Editorial : Du riz, des balles et des euros

Ahmed Mesbah (L’expression Online, 16/8/2010) 

11 juin 2011. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a félicité l’Algérie pour avoir donné 2 500 tonnes de riz à la Mauritanie. C’est un acte humanitaire, certes, mais il n’est pas dénué d’une portée tout aussi importante qui est sécuritaire. Deux mois après ce don, qu’apprend-on à propos du front du Sud? Qu’il n’y a rien à signaler? Hélas, non. Trois informations parviennent du sud de l’Algérie. 12 immigrants égarés dans le Sud sont morts près de Tamanrasset de soif et de faim. La crise alimentaire secoue le Niger, le Tchad le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso. Mokhtar Benmokhtar et Abdelhamid Abou Zeid sont en conciliabule sur le sort de deux otages espagnols retenus au Mali alors qu’ils étaient kidnappés en Mauritanie.
A première vue, ces événements sont sans lien apparent. Sauf qu’ils incarnent des menaces potentielles pour la sécurité du pays. Et qu’ils ne manqueront pas de constituer des motifs d’intervention des forces étrangères à la région. La faim et la menace terroriste ont toutes les chances de pousser les populations des pays limitrophes de l’Algérie à fuir vers le Nord. Les composants du triptyque de la faim, du terrorisme et de l’immigration se trouvent ainsi imbriqués comme les maillons d’une seule chaîne. Et il serait prétentieux d’affirmer trouver une solution à l’un d’entre eux sans s’attaquer, de front, aux autres maux qui frappent la région du Sahel. D’où la nécessité d’une collaboration entre les divers pays. C’est déjà le cas lorsqu’il s’agit de trouver une solution aux problèmes des Touareg du Mali. Même ceux du Niger n’ont pas toujours été en bons termes avec l’ex- gouvernement du président Tandja. Tout ce beau monde composé de Sudistes risque, à n’importe quel instant, de céder aux sirènes de l’Aqmi. S’ils ne sont pas enrôlés dans les rangs d’organisations terroristes, ils offriront leurs services pour jouer aux guides, aux guetteurs et aux mercenaires.
Ce sont ces mêmes mercenaires qui kidnappent des ressortissants occidentaux pour les céder, contre de la monnaie sonnante et trébuchante, à des terroristes, qui réclament à leur tour des rançons aux capitales étrangères. On voit bien que cet engrenage infernal d’événements ne peut pas être «grippé» par quelques grains de riz. Il en faut davantage pour stabiliser le front du Sud. Pour l’instant, c’est l’approche sécuritaire qui a la cote auprès des gouvernements de la région. Or, même cet axe n’est pas tout à fait maîtrisé. Des réunions de coordination entre les chefs d’état-major des forces armées de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger ont eu lieu à Tamanrasset, mais l’alliance a failli voler en éclats après l’affaire Pierre Camatte. L’affaire Germaneau a aussi montré les limites du dispositif. Les différents protagonistes n’étant pas toujours prêts à suivre les recommandations arrêtées lors des rencontres en Algérie. Le non-paiement des rançons est l’une d’entre elles. Pourtant, l’argent est un autre élément déstabilisateur.
Commentaire de Diaspora Saharaui :
Les derniers évènements au Sahel montrent d’une façon contondante qu’il n’y a pas une véritable volonté de coopérer avec l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. L’axe France-Maroc-Israël n’en veulent pas. Cette Algérie qui s’affiche comme avant-garde contre l’intervention étrangère en Afrique et qui exige une alternance dans le secrétariat général de la Ligue Arabe doit être isolée, voir écrasée. Cet axe maléfique ne reposera pas jusqu’à faire du royaume voisin de la honte la puissance principale de la région. C’est la raison pour laquelle, cet axe a donné tout son soutien dans l’annexion du Sahara Occidental. Aujourd’hui, la France pousse ses alliés, le Mali et la Mauritanie, à trahir leur allié le plus fiable, l’Algérie. La libération du kidnappeur des otages espagnols est une autre preuve que Paris et ses alliés ne veulent pas la paix.

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