L’Afrique, profondeur stratégique de l’Algérie

Bouteflika est au sommet de l’UA qui se tient à Addis-Abeba. L’Algérie renoue depuis quelques années avec l’Afrique. Deux axes principaux constituent la priorité de son action. Il s’agit de la coopération économique dans des domaines majeurs, comme le gaz, ou scientifique, à travers des programmes satellitaires avec l’Afrique du Sud et le Nigeria. L’Algérie entend favoriser la distribution du gaz nigérian à l’Europe par la mise en œuvre d’un gazoduc transsaharien (NIGAL) long de 4000 km et qui nécessitera des investissements de l’ordre de 120 milliards. Ce gazoduc sera doublé par un câble de fibre optique qui reliera les deux capitales (Alger et Lagos) permettant l’initiation d’un véritable partenariat dans différents domaines. D’autant que les deux pays viennent de décider avec l’Afrique du Sud, la création d’une coordination de satellites spatiaux destinée à la lutte contre la désertification, la gestion de l’eau et de l’étude géologique. Le deuxième axe consiste à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour la gestion des conflits internes, directement et sans intermédiaires. L’engagement de l’Algérie dans cette voie se traduit par ses prises de position officielles, mais aussi par son implication concrète dans l’avènement d’un Etat fort et stable en Somalie, devenu un terrain de guerre pour des parties extérieures, au Soudan, où le mandat lancé contre El Bachir est la meilleure façon d’aggraver les problèmes plutôt que de favoriser leur solution, en Côte d’Ivoire, au Congo et, récemment, en Guinée. Sans oublier le Sahara occidental, membre de l’UA, en conflit avec le Maroc qui n’en est pas membre. Il s’agit donc d’un axe politique sans lequel l’axe économique restera comme un corps sans âme. Régler ses propres conflits permettra d’assurer une paix stable. Coopérer économiquement consolidera la paix. Le défi n’est pas simple, l’avenir du continent en dépend. Tout le monde ne partage pas la même vision. La Libye entend promouvoir une autre approche, plus personnelle (autour du guide libyen) et dont la contradiction réside dans le fait qu’elle se veut à la fois officielle, passant par les Etats, et officieuse, s’adressant directement aux peuples. L’Egypte, qui se recentre sur le Proche-Orient, appuie la Libye pour des raisons économiques (les investissements de ce pays ont dépassé les 10 milliards de dollars et le marché libyen est largement ouvert aux «frères» d’Egypte). Les Marocains, quant à eux, se défient d’une institution à laquelle ils n’appartiennent plus et œuvrent pour son parasitage à travers la coopération avec des pays cibles, dans le sillage de la présence française. De fait, il se dégage dans le continent un véritable axe constitué par l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud dont l’échec ou la réussite déterminera celui de l’Afrique toute entière.

Par Aïssa Khelladi

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