S’ils n’ont pas parlé de ce qui était, cet été, le problème hispano-marocain, ni du problème du Sahara Occidental non plus, le président du gouvernement et le roi du Maroc, de quoi ont-ils pu parler, dans un aparté sans autre drapeau que le chérifien à l’intérieur du siège de l’ONU, et à l’occasion de l’Assembléé Générale à laquelle Mohamed VI n’a pas l’habitude de visiter, qui, en effet, avait auparavant, discuté de l’affaire du Sahara Occidental avec le président de la France, Nicolas Sarkozy, qu’il avait reçu dans la résidence que le souverain alaouite possède à New York?
Les absences préalables du roi du Maroc dans les septembres de l’Assemblée Générale de l’ONU, ont toujours eu leur raison d’être dans le fait que le Maroc fait fi de la loi internationale, en s’opposant à laisser les sahraouis décider de leur avenir à travers un référendum d’autodétermination, conformément aux résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Une formalité avec laquelle on déciderait si le Maroc acquérait ou non la souveraineté sur le territoire, puisque ce qui a été transféré par l’Espagne après la Marche Verte a été son administration et non pas la souveraineté. Celle-ci appartient aux sahraouis.
Il se trouve aussi que le Sahara Occidental, qui appartenait à l’Espagne – sur lequel l’Espagne dispose peut-être de plus de titres que le Maroc – et sur son sol se trouve un peuple sur lequel le Soultan du Maroc n’a jamais exercé son autorité, selon une sentence du Tribunal International de la Haye, abrite dans le sous-sol le plus grand gisement de phosphates du monde (calculé à plus de 80 pour cent du total), en plus d’un peu plus que des indices de formidables poches d’hydrocarbures.
La valeur de ces richesses subsahariennes, découvertes et mises à exploitation par l’Espagne, explique et oriente sur la position de la France et des États-Unis comme parrains politiques du Maroc dans la bataille diplomatique de plus de 20 ans à travers laquelle il prétend consommer, un jour, l’annexion du territoire. Sans cet intérêt peut-être qu’on n’aurait pas pu expliquer l’acceptation internationale de la Marche Verte, réalisée pendant que le Général Franco agonisait dans l’automne de 1975. Sans cet intérêt on n’expliquerait pas non plus le veto de la France de Chirac à l’appui unanime de l’Union Européenne à l’Espagne le jour que Mohamed VI a commencé l’invasion subreptice du Persil – qui altérait le « statut quo » dans cette partie du Détroit – ce qui a été le détonant de l’appui de José Maria Aznar aux États-Unis dans l’invasion de l’Iraq puisque George W. Bush avait donné l’accord que la France Chiraquienne lui avait refusé, et les gendarmes marocains ont été délogés avec du vent frais, d’un coup de balai militaire.
C’était cela et non pas un autre le paysage du fond sur lequel ont coulé les heures de ces journées new-yorkaisses et onusiennes dans lesquelles le président Rodríguez a continué le contre-discours de celui qui l’a précédé dans le Gouvernement de la Nation. Une pièce déjà initiée, ne l’oublions pas, tandis que la crise de Persil faisait ébullition avec une de ses visites à Rabat, des connotations donjulianesques si aigres; c’est-à-dire, de ce comte traître (du gothique léwjan).
De toute la situation actuelle dont l’Espagne s’exclue, en suggérant l’accord entre le Maroc et le Polisario, il est pratiquement obligé de conclure que les sahraouis ne voteront jamais sur leur indépendance. Ce sont les phosphates qui votent depuis 20 ans.
Source : Republica.es, 21/9/2010
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