Les personnes que se sont rendues à El Aaiun pour réclamer justice pour le peuple sahraoui, méritent l’appaludissement et l’admiration de tous les partisans de la paix et d’une solution juste et démocratique pour la République Arabe Sahraouie Démocratique. Porter la solidarité jusqu’à l’extrême comme fait par ces collègues n’est pas facil.
Avec courage ils ont affronté cette terrible machine répressive qui est l’état marocain. Etant assez dure la manière inhumaine ils ont été traités,il aurait pu être pire, et certains en craignait le pire. La valeur d’aller à la gueule du loup n’est pas à la portée de tout le monde, et pour cette raison ceux qui l’ont doivent sentir le soutien et le support de tous ceux que n’osons pas courir cette dangereuse aventure. Les personnes solidaires d’El Aaiun ont montré être à l’avant-garde dans le mouvement de soutien au peuple sahraoui, et il est sûr qu’après cet honorable épisode de nouvelles formes de solidarité seront inventés, et mises en marche d’ici et depuis nombreus autres endroits. La grandeur des activistes solidaires est le contraste le plus évident à la misère des deux gouvernements; celui de l’Espagne et celui du Maroc. La diplomatie du cynisme aussi propre de la realpolitik représente le côté le plus pervers de la politique. Sa misère de compteur d’intérêts (économiques, sécurité, géopolitiques, etc..) situe ses acteurs dans le pire de l’héritage humain. Quels pauvres et pathétiques les déclarations de Zapatero et Moratinos, et quel fut grand le geste solidaire des amis du Sahara!
La défense des intérêts nationaux n’est pas la défense de l’intégrité physique des citoyens du pays, sinon la protection des intérêts économiques des entreprises qui opérent dans le pays. Les centaines d’entreprises, beaucoup sont des multinationales, qui vont à la recherche de main d’oeuvre « bon marché » et docile, pèsent beaucoup plus dans les intérêts nationaux espagnols que la défense des droits de l’homme et du droit international, quels que soient les discours inventés qui racontent l’histoire à l’envers.
Quand la RASD aura enfin ses objectifs, quand cette lutte ne sera plus que dans les livres d’histoire, quand les institutions du Sahara libre et de l’état espagnol pourront reprendre avec normalité les relations politiques, culturelles, économiques, et établir des relations bilatérales de fraternité et de bon voisinage, la position timorée et lâche du gouvernement espagnol et réactionnaire et assassin de la monarchie alaouite, nous la lirons comme un nouvel épisode de l »histoire noire de l’Espagne et du Maroc. La position de la diplomatie espagnole en considérant comme bonne l’explication du gouvernement marocain sur les auteurs de l’agression contre les activistes canariens, reste démentie par l’information donnée par la presse réactionnaire du Maroc.
« Les services de sécurité n’allaient pas laisser prospérer cette ridicule provocation » a écrit le journal Aujourd’hui le Maroc; ou « l’intervention des forces de l’ordre contre les manifestants espagnols qui ondoyaient des drapeaux du Polisario en plein centre d’El Aaiún », a récité Le Soir; « l’interpellation de la police a eu lieu au moment où ses militants se préparaient à déployer des pancartes » informa Liberation. Cette version des faits, qui coïncide avec les témoignages des activistes canariens, laisse bien au découvert de quel côté se trouve le Gouvernement espagnol.
Mais au-delà des témoignages de la presse marocaine et des activistes prosahraouis, l’Exécutif espagnol ne peut pas ignorer comment les forces d’occupation agissent dans un territoire soumis à sa terreur. Là-bas, rien n’est innocent. Ni la police, ni les colons ni l’armée, ni les services de sécurité. La brutalité quotidienne de l’occupation n’est pas un acte spontané et arraché de citoyens ingénus, mais la violence planifiée et systématique d’un état totalitaire et colonialiste. Le colonialisme et l’occupation sont des actes barbares et racistes, il n’y a pas de plus grande violence ni plus injustifié que celle qu’ils engendrent. Tout ce que Frantz Fanon avait expliqué un jour n’a pas perdu une miette de vérité. « Le monde colonisé est un monde coupé en deux.
La ligne divisoire, la frontière est indiquée par les panneaux et les délégations de police. Dans les colonies, l’interlocuteur valable et institutionnel du colonisé, le porte-parole du colon et du régime d’oppression est le gendarme ou le soldat (…) Dans les régions coloniales, (…) le gendarme et le soldat, par sa présence immédiate, ses interventions directes et fréquentes, maintiennent le contact avec le colonisé et lui conseillent, aux coups de culasse ou en incendiant ses villages, qu’il ne bouge pas. L’intermédiaire du pouvoir utilise un langage de pure violence . L’intermédiaire porte la violence à la maison et au cerveau du colonisé « .
Domingo Gari
ABC, 3/9/2010
Be the first to comment