Par Mohamed Abdoun
Inédit et particulièrement grave. C’est ainsi qu’il pourrait être possible de qualifier l’attaque menée par les troupes armées mauritaniennes, soutenues par les forces spéciales françaises, très profondément à l’intérieur du territoire malien.
L’opération en question, couronnée par un fiasco total, risque en effet d’être très lourde de conséquences sur l’avenir immédiat de cette région sensible, déjà en buttes à l’insécurité et à une misère endémique.
L’action de Paris, qui semble avoir été menée sans que le président malien n’ait été prévenu (preuve en est son retour précipité à partir de la capitale tchadienne, où il assistait à un sommet régional), a été ponctuée par une bavure qui a coûté la vie à six nomades qui, croit-on savoir, n’auraient aucun rapport ni avec les terroristes, ni avec les contrebandiers et trafiquants d’armes.
Mais au lieu de tenter de se justifier, et de se sortir à moindres frais de ce mauvais pas, Paris semble vouloir privilégier à fond la carte de la surenchère et, donc, du bluff. Des sources, citées par la presse locale, ont eu l’audace de prétendre que l’opération en question n’aurait été qu’un écran de fumée, et qu’une autre action militaire se déroulerait jusqu’à présent, pour tenter de sauver l’otage français.
Si c’était vraiment le cas, les Français espéraient-ils vraiment que le GSPC laisse son otage sans protection, en envoyant des renforts à ses hommes prétendument attaqués quelque part dans le nord du Mali ? Sachant qu’Abou Zeïd garderait son otage quelque part au Niger, pays où le Français a été enlevé, il lui aurait fallu plusieurs jours de » marche » forcée, si une idée aussi saugrenue lui avait traversé l’esprit.
Paternaliste, nostalgique par rapport à son empire colonial, Paris refuse encore d’admettre que rien ne se règle dans la zone sahélo saharienne sans l’implication directe et volontaire des citoyens locaux, à commencer par les tribus touaregs.
A présent, la Boîte de Pandore vient d’être ouverte par un président français de plus en plus inconscient et imbu de sa personne. Dieu seul sait tout ce qui va en sortir…
La Tribune des Lecteurs, 25/7/2010
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