Ces rançons assassines

L’Algérie entend profiter de la prochaine assemblée générale de l’ONU pour réitérer la proposition d’un texte interdisant tout paiement de rançons aux terroristes par les pays confrontés à l’enlèvement de leurs ressortissants.   Sur la démarche, on peut s’attendre à un succès tant elle consiste à défendre le principe de résistance des Etats à la violence subversive dont les connexions avec le banditisme international sont maintenant prouvées.  Mais il se trouvera certainement des lobbies capables de nuancer ou de reporter l’adoption d’une  loi pour s’autoriser le marchandage de la quiétude avec leur opinion publique,  sur le dos des pays infestés par la pègre terroriste.  

L’Espagne, par exemple, n’a pas hésité récemment à verser de gros sous aux criminels contre la libération de touristes kidnappés. On ne sait pas comment la transaction s’effectue, s’il s’agit d’un paiement en espèces ou d’un transfert sur un compte protégé, mais l’on est certain que les ravisseurs finissent souvent par encaisser  des rançons à faire pâlir la Cosa Nostra.  Voilà donc comment les démocraties occidentales se permettent de financer l’assassinat de milliers de citoyens en garantissant la logistique nécessaire aux groupuscules qui ambitionnent de déstabiliser, pour longtemps, des nations souveraines. 

Avant-hier,  des responsables militaires d’Algérie, du Mali, de Mauritanie et du Niger se sont rencontrés pour définir les moyens les plus efficaces de traquer l’argent sale issu des enlèvements d’étrangers et de la contrebande dans la région du Sahel. Certains de ces pays voisins subissent chaque mois le spectre de la famine et les pays développés  aggravent  leur situation en sponsorisant la violence dans la région. On n’ignore pas non plus que dans ce cercle vicieux de l’assistance indirecte au terrorisme, les marchands d’armes y trouvent leur compte et récupèrent les millions d’euros versés par les rançonnés. De ce business qui fait fi des souffrances et des cadavres peuvent germer d’autres troubles liés au chaos que veulent imposer les mercenaires recyclés dans le kidnapping lucratif : les exodes massifs de population dus à l’insécurité chronique en plus de guérillas interminables. La menace est trop grave pour que l’Algérie et ses voisins restent sans réaction.  

Nordine Mzalla

Le Jeune Indépendant, 16/9/2010

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