A Alger, on estime que des parties au Sahel sont en train de faire le jeu d’Al Qaîda, en encourageant une intervention étrangère dans la région.
Au lendemain du raid des forces mauritaniennes sur une base d’Al Qaîda en territoire malien, questions et réactions se multiplient. Questions sur la nationalité et le rôle précis des troupes engagées, et sur la finalité de cette opération. Etait-elle effectivement destinée à libérer Michel Germaneau? Une véritable confusion a entouré cette intervention pour le moins douteuse. Des déclarations contradictoires se relayaient depuis hier matin par l’AFP. Dans l’après-midi d’hier, cette agence citant une source au ministère français de la Défense, rapporte que «le raid mauritanien mené jeudi contre une unité d’Al Qaîda avec le soutien de la France visait à libérer le Français Michel Germaneau». Alors que tôt dans la matinée d’hier, le ministre mauritanien de l’Intérieur, Ould Boilil, a cependant assuré que l’opération n’avait pas pour but de libérer Michel Germaneau. Il s’agissait selon lui, d’«empêcher des terroristes» d’attaquer la Mauritanie.
Des sources proches du dossier du Sahel évoquent l’hypothèse d’une tentative de manipulation menée par les services de renseignement français dans le but de provoquer une brèche à l’intérieur du front établi par les pays de la région pour faire face à Al Qaîda. Ainsi, les Français seraient arrivés à convaincre les Mauritaniens que le groupuscule ciblé par l’attaque s’apprêtait à commettre des attentats en territoire mauritanien et qu’il était urgent de le surprendre avant que ses éléments ne pénètrent sur son sol et se dispersent. Même si des sources concordantes affirment que les Mauritaniens ont informé les Algériens, 48 heures avant le lancement du raid, il est d’ores et déjà sûr que la situation ne va pas en rester là. A Alger, on a la nette impression que des parties au Sahel sont en train de faire le jeu d’Al Qaîda, en encourageant une intervention étrangère, une perspective à laquelle l’Algérie s’oppose énergiquement.
De leur côté, les Maliens étaient froissés car le raid se serait déroulé à environ 200 km à l’intérieur de leur territoire. Vendredi dernier, le président Toumani Touré a été contraint de quitter le sommet de la Cen-Sad au Tchad, pour rentrer en urgence au Mali. Une délégation mauritanienne s’est rendue dans la capitale malienne pour s’entretenir avec lui dans le but de «calmer les esprits». Au lendemain du raid, tous les observateurs scrutent le ciel algérien à la recherche de quelques nuages sombres annonçant une éventuelle brouille entre les Etats de la région. Ce que l’Union africaine a qualifié de message de fermeté envoyé au groupe Aqmi, auteur de l’enlèvement de Michel Germaneau, un retraité de 78 ans, ancien ingénieur électronicien qui s’était engagé bénévolement dans une association caritative pour ouvrir une école dans un petit village, aux confins du Niger et du Mali, ne constitue en fait que le prélude d’autres actions «musclées» planifiées par la France dans le but de contrecarrer une présence américaine, discrète pour le moment, mais très active sur le plan du renseignement. Selon de nombreux observateurs, il s’agit d’un coup «tordu» visant surtout à chahuter le rapprochement algéro-américain.
Un coup dont le but est de compliquer davantage la situation dans la mesure où les terroristes détiennent également deux otages espagnols. «Le raid contre une partie des troupes d’Al Qaîda peut provoquer des représailles en chaîne», rappelle-t-on encore. Et dans le cas où l’ultimatum expirait et que les ravisseurs exécutaient leur menace en assassinant l’otage français, personne ne sera en mesure de prévoir ce qui va se passer dans cette région qui se trouve depuis quelque temps dans l’oeil du cyclone.
Le 14 avril dernier, les responsables militaires du Mali, du Niger, de Mauritanie, de Libye, du Tchad et du Burkina Faso ont rencontré, à Alger, leurs homologues algériens et le général Ahmed Gaïd Salah chef d’état-major de l’ANP a appelé ses voisins à «une mise en synergie de nos volontés, de nos expériences respectives et de nos capacités militaires» avant de regretter «un manque de vision commune» et d’appeler à «une étroite coopération militaire active». Ce sommet antiterroriste avait été précédé d’une première réunion à Alger, en septembre dernier. Depuis, une brouille s’était instaurée entre le Mali et ses voisins. Bamako a été suspecté de céder aux pressions françaises dans la libération de l’otage Pierre Camatte.
Loin du Sahel, 1300 hommes et femmes, militaires et civils s’activent dans des bunkers installés à Stuttgart en Allemagne. Le nouvel état-major africain du Pentagone, Africom, semble très loin de l’Afrique mais ses spécialistes, placés sous le commandement du général William E.Ward, surveillent en permanence ce qui se passe aux confins du Maghreb et du Sahel, à des milliers de kilomètres. Bernard Squarcini, directeur de la Dcri (Direction centrale du renseignement intérieur), le confirmait à la revue Politique internationale le mois dernier: «En quinze ans, malgré les efforts des différents services, malgré les progrès de la coopération internationale, l’islamisme militant a gagné de nouveaux pays: le nord du Mali (où se sont installées les katibate sahéliennes d’Aqmi qui ont dû fuir Alger sous la pression militaire et policière), le Niger, la Mauritanie et, depuis peu, le Sénégal. Dans quinze ans, le danger sera peut-être descendu encore plus au sud…». Une lecture des observateurs ayant suivi cette affaire, s’oriente directement et unanimement vers Sarkozy qui se trouve au centre d’un scandale politico-financier. Acculé, au pied du mur, ses adversaires n’écartent pas le fait qu’il serait tenté par une diversion militaro-logistique afin de détourner l’opinion publique française vers un problème situé à des milliers de kilomètres de leurs soucis quotidiens.
