Pourquoi tout ce cinéma et que va-t-on dire au peuple marocain après l’avoir fait marcher pour des objectifs qu’il ne connaît pas?
MM. TAYEB CHERKAOUI et Alfredo Perez Rubalcaba, ministres de l’Intérieur respectifs du Maroc et de d’Espagne, se sont entretenus hier à Rabat, dans un climat qualifié de «cordial et serein» par une source marocaine responsable, rapporte-t-on de source médiatique locale.
Finalement, la visite effectuée mercredi dernier par l’ancien chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar dans l’enclave de Melilla n’a donc pas du tout perturbé le tête-à-tête maroco-espagnol comme le prévoyait Khaled Naciri, le porte-parole du gouvernement marocain, lorsqu’il s’essayait dans le rôle de chouafa. Aznar avait expliqué que son saut à Melilla c’était juste pour dire son désaccord sur le «harcèlement marocain» des deux présides. Les entretiens d’hier «ont porté sur des sujets d’intérêt commun, notamment la coopération sécuritaire, la lutte contre la migration illégale, le trafic de stupéfiants, le crime organisé ainsi que le terrorisme». La discussion a été riche et variée. Tout y était, sauf l’essentiel, c’est-à-dire la tension née des incidents de ces dernières semaines dans les enclaves de Ceuta et
Melilla et évidemment la question du Sahara occidental qui pollue les relations maghrébines en raison de la décolonisation ratée du territoire en 1975. Rien n’est venu dire non plus que les discussions ont pris en compte les doléances des manifestants marocains qui assiégeaient les villes occupées, revendiquant plus fort que jamais leur réintégration au Grand Maroc. Revendications qui ne semblent pas pour le moment enflammer le trône et encore moins les populations d’origine marocaine qui vivent dans les deux villes espagnoles. Mais si le tête-à-tête de Rabat n’a pas abordé la libération des présides, comme réclamé durant ces dernières semaines, pourquoi toutes ces bruyantes mobilisations ? Pourquoi tout ce cinéma et que va-t-on dire au peuple marocain après l’avoir fait marcher pour des objectifs qu’il ne connaît pas ? Madrid a choisi de jouer à l’apaisement et le roi Juan Carlos y contribuera par un prochain voyage conciliateur au Maroc. Juan José Ambroza, le gouversneur de Melilla, râlera-t-il moins contre la mollesse de Madrid, lui qui n’a cessé d’interpeller sa hiérarchie sur les provocations subies par la Guarda civile, y compris ses membres féminins ?
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 24/8/2010
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