Le projet initial d’Union pour la Méditerranée du président français ne pouvait comporter les éléments de
construction sur le modèle de l’UE et il est certain que ceux qui soutiendraient que cela pouvait déboucher sur un tel projet ignorent – volontairement – qu’aucune union véritable ne peut se faire par rapprochement de systèmes politiques pratiquement antagonistes et des valeurs vraiment incompatibles. D’abord, l’UE a mis pratiquement 50 ans pour maturer et elle n’est pas encore arrivée à ses objectifs : il y a encore des
référendums qui se terminent par des rejets du traité constitutionnel. Déjà, avec des systèmes politiques homogènes, des valeurs en principe communes, des politiques plutôt centrées sur des enjeux de pouvoir, les mêmes comportements par rapport au champ politique, au champ médiatique, les pays maghrébins ne sont pas arrivés à avancer dans le processus de leur union, à garantir la liberté de circulation de leurs populations au sein du Maghreb et encore moins à créer un marché commun. Ce sont plutôt des initiatives extérieures qui encouragent à l’Union magrébine : ce sont les Américains qui ont réussi a réunir pour la première fois les chefs d’état-major des forces armées des pays du Maghreb a Stuttgart, en Allemagne, au siège de l’Otan et lancé l’initiative pansahélienne de lutte contre le terrorisme ; c’est le processus de Barcelone qui recommande la constitution d’un marché maghrébin et une intégration maghrébine… Quelle union pourrait exister entre des politiques économiques qui ont fait un long chemin sur la voie d’intégration sur la rive nord alors qu’elles s’ignorent complètement sur la rive sud ?
S. I.
La Nouvelle République, 27/6/2010
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