Le jeu malsain de Rabat

Les services de l’ambassade d’Algérie à Rabat n’ont reçu aucune demande d’accréditation de la part des deux journalistes marocains qui prétendent être séquestrés à Tindouf.


Une source informée, dont la déclaration est répercutée par l’APS, vient d’opposer un ferme démenti à ces « allégations mensongères », colportées par le directeur de l’hebdomadaire marocain Essahra El-Ousbouiya, qui avait déclaré à travers Reporters sans frontières (RSF), que « les services de l’ambassade d’Algérie à Rabat ont été informés le 15 septembre et qu’une réponse positive de la part du ministère de la Communication avait été donnée ». 
Tout en défiant le directeur dudit journal marocain de « publier une preuve écrite de cet accord » s’il en dispose, la source citée par l’APS soutient que « les affirmations de ce directeur de journal font partie d’un stratagème qui, comme à l’habitude, fait dans la confusion et dans le mensonge ». De leur côté, les deux journalistes en question, Lahcen Tigbadar et Mohamed Slimani en l’occurrence, ont affirmé hier, à l’agence de presse officielle du Royaume, avoir subi « toutes les formes d’humiliation et de terreur physique de la part des services de sécurité algériens », lors de leur prétendue séquestration dans un hôtel à Tindouf. 
Ces graves allégations dûment distillées par la presse marocaine ne répondent à aucune logique, sinon une preuve de plus des divagations habituelles du royaume chelifien, de surcroît à la veille de la tenue de la Conférence internationale sur la résistance du peuple sahraoui, en présence de trois cents participants des quatre continents. Un jeu malsain qui cache très mal les desseins marocains, dont la position vis-à-vis du peuple sahraoui dans les territoires occupés (du Sahara Occidental, ndds) ne cesse d’être épinglée par l’opinion internationale. 
En perte de vitesse auprès de ses alliés traditionnels et même aux yeux des Nations unies, le Maroc ne sait plus sur quel pied danser. En effet, si ses relations avec l’Espagne, qui supporte le poids du legs sahraoui, se sont sensiblement détériorées ces derniers mois, il se voit de plus en plus épinglé par les ONG internationales pour les exactions perpétrées sur un peuple inoffensif et sans défense aspirant juste à son indépendance. 
La confusion entretenue désormais par Rabat n’a pas fait long feu, puisque les deux journalistes n’ont fait l’objet d’aucun dépassement par les autorités algériennes. Pire encore pour eux, leur «mission» serait frappée d’illégalité, car ne disposant pas d’autorisation préalable délivrée par les autorités compétentes, pour exercer leur métier sur le sol algérien. 
Par : Mokrane Chebbine


Le Midi Libre, 23/9/2010

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