Les chefs de corps de renseignement des quatre pays du Sahel : le Mali, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie se réuniront demain à Alger, selon l’agence de presse koweitienne Kuna qui cite un haut responsable algérien.
Cette rencontre a pour but la création d’une cellule de renseignement chargée du suivi des activités des groupes armés qui écument cette large région transfrontalière. Plus de 50 jeunes touaregs ont en effet décidé récemment de rejoindre El-Qaïda au Maghreb, selon la source algérienne citée par l’agence koweitienne. Selon cette agence de presse, les délégations des services de renseignement des trois pays du Sahel les plus concernés par les menaces d’El- Qaïda, sont arrivées avant-hier à Alger, en vue de prendre part à cette réunion.
Auparavant, les attachés de défense des ambassades des pays cités ont tenu une réunion de préparation à la rencontre des chefs des corps de renseignement, prévue sur deux jours. La cellule de renseignement à créer sera chargée du suivi des activités des terroristes affiliés à l’AQMI, à travers la mise sous écoute de leurs appels et du recrutement d’individus qui connaissent bien le Sahara afin de pouvoir traquer les terroristes. Cette cellule vient compléter le Comité des états-majors conjoints des pays du Sahel (dont l’Algérie), créé en avril dernier, et basé à Tamanrasset.
La coopération sécuritaire entre les pays du Sahel a été secouée par deux gros événements sécuritaires qui ont failli mettre à mal la coordination entre ces pays. Le premier concerne la Mauritanie qui a demandé un soutien militaire à la France pour mener un raid contre El-Qaïda au Mali. Le deuxième se rapporte aux pressions exercées par l’Espagne pour la libération des deux otages espagnols, contre la remise du terroriste Omar Sahraoui pour le Mali. Par ailleurs, cette réunion des chefs de renseignement intervient quelques jours après les révélations faites par le conseiller à la présidence algérienne, M. Kamel Rezzag Bara à l’ONU, concernant la stratégie antiterroriste mondiale où il avait annoncé que l’Espagne a versé 8 millions d’euros aux terroristes et à leurs intermédiaires. D’ailleurs, le quotidien espagnol El Mundo est revenu sur la libération de terroristes et sur les versements de rançons par les pays occidentaux pour la libération des ressortissants enlevés par El-Qaïda au Sahel en s’appuyant sur les chiffres fournis par Rezzag Bara. Après l’Espagne, l’Italie occupe la seconde position avec 3,6 millions d’euros, suivie de l’Autriche (2,5 millions d’euros).
Le journal a également attribué au conseiller algérien des propos selon lesquels la France et la Grande-Bretagne «n’auraient versé aucune rançon». Les responsables de la sécurité, réunis dans la capitale algérienne, veulent mieux coordonner leurs actions en matière de renseignement.
Dans la bande sahélo-saharienne, l’information est capitale pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Les groupes qui écument cette vaste zone sont très mobiles, très organisés et armés. Pour répondre à ces questions, il faut trouver des solutions : un problème de sécurité dans l’un des pays de la zone et ce sont tous les autres qui doivent se mobiliser. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui, d’où, selon les experts, la nécessité d’instaurer une confiance totale entre les différents services de renseignement.
Mahmoud Tadjer
Le Nouvel Indépendant, 15/9/2010
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