Des sources proches du dossier du Sahel évoquent l’hypothèse d’une tentative de manipulation menée par les services de renseignement français dans le but de provoquer une brèche à l’intérieur du front établi par les pays de la région pour faire face à Al Qaîda. Ainsi, les Français seraient arrivés à convaincre les Mauritaniens que le groupuscule ciblé par l’attaque s’apprêtait à commettre des attentats en territoire mauritanien et qu’il était urgent de le surprendre avant que ses éléments ne pénètrent sur son sol et se dispersent. Même si des sources concordantes affirment que les Mauritaniens ont informé les Algériens, 48 heures avant le lancement du raid, il est d’ores et déjà sûr que la situation ne va pas en rester là. A Alger, on a la nette impression que des parties au Sahel sont en train de faire le jeu d’Al Qaîda, en encourageant une intervention étrangère, une perspective à laquelle l’Algérie s’oppose énergiquement.
De leur côté, les Maliens étaient froissés car le raid se serait déroulé à environ 200 km à l’intérieur de leur territoire. Vendredi dernier, le président Toumani Touré a été contraint de quitter le sommet de la Cen-Sad au Tchad, pour rentrer en urgence au Mali. Une délégation mauritanienne s’est rendue dans la capitale malienne pour s’entretenir avec lui dans le but de «calmer les esprits». Au lendemain du raid, tous les observateurs scrutent le ciel algérien à la recherche de quelques nuages sombres annonçant une éventuelle brouille entre les Etats de la région. Ce que l’Union africaine a qualifié de message de fermeté envoyé au groupe Aqmi, auteur de l’enlèvement de Michel Germaneau, un retraité de 78 ans, ancien ingénieur électronicien qui s’était engagé bénévolement dans une association caritative pour ouvrir une école dans un petit village, aux confins du Niger et du Mali, ne constitue en fait que le prélude d’autres actions «musclées» planifiées par la France dans le but de contrecarrer une présence américaine, discrète pour le moment, mais très active sur le plan du renseignement. Selon de nombreux observateurs, il s’agit d’un coup «tordu» visant surtout à chahuter le rapprochement algéro-américain.
Un coup dont le but est de compliquer davantage la situation dans la mesure où les terroristes détiennent également deux otages espagnols. «Le raid contre une partie des troupes d’Al Qaîda peut provoquer des représailles en chaîne», rappelle-t-on encore. Et dans le cas où l’ultimatum expirait et que les ravisseurs exécutaient leur menace en assassinant l’otage français, personne ne sera en mesure de prévoir ce qui va se passer dans cette région qui se trouve depuis quelque temps dans l’oeil du cyclone.
Le 14 avril dernier, les responsables militaires du Mali, du Niger, de Mauritanie, de Libye, du Tchad et du Burkina Faso ont rencontré, à Alger, leurs homologues algériens et le général Ahmed Gaïd Salah chef d’état-major de l’ANP a appelé ses voisins à «une mise en synergie de nos volontés, de nos expériences respectives et de nos capacités militaires» avant de regretter «un manque de vision commune» et d’appeler à «une étroite coopération militaire active». Ce sommet antiterroriste avait été précédé d’une première réunion à Alger, en septembre dernier. Depuis, une brouille s’était instaurée entre le Mali et ses voisins. Bamako a été suspecté de céder aux pressions françaises dans la libération de l’otage Pierre Camatte.
Loin du Sahel, 1300 hommes et femmes, militaires et civils s’activent dans des bunkers installés à Stuttgart en Allemagne. Le nouvel état-major africain du Pentagone, Africom, semble très loin de l’Afrique mais ses spécialistes, placés sous le commandement du général William E.Ward, surveillent en permanence ce qui se passe aux confins du Maghreb et du Sahel, à des milliers de kilomètres. Bernard Squarcini, directeur de la Dcri (Direction centrale du renseignement intérieur), le confirmait à la revue Politique internationale le mois dernier: «En quinze ans, malgré les efforts des différents services, malgré les progrès de la coopération internationale, l’islamisme militant a gagné de nouveaux pays: le nord du Mali (où se sont installées les katibate sahéliennes d’Aqmi qui ont dû fuir Alger sous la pression militaire et policière), le Niger, la Mauritanie et, depuis peu, le Sénégal. Dans quinze ans, le danger sera peut-être descendu encore plus au sud…». Une lecture des observateurs ayant suivi cette affaire, s’oriente directement et unanimement vers Sarkozy qui se trouve au centre d’un scandale politico-financier. Acculé, au pied du mur, ses adversaires n’écartent pas le fait qu’il serait tenté par une diversion militaro-logistique afin de détourner l’opinion publique française vers un problème situé à des milliers de kilomètres de leurs soucis quotidiens.
Ikram GHIOUA
L’Expression, 25/7/2010
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