Le dossier des disparus refait surface

DROITS DE L’HOMME AU MAROC

En observant la multiplication des violations en matière des libertés individuelles et de liberté d’expression, le bureau exécutif du Forum marocain pour la vérité et la justice (Fmvj) a dressé un sévère réquisitoire contre la situation actuelle des droits de l’Homme au Maroc, rapporte l’APS. En effet, dans un communiqué reproduit par la presse marocaine, le Fmvj pointe du doigt la lenteur du processus des réformes politiques et constitutionnelles dans le sens de la non-répétition des graves violations des droits de l’homme des «années de plomb». Ainsi, dans un virulent constat de l’action du Conseil consultatif des droits de l’homme (Ccdh, gouvernemental), le Fmvj note l’absence de tout progrès dans l’application des recommandations de l’Instance équité et réconciliation (IER), notamment sur les volets de la réinsertion sociale, la couverture médicale et de réintégration socioprofessionnelle des victimes des violations des droits de l’Homme.

En outre, le Forum constate, également, le non-respect par le Ccdh de ses engagements à publier la liste nominale des disparitions forcées et son silence sur les entraves qui se dressent concernant la recherche de la vérité concernant les disparus. Pour autant et selon toujours le même communiqué, le Fmvj en déduit qu’il y a absence de volonté politique de l’État marocain de rompre avec le passé et d’user de prétextes pour ne pas ratifier le Traité international de protection contre la disparition forcée et du Traité de Rome sur la Cour pénale internationale. 

Pour rappel, deux organisations non-gouvernementales avaient appelé, au début du mois de septembre, le gouvernement marocain à ratifier la convention internationale de protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et avaient annoncé vouloir, à cet effet, lancer des actions pour la concrétisation de cette convention qui date de quatre années. Par ailleurs, l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (Omdh) entame le lancement d’une campagne avec la participation de partis politiques et des acteurs de la société civile afin d’exercer des pressions sur le gouvernement pour le forcer à ratifier cette convention qu’il s’est engagé à faire en août 2008. Cependant, l’Association marocaine des droits de l’Homme (Amdh) a renouvelé son appel pour «juger les auteurs des disparitions forcées» et a demandé «la vérité sur le sort des disparus célèbres». Dans son communiqué, l’Amdh avait exigé de «présenter à l’opinion publique nationale et internationale les listes complètes des noms de 742 disparus, citées dans le rapport final de L’instance équité et réconciliation dans lequel elle avait affirmé détenir des preuves évidentes concernant les circonstances, les lieux des enlèvements et les conditions des décès». 

Lors de la présentation de sa candidature à siéger au Conseil des droits de l’Homme relevant de l’Organisation des Nations unies, le gouvernement marocain avait, pourtant, pris des engagements pour ratifier cette convention et a, de plus, promis de le faire devant les représentants de la Fédération euroméditerranéenne avant la fin 2009. Mais rien de concret pour le moment. Par conséquent, le Fmvj appelle à la tenue du deuxième «Symposium national sur les graves violations des droits humains» pour une reprise qualitative de l’esprit d’initiative par le mouvement démocratique. 

Dans ce contexte, la presse marocaine a rappelé, que le premier Symposium tenu à l’initiative de l’Aamdh, de l’Omdh et du Fmvj en novembre 2001 a été un facteur catalyseur d’une grande dynamique dans le sens de l’ouverture du dossier des années de plomb.

Fawzi K.

Le Courrier de l’Algérie, 15/9/2010

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