Les incidents des activistes espagnols à El Aaiún sont beaucoup trop loin d’être résolus « d’une manière satisfaisante ». Les gouvernements espagnols et marocains ont essayé de jeter du sable sur l’affaire, mais dans cet humus vont grandirquelques inconvenances pour la raison d’État, comme la flottille de la libertéannoncée pour le Sahara Occidental. De tout l’épisode, cependant, l’un des éléments les plus burlesques ont été les déclarations du ministre de la Communication marocaine. Selon lui, qu’un groupe de personnes réclament in situ l’indépendance de la colonie ancienne espagnole occupée par le Maroc offensait le « sentiment national » de ce dernier pays.
Oui, nous sommes arrivés à ce niveau d’absurdité. Il se trouve que le Maroc occupe illégalement un territoire qui ne lui appartient pas, en mettant à profit la faiblesse du franquisme agonisant. Une fois installé là-bas, il se moque des résolutions de l’ONU et de tout le monde, impose un régime féroce contre les sahraouis-mêmes et ensuite quand quelqu’un le rappelle à l’ordre, se sent touché dans son « sentiment national ». La vache!
Il faudra expliquer que, dans son origine, le nationalisme est un facteur de cohésion collective, semblable, chez un individu, à ce qui est l’estime de soi. Mais l’estime de soi peut aussi déborder dans un excès, ou s’avérer nuisible. Dans les mains d’un état puissant, avec son armée et sa police – et quelle armée, et quelle police!-, il devient une arme létale.
Le Sahara n’est pas marocain par la volonté d’Allah. Il l’est plutôt par la volonté d’Alí Baba. Qu’ils s’enroulent bien dans leur drapeau, si tel est leur souhait. Mais, la communauté démocratique internationale peut-elle éternellement rester impassible ?
Joan Garí
Publico.es, 7/9/2010
Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
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