Peut-il réellement exister ou se mettre en place une mondialisation dans le contexte d’un système mondial unipolaire où les intérêts de la diplomatie économique s’appuient sur les moyens de la diplomatie de coercition, c’est-à-dire sur l’instrumentation de l’outil militaire ? La mondialisation ne concerne que les problèmes des grandes puissances et pas ceux des pays en développement, sauf si peuvent ainsi être affectés les intérêts des «grands». La mondialisation de la lutte contre le terrorisme, par exemple, n’a vu le jour qu’à partir du moment où les intérêts américains furent touchés. Ce sont donc les problèmes des grandes puissances qui sont mondialisés et imposés à nous autres, alors que tout problème pouvant affecter les petits pays devrait connaître une solution mondiale. Et pourtant, il existe un consensus dans le sens où il est admis que la misère est le principal terreau du terrorisme, ce qui a conduit cependant au constat contradictoire : investir dans la mondialisation de la lutte antiterroriste mais pas dans la mondialisation de la lutte contre ses causes socioéconomiques. Parmi les régions du monde, celle qu’on appelle le monde occidental est la mieux lotie, car c’est d’abord celle de l’Otan, la mieux ou plutôt la seule organisée et, ensuite, c’est l’Alliance transatlantique, car c’est elle qui fournit ses dirigeants à l’OMC, à la BM et au FMI. La maîtrise et le «façonnage» du processus de mondialisation sont donc entre les mains des grandes puissances dont on sait, pour avoir observé leurs comportements à partir de leurs positions, qu’elles développent un sens très aigu de leurs intérêts, de leurs seuls intérêts.
La Nouvelle République, 24/7/2010
Soyez le premier à commenter