L’Afrique déclare la guerre au terrorisme

Le dossier somalien aura volé la vedette aux thèmes officiels du Sommet de l’UA qui s’est ouvert hier à Kampala, capitale ougandaise.
Les deux minutes de silence observées, à l’ouverture du sommet, à la mémoire des 76 victimes du double attentat perpétré et revendiqué par des terroristes somaliens, n’ont pas été purement symboliques, puisqu’elles ont permis de lancer les débats autour de la lancinante question de la lutte contre le terrorisme sur le ton le plus déterminé. «Ils peuvent et doivent être vaincus». Voilà un slogan de guerre déclarée que l’UA semble brandir contre le terrorisme islamiste.
De l’appel du président ougandais, audible et déterminé, à chasser le terrorisme et les terroristes islamistes, adressé à une Union africaine de plus en plus présente sur le terrain des conflits africains, on retient un haussement de ton et une volonté africaine de laver un affront que le terrorisme et les terroristes ont infligé à l’Union africaine. On retient également, à travers cette vision, l’expression d’une vérité incontestable, à savoir que le terrorisme, s’il doit être expulsé d’Afrique, est venu d’ailleurs. Une vérité d’autant plus irréfragable qu’elle est confirmée par l’implication du terrorisme oriental dans les derniers attentats de Kampala, dont les djihadistes du Moyen-Orient ont été les fervents exécutants.
L’Union africaine semble vouloir mobiliser tout l’arsenal législatif et légal pertinent à sa disposition pour mettre un terme au terrorisme. D’ailleurs, les déclarations du commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité, Ramtane Lamamra vont dans ce sens, lui qui avait, il y a plus d’une semaine, affirmé que l’Union africaine était prête à faire face au fléau que constitue le terrorisme en utilisant les lois à sa disposition. Ce qui met ce discours à l’ordre du jour de la polémique médiatique, ce sont les attentats terroristes survenus à Kampala et dont les enquêtes déclenchées depuis ne sont pas encore terminées. C’est une véritable bataille contre le terrorisme qui prend, sous l’égide de l’UA, une dimension continentale.
Depuis son avènement, l’UA n’a cessé de faire avancer le dossier très lourd de la prise en charge effective de la lutte antiterroriste à l’échelle du continent. A chaque rencontre africaine, les dirigeants africains ont manifesté un enthousiasme certain dans l’adoption de résolutions, dont celles qui permettent de rechercher des mesures visant à stopper le financement du terrorisme et des organisations terroristes. A ce titre, des avancées notables ont été enregistrées sur le plan de la mise en oeuvre de l’architecture africaine de paix et de sécurité tant au niveau de la doctrine que de l’instrumentation, ainsi que dans les actions soutenues qui sont menées pour assurer l’efficacité de tout le dispositif de paix sur le continent.
Depuis la mise en place, en 2004, du Conseil de la paix et de la sécurité africaine (CPS) de l’UA, plus de 230 réunions couvrant les différentes crises que connaît le continent ont été tenues par cette instance qui a pris des décisions importantes à leur égard, dont le déploiement d’opérations de soutien à la paix au Darfour et en Somalie. Au niveau du groupe de sages, des progrès substantiels ont été accomplis dans la mise en place du Système continental d’alerte rapide ainsi que de la force africaine d’entente, qui est la composante emblématique de cette architecture. L’UA n’a cessé de souligner sa détermination à promouvoir la paix et la sécurité en tous lieux et en toutes circonstances. Pour preuve de cette volonté, le déploiement de la Mission de l’UA en Somalie (Amisom) qui a accompli un travail remarquable avec des moyens limités et dans des conditions particulièrement difficiles, et dont certaines décisions, tel le déploiement de nouvelles troupes en Somalie, a suscité les derniers attentats de Kampala revendiqués et «justifiés» par la milice somalienne Al Shabab, à l’origine de cet acte terroriste dirigé non seulement contre l’Ouganda, mais contre l’Union africaine, défiée de poursuivre sur sa lancée dans l’œuvre de paix.
Quoi qu’il en soit, les actes de terreur commis contre Kampala sont un signe de panique de la part de la milice somalienne qui sent sa fin proche et qui éprouve, à son corps défendant, l’efficacité des dernières actions de l’UA dans ce pays. Une efficacité qui doit à l’organisation continentale de jouir, désormais, d’une forte crédibilité après les efforts consentis, ces dernières années, à trouver des issues africaines aux questions africaines.
C’est un douloureux processus de réappropriation de son propre destin que l’Afrique se doit de mener à son terme, sachant qu’à chaque avancée contre les maux africains, ce n’est pas simplement une victoire contre la violence armée, les conflits régionaux et le terrorisme qu’on remporte, mais également une façon de se consacrer plus résolument aux véritables ennemis du continent que sont la faim et la maladie, les deux cruels visages du sous-développement.
Horizons, 26/7/2010

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