Deux petites Sahraouies découvrent le mode de vie à la française. Depuis l’aéroport, les surprises se succèdent.
Dans le salon du petit pavillon, Fatma et Hanan, huit ans toutes les deux, chantonnent, des jouets devant elles. Pour elles, c’est une découverte. Il y a 15 jours encore, elles vivaient dans le camp de réfugiés du Sahara Occidental où elles sont nées, à Haouza, en Algérie. Une ville désertique, où la température a cette saison atteint 48-50° avec un vent de sable.
Les éloigner de cette atmosphère étouffante est l’une des raisons pour laquelle leurs parents les ont envoyées ici, au Mans, avec 16 autres enfants de 8 à 10 ans. « C’est aussi l’occasion pour elles de voir autre chose que leur camp » raconte Alain Aumont, qui les accueille. La plupart n’en sont jamais sortis. Et faute d’électricité, la télévision n’assure même pas une ouverture sur le monde… C’est dire si depuis l’aéroport, les surprises se succèdent.
Ils repartiront avec des lunettes
« Quand les enfants viennent au Mans, ils reçoivent des vêtements, des chaussures, un cartable, des cahiers… Toutes ces choses qui manquent cruellement dans les camps et dont ils se serviront toute l’année », poursuit Elboun, leur accompagnatrice. Ici, ils bénéficient aussi de leur première visite médicale. « Trois enfants vont repartir avec des lunettes » raconte Ali Salem, l’autre accompagnateur.
Tous deux constituent les seuls repères des 18 enfants qui ne parlent que l’arabe. Leur téléphone a beaucoup sonné ! Au bout du fil : des enfants ayant besoin d’être rassurés et des familles d’accueil désemparées. Cette année, l’arrivée a été mouvementée (lire Ouest-France du 12 juillet). D’habitude, les enfants passent une semaine tous ensemble avant d’être accueillis dans les familles. Cette fois, à cause d’un retard d’avion, il n’y a pas eu ce « sas de décompression ». Certains enfants ont eu du mal à s’adapter. Il y a eu beaucoup de pleurs. Quelques-uns ont changé de famille.
« L’eau qui sort de terre »
C’est ainsi qu’Alain et Josette se sont retrouvés à accueillir Fatma et Hanan « qui pleurait beaucoup ». « Ça n’était pas prévu, mais on est des militants de la cause. Alors… Le fait qu’elles soient deux est plus sécurisant pour elles. Elles peuvent échanger… »
Sur leurs découvertes mutuelles, par exemple. Elles partagent la même passion pour… les bananes : trois par jour chacune ! « Les fruits sont rares et chers dans le camp ». Au parc Monod, elles sont restées un moment hypnotisées par l’eau si rare chez elle et qui « ici, sort de terre », avant de courir entre les jets. Les « chiens qui entrent dans les maisons » sont une grande découverte. Là-bas, ils sont sauvages et attaquent les chèvres…
Aspirant leur yaourt à la paille, les deux petites filles réfléchissent à ce qui leur plaît le plus ici. « Le jardin, les arbres ! » répond Fatma sans hésiter. Mais elle a aussi aimé « la piscine, dormir dans un lit et la télé ». Le visage grave, Hanan prend un long moment de réflexion. Hésite, puis se décide pour : « les jeux ». Tout simplement.
Laurence PICOLO.
Ouest-france.fr
Dans le salon du petit pavillon, Fatma et Hanan, huit ans toutes les deux, chantonnent, des jouets devant elles. Pour elles, c’est une découverte. Il y a 15 jours encore, elles vivaient dans le camp de réfugiés du Sahara Occidental où elles sont nées, à Haouza, en Algérie. Une ville désertique, où la température a cette saison atteint 48-50° avec un vent de sable.
Les éloigner de cette atmosphère étouffante est l’une des raisons pour laquelle leurs parents les ont envoyées ici, au Mans, avec 16 autres enfants de 8 à 10 ans. « C’est aussi l’occasion pour elles de voir autre chose que leur camp » raconte Alain Aumont, qui les accueille. La plupart n’en sont jamais sortis. Et faute d’électricité, la télévision n’assure même pas une ouverture sur le monde… C’est dire si depuis l’aéroport, les surprises se succèdent.
Ils repartiront avec des lunettes
« Quand les enfants viennent au Mans, ils reçoivent des vêtements, des chaussures, un cartable, des cahiers… Toutes ces choses qui manquent cruellement dans les camps et dont ils se serviront toute l’année », poursuit Elboun, leur accompagnatrice. Ici, ils bénéficient aussi de leur première visite médicale. « Trois enfants vont repartir avec des lunettes » raconte Ali Salem, l’autre accompagnateur.
Tous deux constituent les seuls repères des 18 enfants qui ne parlent que l’arabe. Leur téléphone a beaucoup sonné ! Au bout du fil : des enfants ayant besoin d’être rassurés et des familles d’accueil désemparées. Cette année, l’arrivée a été mouvementée (lire Ouest-France du 12 juillet). D’habitude, les enfants passent une semaine tous ensemble avant d’être accueillis dans les familles. Cette fois, à cause d’un retard d’avion, il n’y a pas eu ce « sas de décompression ». Certains enfants ont eu du mal à s’adapter. Il y a eu beaucoup de pleurs. Quelques-uns ont changé de famille.
« L’eau qui sort de terre »
C’est ainsi qu’Alain et Josette se sont retrouvés à accueillir Fatma et Hanan « qui pleurait beaucoup ». « Ça n’était pas prévu, mais on est des militants de la cause. Alors… Le fait qu’elles soient deux est plus sécurisant pour elles. Elles peuvent échanger… »
Sur leurs découvertes mutuelles, par exemple. Elles partagent la même passion pour… les bananes : trois par jour chacune ! « Les fruits sont rares et chers dans le camp ». Au parc Monod, elles sont restées un moment hypnotisées par l’eau si rare chez elle et qui « ici, sort de terre », avant de courir entre les jets. Les « chiens qui entrent dans les maisons » sont une grande découverte. Là-bas, ils sont sauvages et attaquent les chèvres…
Aspirant leur yaourt à la paille, les deux petites filles réfléchissent à ce qui leur plaît le plus ici. « Le jardin, les arbres ! » répond Fatma sans hésiter. Mais elle a aussi aimé « la piscine, dormir dans un lit et la télé ». Le visage grave, Hanan prend un long moment de réflexion. Hésite, puis se décide pour : « les jeux ». Tout simplement.
Laurence PICOLO.
Ouest-france.fr
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