant cette belle verdure.
– Le vieux tissu industriel marocain ne doit plus la valeur ajoutée industrielle qu’aux entreprises étrangères qui, si elles décidaient de partir suite aux difficultés inhérentes à l’actuelle crise économique mondiale, laisseraient un désert derrière elles. Notre propre économie ne tient que par la rente (tourisme, MRE, agriculture, phosphates)
– Laissons de côté le vote des MRE qu’il avait annoncé sans tenir ses promesses ainsi que les diverses annonces mirobolantes sans lendemains telles que les réserves de pétrole de Talsint supérieures à celles du Qatar ou la plus folle de toutes faite au quotidien français Le Figaro du 4 septembre 2001 : « J’ai réglé la question du Sahara qui nous empoisonnait depuis vingt-cinq ans »
Nous verrons par la suite où en sommes-nous comparés à nos voisins et sociétés similaires à la notre et dès maintenant, je peux dire que cela fait très mal.
Auteur : El FE…

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