Le Maroc, en tête des pays producteurs de résine de cannabis

Le dernier rapport de l’Office des Nations Unies de lutte contre la drogue et la criminalité place le Maroc en tête des pays producteurs de résine de cannabis ou, comme on l’appelle communément au Maroc, du « kif ». mais il montre également une réduction des régions de culture dans tout le pays. Le rapport indique que le gouvernement marocain a fait état de 60 000 hectares consacrés à la culture du cannabis en 2008 , contre 76 400 hectares en 2005 et 134 400 hectares en 2003.

Khalid Naciri ministre de la communication et porte parole du gouvernement a affirmé que cette diminution était due au fait que les pouvoirs publics avaient « fait leur devoir » concernant les conséquences économiques et sanitaires du trafic illégal de stupéfiants.

Cette année, les autorités marocaines ont mis la main sur un chiffre record de 32,2 tonnes de résine de cannabis lors d’une seule opération. La cargaison illicite a été saisie dans le port de Casablanca, et était destinée à l’Espagne.
Ce rapport signale également une baisse dans la quantité de résine de cannabis saisie au Maroc : 440 747 kg entre 2005 et 2007, contre 468 727 kg entre 2002 et 2004. Selon ce rapport, l’Afghanistan se classe deuxième, avec 440 747 kg durant la même période 2005 à 2007.

En 2007, sur la quantité totale de cannabis saisie par les autorités dans le monde, 4 pour cent l’ont été au Maroc.

Bien que ce document indique une réduction des surfaces de culture, leur importance inquiète encore les pouvoirs publics et les spécialistes.

Près de 21 pour cent de la résine de cannabis en circulation dans le monde entre 2005 et 2007 avaient été exportés du Maroc. Ce chiffre n’était que de 17 pour cent entre 2002 et 2004. L’Afghanistan se classe deuxième avec 9 pour cent.

Les chiffres d’affaires du Marché international du haschisch d’origine marocaine est estimé a 4 .6 milliards d’euros.

Cependant, des associations locales se montrent sceptiques a l’égard des chiffres contenus dans ce document . »Bien que ce rapport parle de diminution des zones de production de cannabis », explique Mohammed Hamouchi, vice-président de l’Association rifaine des droits de l’Homme, « il montre aussi une augmentation des quantités saisies ; le pourcentage de production reste élevé. Cela nous incite à douter quelque peu des informations concernant une réduction des terres cultivées, considérant que la mesure de ces superficies ne se fait que par satellites. Les chiffres de ce rapport ne sont que des estimations. »

La culture du cannabis représente , depuis plusieurs décennies, une inépuisable source de revenus pour les familles pauvres au nord du Maroc longtemps ignorée par les autorités en temps de Hassan II. environ 800.000 Marocains vivent en grande partie de cette culture illicite qui leur assure un revenu brut de 3600 euros par famille chaque année.

La production brute de cannabis au Maroc est estimée a 53 000 Tonnes par an. Le cannabis brute est vendu par les petits agriculteurs a 50 dirhams le kilo , alors que le prix de vente de la résine du cannabis est fixé a 4000 dirhams le kilo.

Le gouvernement marocain , souvent accusé de laxisme envers le trafic de drogue ,a accentué sa campagne contre les trafics de drogue à la suite de pressions de l’Union Européenne, notamment après que celle-ci eut consenti au Maroc le « statut avancé ».

Cultivé depuis le XVème siècle dans le Rif central, le cannabis s’est étendu durant les 20 dernières années jusqu’à des terres de la côte atlantique au nord-ouest du Maroc. La lutte contre le trafic de stupéfiants au Maroc s’intensifie de jour en jour. Au point que plusieurs provinces au nord du pays ont été déclarées sans culture de cannabis. Cette performance a été enregistrée après que les agriculteurs du cannabis s’étaient engagés à ne pas cultiver cette plante à proximité des barrages, des étangs et des espaces forestiers.

Aussi, l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du Nord du Royaume (APDN) a-t-elle mis en place un programme alternatif, d’un montant annuel de 400 millions d’euros et qui vise à encourager les exploitants à opter pour des cultures alternatives autres que le cannabis. Par conséquence, les superficies de la culture du cannabis ont connu une réduction considérable ces dernières années.

Les plus grandes diminutions ont eu lieu dans la province d’Al Hoceima, suivie de Taounate, et de Larache. La région de Ketama et Chefchaouen représente 20% de la production totale de cannabis, soit 10.000 tonnes par an, pour 27.000 hectares.

En Avril dernier Le village de Bab Berred, niché au cœur des montagnes du Rif était le théatre de violents confrontations entre les agriculteurs el la gendarmerie royale après la tentative de perquisition dans le domicile d’un cultivateur de cannabis . Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues pour dénoncer la corruption des autorités dont les cultivateurs se disent victimes.

La production de haschisch est certes interdite par la loi, mais elle est néanmoins tolérée par les autorités qui, selon les fermiers, y trouvent aussi leur compte. Malgré des pressions européennes sur le gouvernement marocain pour éradiquer cette culture, et plusieurs projets visant à réduire la production de cannabis, la quasi-totalité des cultivateurs continuent à cultiver la plante au suet au vu des autorités.

Pour le militant associatif Mohamed Hammouchi « il n’existe aucune solution immédiate au problème. « Toutefois », a-t-il ajouté, « nous pouvons réduire les volumes de production. Nous devons d’une part envisager de réelles alternatives pour les fermiers des régions récemment concernées par cette récolte, et d’autre part, légitimer l’agriculture dans les régions connues pour leur traditionnelle production, en créant des usages alternatifs pour cette culture, en particulier dans l’industrie pharmaceutique. »

Par Anas Bensalah

Source : Guinguinbali, 1/9/2010

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