L’un des fils de Thami El Glaoui, Hassan, qu’on voit à gauche de la photo de droite aux côtés de Farid Belkahia, est artiste-peintre. Il doit sa bonne fortune actuelle et l’envolée du prix de ses tableaux entre autres… au roi Mohammed VI lui-même. Sa Majesté en a fait l’un de ses peintres préférés, se portant acquéreur de ses toiles. Les courtisans de la cour – le Makhzen si controversé – ont bien entendu suivi. Personne ne s’étonnera qu’il se trouve de distingués critiques d’art pour décerner les lauriers les plus glorieux à Hassan El Glaoui. Lire par exemple cet hommage dithyrambique, si toutefois on a la patience d’attendre le téléchargement exaspérément lent de ces pages : http://www.maghrebarts.ma/artsplastiques/expo/glaoui.html
De prime abord, on peut s’étonner que le roi actuel soit l’un des bienfaiteurs du « fils du traître ». Mais est-ci si paradoxal que cela ? En fait, la famille régnante et le clan El Glaoui ont un long parcours historique commun. Le frère du pacha de Marrakech, Madani El Glaoui, fut grand vizir (premier ministre) de Moulay Hafid, arrière-grand-oncle du souverain actuel, qui bénéficia du soutien de Thami El Glaoui lorsqu’il écarta du pouvoir son frère Abd-Aziz. Vous suivez ? C’est ce même Moulay Hafid qui, assiégé en 1912 par les tribus berbères (imazighen), dut se résoudre à solliciter le secours de l’armée française, d’où l’instauration du Protectorat et l’avènement de Moulay Youssef, arrière-grand-père de Mohammed VI. Je suis certain que vous suivez toujours… On voit à gauche et au centre Moulay Youssef en compagnie du marchéal Liauthey. A constater la connivence qui ressort de ces illustrations, on ne peut pas dire que Moulay Youssef fut l’ennemi du maréchal, et de loin pas…
Plus tard, Thami El Glaoui fut désigné pacha par le fils de Moulay Youssef, le sultan Mohammed V, avant de contribuer en toute première ligne à l’exil de celui-ci. Le clan Glaoui avait amassé une fortune considérable qui, à sa chute, passa entre les mains de la famille royale, ce qui explique en partie la puissance de l’ONA (consulter www.ona.ma/historique.phpProjet touristique écologique sur le sauvage site maritime de Tifnit).
Un autre fils du pacha de Marrakech, Abdessadeq, fut ambassadeur du Maroc à Wahington, à Paris et en Allemagne, ainsi que président de la Cour des comptes. Comme disgrâce, on peut redouter pire… Abdessadeq El Glaoui vient d’ailleurs de sortir, en toute liberté, un livre intitulé « Le Ralliement – El Glaoui était un héros », dans lequel il tente de redorer le blason familial. A lire l’interview qui suit, on s’aperçoit que, dans cette affaire comme dans d’autres, le sens des nuances est utile pour appréhender l’histoire. A lire sous http://images.google.ch/imgresimgurl=http://www.ouarzazate.com/fr2/glaoui_fils_clip_image001.jpg&imgrefurl=http://www.ouarzazate.com/fr2/glaoui_fils.html&usg=__fJw8byTNWOONls64KjYItEJVzNg=&h=170&w=143&sz=6&hl=fr&start=12&tbnid=g9dwRPHg0RPSYM:&tbnh=99&tbnw=83&prev=/images%3Fq%3DHassan%2BEl%2BGlaoui%26gbv%3D2%26hl%3Dfr
Revenons à l’art pictural pour signaler qu’il apparaît que la composition de gauche n’est pas une oeuvre de Majorelle (voir L’amour du Maroc, du militaire Hubert Lyautey au peintre Jacques Majorelle), mais une simple illustration, très réussie au demeurant, destinée à un ouvrage d’histoire. Quoi qu’il en soit, le pinceau du Nancéen surpasse très nettement celui du fils du Glaoui. Du moins à mes yeux… Abdellah Amennou (Abdellah Amennou, artiste amazigh s’exprimant dans une dimension moderne) vient d’ailleurs de me faire observer la qualité de la verdure qu’on voit à droite se découper sur la casbah d’Ameniter signée Majorelle (voir Un ouvrage qui rend hommage à l’orientaliste Jacques Majorelle).
Voir aussi le message Ai-je été trop sévère envers le peintre Hassan El Glaoui ?
Le Jardin aux Etoiles, 19/7/2010
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