Si l’on ne peut qu’être satisfait de ce que la France n’ait pas, comme par un récent passé, succombé à la tentation de se soumettre des terroristes kidnappeurs, du moins pour le moment pour ce qui est de l’otage Michel Germaneau, innocent humanitaire avec lequel tout être sensé ne peut que se solidariser, il y a par contre de quoi estimer dommageable l’opération avortée d’avant-hier. Engagée sous le commandement français avec, quand même, la participation des soldats mauritaniens et n’ayant pu avoir lieu sans la bénédiction du président malien, «A.T.T.», cette action a été un échec d’abord du renseignement, volet sur lequel tout le reste reposait. Ce type d’opération, si elle n’est pas couronnée d’un retentissant succès, avec la libération de l’otage, se retourne, comme tous les flops spectaculaires, contre la cause pour laquelle la «noble et louable intention», ainsi que les forces armées qui vont avec, ont été mises en branle. D’abord, il n’y a pas meilleur cadeau qui puisse être offert au moral des troupes ennemies, qui vont bomber le torse d’avoir tenu en échec une grande puissance occidentale et les terroristes ne s’en trouveront que mieux confortés dans leur conviction qu’ils sont imbattables sur leur terrain et, partant, ils vont redoubler de férocité criminelle. En tout cas, il reste une grande leçon à retenir de ce «fâcheux incident», qui aurait pu prendre une tout autre tournure, à savoir que la «Françafrique» n’est pas un concept creux, une notion d’effet de manche inventée par quelque expert en jeu de mots en mal d’inspiration pour désigner la présence néocoloniale. Il s’avère que c’est une réalité tangible et palpable, puisque l’ancienne puissance coloniale montre qu’elle peut encore agir en pays conquis. Cette dernière opération, contrairement à ce que laisserait supposer son lamentable résultat, n’a pu être montée que durant des semaines, voire des mois, de minutieuse préparation, avec l’étroite collaboration locale. C’est là une leçon pour tous les pays du Sahel et du Sahara, ce qui renforce les positions de l’Algérie et de ses efforts de coordination régionale contre le terrorisme, ennemi commun, et contre les ingérences des puissances extérieures. Surtout lorsqu’elles jouent le double rôle du pompier et du pyromane.
Le Jour d’Algérie, 24/7/2010
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