Raffarin, l’homme de la dernière chance

Il a été désigné par Sarkozy pour essayer de détendre les relations entre Alger et Paris

Le président français Nicolas Sarkozy qui fait face à une grande pression interne à la suite de ses  » réformes  » qui passent très mal, et des scandales financiers qui l’éclaboussent ainsi que certains de ses plus proches collaborateurs, vient de charger l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin d’une mission sur la coopération économique entre la France et l’Algérie et le développement des investissements dans les deux pays.

Après une position « négative » par rapport aux mesures économiques prises par le gouvernement algérien dans la LFC 2009, Paris vient apparemment de se réveiller de l’illusion qui dit que « la France reste le partenaire privilégié de l’Algérie ».

C’est mercredi dernier que Raffarin a publié la lettre de mission de Sarkozy, rapportée par l’AFP, une mission qui intervient après plus d’une année de relations compliquées entre les deux pays au point où le dialogue entre les officiels n’a pas trouvé de solution. Par le biais de son Premier ministre Ahmed Ouyahia, l’Algérie a affiché son attachement à toutes les nouvelles dispositions économiques prises dans le cadre de la LFC 2009 et sur lesquelles il est impossible de revenir. En tout cas, les différentes mesures ont été une nouvelle fois confirmées et appuyées dans le cadre de la loi des finances complémentaire de 2010, publiée au Journal officiel lundi dernier.

De son côté, Paris n’a montré aucune souplesse par rapport à ces mesures, au moment où les autres partenaires de l’Algérie, notamment européens, asiatiques et autres, ont affiché leur disponibilité à travailler avec l’Algérie dans le cadre de sa nouvelle législation économique. Paris, en maintenant sa position obtuse, est en train de griller ses vaisseaux en oubliant que le temps est révolu où les autres nations, pour traiter avec l’Algérie, devaient passer par la France. 

Il faut dire qu’avec le lancement du nouveau plan d’investissement public doté d’une enveloppe de 286 milliards de dollars, la France risque de se trouver sur la touche, alors que la solution de sortie de la crise financière mondiale est d’aller vers les autres marchés.
Ainsi, M. Sarkozy a choisi Raffarin pour tenter de sauver ce qui le reste des relations économiques algéro-françaises. Dans ce cadre, l’ancien Premier ministre a expliqué dans un communiqué que « cette mission en Algérie aura pour but d’identifier et de lever les obstacles entre la France et l’Algérie pour leurs investissements économiques respectifs ».

Il est à rappeler qu’avant de charger M. Raffarin de cette mission, M. Sarkozy avait fait une autre tentative. Il s’agit de l’envoi du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, qui a été reçu à Alger par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, les 21 février et 20 juin, pour des entretiens. 

Outre les différents dossiers qui fâchent entre les deux pays, cette réunion a évoqué le thème des relations économiques. Mais depuis, Paris n’a pas répondu aux conditions d’Alger. 

En tout cas, le président Sarkozy a écrit dans sa lettre de mission que « les deux hommes se sont accordés sur l’opportunité de confier de part et d’autre le suivi de ces relations à une personnalité de haut niveau, dont le rôle serait notamment de coordonner la coopération économique franco-algérienne ainsi que le développement des investissements français en Algérie et algériens en France ». 

Avant d’ajouter : « Si notre pays demeure l’un des tout premiers partenaires économiques de l’Algérie, pour autant nul acquis n’est définitif et nous devons veiller à maintenir et autant que possible accroître nos positions et marchés ». M. Sarkozy n’a pas manqué d’évoquer ce qu’il a appelé « des difficultés » rencontrées parfois par les entreprises françaises opérant en Algérie qui « nécessitent un accompagnement extérieur ».

Selon lui, « dans ce contexte, l’intervention d’une personnalité spécifiquement chargée des relations économiques bilatérales montrera à nos partenaires algériens comme à nos entreprises la volonté de la France d’apporter un soutien concret à notre présence en Algérie ».
Soulignons pour finir que les échanges entre les deux pays ont atteint 7,75 milliards d’euros en 2009, en recul de près de 3 milliards par rapport à 2008.
W. B.

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