Le rêve chimérique de Mohamed VI, roi du Maroc et Commandeur des Croyants, serait de prendre un jour le couscous sur la grand-place de Melilla et qu’au soir on lui serve un thé fumant et aromatique en regardant la mer depuis la corniche maritime de Ceuta. Et ensuite, en volant sur son tapis magique Boeing 747, atterrir à El Aaiún avec le temps pour dîner d’une soupe de courge avec harissa et une « plaquette » de pigeon très aromatisée avec gingembre, cumin et coriandre. Mais ce mirage du désert se heurte avec la réalité d’un territoire autonome comme le Sahara Occidental dont la souveraineté marocaine n’est reconnaît par aucun pays du monde; et avec la matérialité indubitable sociale, historique et culturelle espagnole des enclaves du nord.
Entre le rêve et le cauchemar, avec en mémoire la grande victoire de la Marche Verte qui a interrompu le processus de décolonisation espagnole dans la terre des phosphates, le Maroc en alimentant l’illusion et en construisant un réseau diabolique de complicités politiques, de doublements diplomatiques, les manigances conflictuelles, qui constituent le mystère capable de révéler pourquoi Rabat passe de l’amour à la haine, de la coopération à la méfiance, de l’amitié au ressentiment. Ils disent que c’est l’îlot Persil, la tension frontalière dans les villes autonomes, les jeux d’ambassade ou les fuites surprenantes du roi quand il faut célébrer un sommet bilatéral.
Avec le temps, il a pu construire un double langage qui est impulsé depuis le Palais vers l’Espagne. Parce que des traités d’amitié son signés, en même temps que l’on cultive l’image de l’ennemi espagnol ‘ extraordinairement utile pour dévier l’attention de la politique interne. Un incident mineur comme la capture d’un bateau de pêche de drapeau marocain a déchaîné l’occupation infantile de l’îlot de Persil. Les négociations avec l’UE sur des quotas de pêche ont pu inciter des avalanches d’illégaux. Ou, comme ces derniers jours, une présence inhabituelle d’agents du CNI et de son activité croissante au nord du Maroc, le pouls frontalier sur les villes autonomes avec l’excuse de mauvais traitement policier aux voyageurs maghrébins.
Si Hassan II a ‘reconquis’ dans la décadence du franquisme les territoires espagnols d’Afrique comme décrit dans l’histoire locale, à Rabat ils ne désespèrent pas d’ouvrir un jour le débat international sur la souveraineté des places espagnoles. Ou, à cheval d’un revirement démographique non lointain, pouvoir appliquer la très récente Charte Nationale de Décentralisation du Maroc pour offrir à Ceuta et Melilla une « ample autonomie ». Ça oui, sous souveraineté du Maroc et avec un wali ou un gouverneur local à la tête de la place.
Par Juan Carlos Viloria
Par Juan Carlos Viloria
Source : Diario Vasco, 2/9/2010
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