Q : Si la solution du conflit dépendait de vous, quelle serait votre décision?
R : Je traite des informations et propose des actions. Les politiques décident les actions a mener. Mais la meilleure chose que nous pouvons faire c’est de maintenir une position forte au Maghreb. Il y a trop d' »intérêts en jeu. Et pas seulement les économiques. Il y a aussi l’immigration, la pêche, le terrorisme islamique.
Q : Ils sont nombreux ceux qui désignent le Maroc comme berceau de terroristes, et signalent même le roi comme cerveau du 11-M;
R : Le roi du Maroc est corrompu; insensible, capricieux et, parfois, imprévisible, mais l’accuser d’un acte aussi grave sans preuves c’est quelque chose de sérieux.
Q : Pouvez-vous me dire s’il y a un indice quelconque qui le lie avec les attaques terroristes de Madrid?
R : Je n’ai pas mené cette enquête, mais la phrase d’Aznar en disant que ceux qui ont commis ces attentats il fallait pas les chercher dans des déserts lointains, a lancé un grand débat.
Q : Vous n’avez pas répondu à ma question?
R : Il me dédit un grand sourire – a bon entendeur…
Q : Pourrions-nous finir notre interview avec un message optimiste pour nos lecteurs?
Mon ami, les optimistes sont, par définition, des personnes mal informées. -Il sourit encore – Depuis longtemps, il y a des voix au sein du CNI qui essayent de convaincre nos politiques pour qu’ils soutiennent les mouvements indépendantistes au Maroc. Riffains, sahraouis, etc. Ce serait une bonne manière de leur retourner ce qu’ils font dans notre pays. Il faut tenir en compte qu’ils n’ont aucune opposition, il n’y a pas d’opinion publique libre. ET dans un conflit avec l’Espagne, n’importe quel conflit, ils n’ont personne à qui donner des explications.
R : La région est déjà suffisamment déstabilisée. Pour gagner, il faut avoir la volonté de le faire, il faut parier fort pour les groupes qui sont contre le roi du Maroc, qui est un ennemi déclaré de l’Espagne. Il est question d’appliquer un plan, qui existe déjà, mais que ni le PP ni le PSOE n’appliqueront jamais.
Q : De toutes façons, et si j’ai bien compris, vous soutiendrez les berbères et les sahraouis comme méthode pour déstabiliser la monarchie alaouite et éloigner les problèmes de l’Espagne. Cependant, la communauté internationale ne le permettrait pas – La France en tête – parce qu’ils considèrent que Mohamed VI est la meilleure garantie dans la lutte contre le terrorisme islamique.
R : Vous avez raison, mais la communauté internationale se trompe. Regardez, dans tous les attentats perpétrés en Europe il y avait des citoyens marocains, et cela sans parler de la participation des services secrets dse ce pays dans le 11-M. Marruecos exporte, aujourd’hui, plus de terroristes que tout autre et les islamistes radicaux campent à leur guise dans le pays voisin. Mohamed les contrôle quand ça lui convient, mais au moment venu, il les utiliserait contre l’Espagne. Mais si nous soutenions les berbères qui ont subi des agressions de tout type, et pas seulement culturelles, et nous profiterions de la conjoncture pour essayer d’aider les groupes les plus, modérés – la grande majorité – L’Espagne, en tant que nation, n’aurait jamais à se faire de souci pour Ceuta et Melilla. Il est vrai qu’il faut appuyer que le nord du Maroc soit un endroit stable, juste et où les droits humains sont respectés.
Q : Et rendre la terre à ses propriétaires légitimes?
R : Bien sûr, parce que, en plus, les Rif et le Sahara Occidental n’ont rien à voir avec les arabes. L’Espagne, en soutenant la création de deux Etats, la République Sahraouie et celle du Rif, parierait par deux Etats amis reconnaissant pour la vie. Il est question d’avoir un regard à long terme. La France aurait sa zone d’influence au Maroc, et nous au nord de l’Afrique.
Q : En d’autre mots, le chien mort, la rage est finie.
R : Je n’aurais pas pu l’exprimer mieux. Le Maroc, d’un coup, ne serait plus notre voisin. Le plan n’est pas aussi fou comme il en a l’air et il y aurait beaucoup de pays qui le soutiendraient. L’Algérie y compris, bien sûr.
Q : Cependant, vous reconnaissez non seulement la difficulté de mener à bien ce plan, mais nous avons aussi les liens tissus par certains de nos politiciens avec la monarchie alaouite.
R : Je comprends. Et je suis d’accord avec vous. Je me rappelle comment Felipe Gonzalez passait de défendre les sahraouis à être un grand allié des intérêts marocains. L’Espagne a été vendue, et nos dirigeants socialistes aussi. Beaucoup parmi eux ont des affaires au Maroc. Mais cela est un secret répandu. Cependant, comme ils se sont vendus à une partie, ils peuvent recommencer -il fait un clin d’oeil- en plus, l’opinion publique a envie de savoir comment certains partis politiques sont financés au Maroc.
Il est tard et mon contact des services secrets décide qu’il a assez parlé en un jour. IL se lève, paie l’addition et, après avoir dit au revoir cordialement, il s’introduit dans la nuit de la chaîne de montagnes de Madrid.
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