Mauritanie, Mali, Burkina-Faso : S’unir pour transiger avec AQMI.

Par Khalilou Diagana

La Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso. Ces trois pays ont, a des degrés divers, joué un rôle dans les démarches et négociations sanctionnées par la libération des deux otages espagnole détenus par AQMI pendant neuf mois. 

Pour libérer Roque Pascual et Albert Vilalta, enlevés enMauritanie et détenus au nord Mali, Aqmi a exigé, entre autres conditions, la libération d’Oumar Sahraoui. Accusé d’avoir organisé le rapt des deux humanitaires espagnols sur la routeNouadhibou Nouakchott, « sahraoui » a été condamné à 12 ans de prison par la justice mauritanienne. Nouakchott avait vivement protesté après la libération de quatre éléments d’AQMIdétenus au Mali. 

Liberés en contrepartie de l’élargissement de l’otage français Pierre Camate. La Mauritanieavait engagé une demande d’extradition d’un des quatre terroristes. Nouakchott avait alors rappelé son ambassadeur en poste à Bamako.

Les autorités mauritaniennes, a commencé par le président de la République, ne cessaient de marteler : « Nous ne céderons à aucune exigence des terroristes.» Libérer Oumar Sahraouiallait donc s’apparenter à une sorte de reniement d’une position affirmée avec fermeté. Seulement, la pression espagnole a été très forte. Le 16 aout dernier, Oumar Sahraoui a été extradé vers le Mali…pour permettre sa remise à AQMI. Une condamnation libération qui est en réalité la première étape vers l’échange prisonnier/Otages.

C’est le Mauritanien, Moustapha Limam Chafi, conseiller du président Burkinabé, Blaise Campaoré, qui a fait plusieurs visites « sur le terrain ». Pendant plusieurs semaines de rencontres discrètes avec les dirigeants D’AQMI, l’idée de l’extradition de « Sahraoui » deNouakchott vers Bamako est acceptée par la Mauritanie et le Mali.

La suite : l’échange a été fait. Les deux espagnols ont pris le chemin de leur pays viaOuagadougou. Oumar Sahraoui a rejoint ses amais d’Aqmi au nord mali ou ailleurs. Selon des citoyens maliens impliqués dans les négociations, l’Espagne a débloqué huit millions d’euros pour faire libérer Roque Pascual et Albert Vilalta. Zapatero, dans sa déclaration n’a fait allusion a aucun paiement de rançon.

Dans un enregistrement diffusé après la libération des otages espagnols, AQMI déclare que le dénouement de l’affaire des otages espagnols est « « une leçon que les hommes politiques français doivent bien méditer pour agir rationnellement pour ne pas provoquer la mort de leur concitoyen.» Une opération mauritano française en juillet dernier visant (selon Paris) la libération de l’otage français Michel Germaneau avait « échoué.» L’otage lui a été assassiné. 

L’Algérie a toujours mené campagne pour que les Etats confrontés à la menace terroriste d’AQMI refusent de transiger par le paiement de rançons ou l’échange d’otage avec des éléments terroristes. La Mauritanie par ses protestations après la libération de Pierre Camatte et les déclarations de son président de la République avait semblé adhérer à la position intransigeante d’Alger. Mais avec la condamnation-extradition-libération de Oumar Sahraoui…

A défaut de s’entendre sur une ligne de conduite commune pour lutter contre le terrorisme, les états s’organisent pour transiger avec les terroristes. Aqmi ne s’en portera que mieux. Mais c’est le prix à payer pour éviter l’assassinat d’innocents humanitaires.

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