Paris multiplie les déclarations contradictoires à propos de son fiasco militaire dans le nord du Mali Flagrant délit de mensonge

Par Wassim Benrabah
Une cacophonie absolument inextricable a accompagné la double ( ?) opération militaire menée par les soldats mauritaniens, épaulés par des troupes spéciales françaises, quelque part dans le nord du Mali, non loin du no man’s land de Kidal. Paris, au tout début, avait refusé de confirmer l’existence d’une quelconque opération militaire. Quelques heures plus tard, c’est le ministère de la Défense français, en personne, qui a fini par reconnaître le fait, précisant cependant que l’opération en question, dont le lieu a été tenu secret (de Polichinelle, puisque rien ne se cache longtemps dans la vaste bande sahélo saharienne), ne visait pas à libérer l’otage français, Michel Germaneau, mais plutôt à prévenir une attaque terroriste devant être menée contre la Mauritanie à partir du… Mali. Même la date de cette attaque (28 juillet prochain) a été précisée par cette  » gorge profonde  » à qui aurait pu émettre des doutes sur la véracité de pareils éléments d’informations. Il va sans dire que le seul moyen d’avoir pu accéder à un pareil luxe de détails, aurait consisté à disposer d’une taupe au milieu des terroristes, ce qui n’est absolument pas le cas.
Sarkozy a-t-il tué indirectement l’otage, Germaneau ?
Car, si tel avait été le cas, il va sans dire que l’otage français, à propos de qui l’ultimatum expire aujourd’hui, aurait été libéré depuis belle lurette. Notre journal, dont les analyses et les informations sont discrètement reprises par des  » confrères  » qui, bien entendu, ne nous citent pas, avait émis des doutes depuis le début. Or, ce sont les Français eux-mêmes qui ont fini par se démentir, versant dans une confusion et une cacophonie qui en disent long sur le pétrin dans lequel Sarkozy s’est mis, en suivant les conseils  » éclairés  » de son chef de la diplomatie et de son ministre de la  » Défonce « . Paris a en effet fait marche arrière en admettant que l’opération avait bel et bien visé à sauver l’otage français. Il était à se demander, dès lors, pourquoi le malheureux Germaneau, qui n’en demandait peut-être pas tant, ne se trouvait pas déjà à Bamako, dans l’attente que Sarkozy prenne le premier avion venu (sa  » Force One  » à lui) et vienne le saluer personnellement, comme il l’avait fait pour son espion, Pierre Camatte. Cette sortie, en tous cas, était venue confirmer plusieurs choses. D’abord, le président malien avait été tenu écarté d’une affaire qui le concernait au plus haut chef, puisque c’est sur son territoire que s’est déroulée l’opération. Preuve en est qu’il a dû quitter précipitamment le Tchad où il assistait à un sommet, pour rejoindre Bamako et tenter de sauver le peu de dignité pouvant encore lui rester. Ensuite, le fait même que des soldats français, aidés par des renseignements américains (aussi faux que ceux que Collin Powell avait fournis au Conseil de sécurité de l’ONU, à propos de l’Irak), aient agi directement dans le Sahel, remet définitivement et foncièrement en cause le fameux accord d’Alger, prévoyant la mise en place à Tamanrasset d’un commandement militaire unifié algérien, malien, mauritanien, burkinabais et nigérien, chargé de lutter plus efficacement contre le terrorisme, le grand banditisme et la contrebande.
Faire confiance à la CIA, ou se faire hara kiri…
Le plus grave, en outre, c’est que l’échec de l’opération française risque de signifier le chant du cygne pour l’otage français. Le GSPC pourrait, en guise de représailles directes, assassiner son otage français, estiment de nombreux observateurs. C’est ce que l’on admet ouvertement en Hexagone, en faisant le reproche aux actions irréfléchies et aux nombreux cafouillages du président français. Sarkozy, pour tenter de se prémunir contre ce scénario catastrophe, a fait savoir qu’aucune preuve concernant le fait que l’otage serait encore en vie, n’a pu être obtenue. Certes, mais aucune preuve de sa mort, non plus, n’a pu être trouvée. Or, dans le doute, il est toujours préférable de considérer que Michel Germaneau doit toujours être en vie. Preuve en est que Paris, jusqu’à la dernière minute, a tenté de sauver la face. Allant jusqu’à initier des actions désespérées de dernière minute, les Français ont persisté dans les mensonges et les informations contradictoires. Au moment où les Mauritaniens parlaient d’une seconde opération, entamée ce samedi, la France en démentait formellement l’existence. Mais, quelques heures plus tard, c’est Paris qui en reconnaissait l’existence, poussant le  » raffinement  » jusqu’à annoncer que  » la première opération n’était qu’un écran de fumée visant à détourner l’attention des terroristes, en attendant la vraie opération qui, elle, permettrait de sauver l’otage français « .
Bien sûr, il n’en a été rien. Michel Germaneau est toujours aux mains de ses ravisseurs. Capturé au Niger, avec la complicité de son chauffeur et guide algérien, détenu et inculpé en Mauritanie, l’otage n’aurait jamais quitté ce pays. Des sources, très au fait de ce genre de questions sensibles, nous indiquent que l’otage, aux mains du sinistre Abou Zeïd, serait détenu sur la bande de no man’s land séparant le Mali du Niger.
Paris, qui a mis le feu aux poudres en jouant aux apprentis sorciers et en croyant pouvoir jouer impunément avec feu, s’apprête à vivre son jour le plus long. Une éventuelle  » élimination  » de l’otage ne sera pas sans conséquences sur la carrière politique de Sarkozy et de son clan, déjà sérieusement secoué par des scandales financiers à répétions et à multiples rebondissements. 
La Tribune des Lecteurs, 26/7/2010

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