Mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat à Paris en 1987 de Ali Mecili, le diplomate Ziane Hasseni vient de bénéficier d’un non-lieu accordé par la cour d’appel. La justice française a tranché sur le cas d’un Algérien qui avait été soupçonné à tort. Il est innocent. Mais l’affaire doit-elle s’arrêter là ?
Cet homme a été accusé d’assassinat, emprisonné sans preuves, sur de simples soupçons, malgré son statut de diplomate, ce qui par ricochet touche l’Etat dont il est l’employé et le représentant. Il a été aux yeux du monde entier, par le biais de la médiatisation, un criminel arrêté et traîné devant les tribunaux. Aujourd’hui, il est libre et bénéficie d’un non-lieu. C’est tout. On n’efface pas tout, et on ne recommence pas !
Sans préjuger des réactions de Hasseni, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Ou il est coupable, avec preuve, et on ne comprend pas pourquoi il est déclaré innocent. Dans ce cas, la justice française n’est pas une justice. En libérant un coupable, elle est à l’image que les médias, les politiques et l’opinion française se font de la justice algérienne. Ou bien, il est innocent, et on ne comprend pas pourquoi il a été traité en coupable. Quelqu’un lui a fait du tort, et doit pour cela payer. Si c’est la justice française elle-même qui s’est autosaisie pour arrêter un innocent, elle doit rendre des comptes à la victime et à l’Etat dont elle a foulé au pied les droits d’immunité diplomatique. Mais personne n’est dupe, l’arrestation de Hasseni a été ordonnée par le politique, et sans doute au sommet. La justice française n’a fait qu’obéir et se déjuger.
Dans tous les cas de figure, cette justice n’a pas été à la hauteur de sa vocation et du pays qu’elle représente. Hasseni est en droit d’exiger réparation. Naturellement, on se réjouit du non-lieu de Hasseni, pas parce qu’il occupe une fonction importante mais parce qu’il est innocent. Et tout le monde souhaite probablement tourner cette mauvaise page. Mais, comme toujours, une histoire dont on ne tire aucune leçon, finit par se répéter. En l’occurrence, il faut se demander qui s’est autorisé à jouer avec la liberté et la réputation d’un homme, dans quel obscur dessein et comment a-t-il pu se le permettre ? Cette affaire, au dénouement heureux pour Hasseni, est d’une richesse inouïe en enseignements.
Aïssa Khelladi
Le Jour d’Algérie, 1/9/2010
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