L’armée mauritanienne a enfin frappé. Après plus de deux ans de préparatifs, de maillage du pays, d’achat d’armes et de munitions, de campagnes médiatiques sur l’impossibilité pour les terroristes d’AQMI de fouler le sol national sans être exterminés, un commando de nos vaillantes-forces-armées-et-de-sécurité a attaqué une unité d’Al Qaida et tué six hommes sur les 10 qui la composaient. Une action d’éclat pour redorer le blason de nos militaires terni par ces militants islamistes à Lemghaity, Ghallawiya et Tourine. Un haut fait de guerre qui tombe à pic pour remonter le moral d’une troupe fatiguée par la chasse à un ennemi invisible. Seulement voilà, il y a comme un petit hic. L’attaque ne s’est pas passée en Mauritanie. Elle s’est déroulée quelque part dans le territoire malien et il est fort probable qu’elle n’ait pas été le fait de nos hommes mais d’un commando français qui tentait de libérer Michel Germaneau, aux mains d’AQMI depuis quelques mois. L’opération ayant tourné au fiasco, la France de Sarko, qui voudrait bien se passer de nouveaux déboires, a fourgué le bébé à la Mauritanie. Qui a accepté de faire sienne cette attaque. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut mettre à son actif une victoire militaire, fut-elle factice. Les journaux espagnols ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en mettant en doute cette version servie par Ould Boilil, notre ministre va-t-en-guerre en attendant le retour de son homologue de la Défense. Plusieurs indices corroborent, selon eux, ce qui s’apparente à un cafouillage. La France a parlé d’appui logistique à l’opération qui se serait déroulée, selon l’AFP, entre Tessalit et Kidal à l’intérieur du Mali et la Mauritanie de soutien en matière de renseignements pour une attaque non loin de la frontière avec ce pays voisin. Inquiets pour la sécurité de leurs deux ressortissants aux mains de cette organisation, les ibériques craignent que cette escalade ne compromette définitivement les chances de les libérer. AQMI s’est d’ailleurs déjà vengée en annonçant avoir tué Germaneau en réprésailles. Cette opération aura en tout cas pour conséquence de nous mettre encore un peu plus dans l’œil du cyclone. Quand un pays aussi puissant que l’Algérie échoue à faire face à cette déferlante islamiste, que dire de nous ?
L’attaque du jeudi a eu au moins un ‘’mérite’’, celui d’avoir fait passer au second plan la sortie à la TVM du vice-président de l’UPR. Mohamed Yahya Ould Horma, à qui la télévision a ouvert grandement ses portes, a parlé pendant plus de 15 minutes au journal télévisé du mercredi 21 juillet dans un long monologue. La journaliste se contentant juste de placer un ou deux mots. Petit florilège : ‘’L’opposition discute déjà avec le pouvoir’’, ‘’Ce n’est pas Ould Abdel Aziz qui a signé les Accords de Dakar mais nous en tant que pôle politique, c’est donc avec nous qu’il doit y avoir dialogue’’, ‘’l’opposition doit d’abord reconnaître la victoire du président’’. Après avoir reçu deux leaders de l’opposition pour leur faire part de sa volonté de dialoguer, Aziz serait-il en train de changer de cap ? Le moins qu’on puisse dire est que cette sortie de celui qui est considéré son homme à l’UPR n’augure pas de bons lendemains pour un dialogue que tout le monde appelle de ses vœux mais qui risque de ne jamais voir le jour. Certains soutiens du pouvoir faisant de la résistance contre l’ouverture. Et quand ils tiennent ce genre de discours, c’est d’abord pour que la situation ne se décrispe pas.
Question subsidiaire : pourquoi la TVM n’a pas donné à l’opposition le même temps d’antenne pour donner son point de vue sur la question ? Parce qu’elle n’arrive pas à se départir de ses vieux réflexes et parce que ceux qui la dirigent considèrent qu’elle appartient au pouvoir et à lui seul.
Ahmed Ould Cheikh
Question subsidiaire : pourquoi la TVM n’a pas donné à l’opposition le même temps d’antenne pour donner son point de vue sur la question ? Parce qu’elle n’arrive pas à se départir de ses vieux réflexes et parce que ceux qui la dirigent considèrent qu’elle appartient au pouvoir et à lui seul.
Ahmed Ould Cheikh
Le CALAME, 28/7/2010
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