L’hypothèse de la rançon payée par le gouvernement espagnol à Al-Qaïda pour la libération de ses otages se confirme davantage. Le quotidien El Mundo, dans son édition d’hier, a publié l’information selon laquelle le gouvernement espagnol aurait versé une rançon à la branche maghrébine d’Al-Qaïda pour récupérer ses deux ressortissants depuis près de neuf mois au Mali. Selon le gouvernement espagnol, aucune rançon n’a été versée pour récupérer Roque Pascual et Albert Vilalta, les deux membres de l’ONG Accio Solidarisa enlevés fin 2009. Sans toutefois citer sa source, le même journal a avancé, dans le même article, que sept millions d’euros ont été versés en plusieurs fois. Le Mundo explique qu’une première somme de 3,8 millions d’euros aurait tout d’abord été payée en janvier. Mais une bonne part de l’argent aurait été prélevée par des intermédiaires. Au final, 1,5 million seulement était parvenu aux ravisseurs. Une nouvelle somme d’environ 3 millions d’euros (2,3 millions pour les ravisseurs et 770 000 pour les intermédiaires) aurait alors versée entre avril et mai. Des médiateurs maliens parlent quant à eux de huit millions d’euros, tandis que le Burkina Faso dément avoir servi d’intermédiaire pour une quelconque somme d’argent. En mars dernier, le gouvernement espagnol avait nié farouchement le versement d’une rançon. «C’est en tout 8 millions d’euros qui ont été versés aux ravisseurs des Espagnols», a affirmé à l’AFP un médiateur malien impliqué dans les affaires de libération d’otages européens dans le Sahel. «Oui, on peut dire que c’est le gouvernement espagnol qui a payé la somme. Même si ce n’est pas lui qui a tout payé (directement), il va d’une manière ou d’une autre rembourser la dette aux pays, aux personnes qui ont engagé des frais dans l’affaire», a ajouté la même source. Pour sa part, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a affirmé, lundi dans un message enregistré, avoir libéré les deux Espagnols parce que certaines de ses revendications, avaient été satisfaites sans toutefois donner plus de détails dans ce sens. Une chose est sûre, pour libérer les deux humanitaires, l’Aqmi a obtenu gain de cause sur un point : la libération d’Omar Sid-Ahmed Ould Hamma, dit «Omar le Sahraoui». Détenu par la Mauritanie, il était à l’origine de l’enlèvement. Un élu malien affirme également que trois autres islamistes ont été libérés en catimini. Al Qaïda au Maghreb a aussi souligné que la libération des deux Espagnols constituait une «leçon adressée aux services secrets français et à la France après la mort de Michel Germaneau».
Nouara N.-K
La Nouvelle République, 25/8/2010
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