Par Farès N.
Intervenant après le double attentat qui a endeuillé l’Ouganda, le Sommet de l’UA aura mis en vedette une préoccupation qui n’était pas à l’ordre du jour de cette rencontre, à savoir la lutte antiterroriste. Singulièrement et avant que ne s’achèvent les travaux du sommet de Kampala, le terrorisme se met également au centre de l’actualité internationale avec l’exécution de l’otage français, détenu depuis avril dernier par Al-Qaïda au Maghreb islamique, Michel Germaneau, et avec le raid militaire franco-mauritanien en territoire malien contre la faction terroriste. Ces événements auront donc imposé que soient prises des décisions importantes en matière d’actions de sécurité, de règlement des conflits et de lutte antiterroriste en Afrique. Si donc au problème somalien, on a répondu en exprimant la solidarité avec le gouvernement somalien en dépit d’un désarroi politique indéniable, en préconisant le renforcement de la présence de forces d’intervention uasiennes qui seront rendues plus fortes de milliers d’hommes supplémentaires et en donnant le ton à une volonté commune d’expulser le terrorisme d’Afrique, la question du Sahel ne pouvait être intégrée dans ce cadre, car il a été estimé que ces pays, avec le concours efficace de l’Algérie, sont en train de structurer un cadre de lutte antiterroriste qui permettra, à terme, de neutraliser les bandes de terroristes, de contrebandiers et de trafiquants en tous genres qui écument les frontières sahélo-sahariennes. Cela dit, le sommet de l’UA n’aura pas complètement occulté le thème majeur de cette 15e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, qui est en fait d’une importance cruciale pour le continent noir et l’un des aspects et enjeux du développement humain les plus importants. En effet, la santé maternelle, natale et néonatale est au centre d’efforts africains en vue d’améliorer le niveau de viabilité de la maman et du nouveau-né sur l’ensemble du continent. L’Algérie, qui a mené une politique volontariste en ce sens, ces dernières années, a présenté des chiffres au sommet de l’UA, qui affichent une grille comparative d’où il ressort une évolution très importante dans ce domaine, avec une courbe ascendante qui tend vers les moyennes occidentales en matière de santé maternelle, natale et néonatale. Par ailleurs, en sa qualité de porte-parole désigné de l’Afrique, l’Algérie qui est mandatée par l’UA pour évaluer les développements liés aux négociations internationales sur la question du changement climatique, et coordonner la position africaine en la matière auprès du Comité des dix dont elle est membre, aura à représenter l’Afrique, comme ce fut le cas à Copenhague, aux prochaines échéances internationales sur le climat. A ce titre, d’ailleurs, le niveau d’engagement de l’Algérie sur, entre autres questions importantes, la question climatique, aura été très bien exprimé dans l’allocultion du président Abdelaziz Bouteflika, qui, tout en insistant sur le respect des engagements sur la réduction des gaz à effet de serre, n’en a pas moins mis en évidence les enjeux économiques, financiers, humains, tout en passant en revue les étapes que devra franchir l’Afrique dans sa relation avec les pays industrialisés pour promouvoir et défendre ses positions et ses intérêts en tant que continent qui n’a qu’une part insignifiante dans la production des gaz à effet de serre et qui se trouve être la plus grande victime du réchauffement climatique. Le chef de l’Etat a achevé son intervention en renouvelant l’engagement algérien à continuer à fournir tous les efforts possibles en vue de lutter contre le réchauffement climatique et pour protéger l’environnement. Dans un autre registre, mais globalement dans la même veine de développement des relations interafricaines, des progrès importants ont été réalisés, lors de cette session de l’UA, dans la mise en place d’une agence de planification et de coordination du Nepad, une agence opérationnelle disposant des instruments, moyens et pouvoirs nécessaires pour assurer la mise en œuvre et le suivi de projets d’intégration régionale et continentale. Il faut souligner également que cette rencontre ougandaise de l’UA a été une occasion, pour le chef de l’Etat de réitérer la volonté algérienne de relancer et promouvoir les relations de coopération économiques bilatérales avec les autres pays d’Afrique. Enfin, et d’une manière générale, l’UA aura prouvé qu’elle n’est pas que le résultat d’un changement d’appellation substituée à l’ancienne OUA, mais bien une structure porteuse de renouveau et d’une volonté inédite de changements et de progrès concrets. D’où la franchise qui a caractérisé la plupart des débats, mais aussi le souci, chez la plupart, de débattre de toutes les questions urgentes et de leur proposer des solutions efficaces. L’Afrique, à ce rythme, s’achemine sérieusement vers un règlement des conflits en Afrique qui ne sont en fait qu’un symptôme aggravé du sous-développement, véritable ennemi du continent qui a intérêt à poursuivre, avec ou sans le reste du monde, sa marche assurée vers les objectifs du millénaire.
La Nouvelle République, 29/7/2010
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