Ces rapts permettent au groupe d’engranger des millions de dollars et de poursuivre son «programme» politique.
L’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) opte, pour la énième fois depuis 2006, date de sa création, pour Al Djazira, la chaîne qatarie qui lui a permis d’accroître sa notoriété dans le monde, pour revendiquer l’enlèvement, jeudi dernier, à Arlit, dans le Nord du Niger, de 5 Français et 2 Africains (1 Togolais et 1 Malgache), menacer la Mauritanie et demander à la France, qui a mobilisé «tous les services de l’Etat pour obtenir dans les meilleurs délais la libération des otages», d’attendre ses exigences «ultérieurement».
Une demande de rançon ? Une libération de membres de l’Aqmi ? Nicolas Sarkozy, qui s’interdit tout marchandage avec les terroristes, aurait demandé une aide des Etats-Unis pour localiser les otages. Selon les experts, Washington pourrait fournir des images satellite ou des drones. Après l’envoi d’une centaine de militaires spécialisés dans la lutte antiterroriste, des avions de reconnaissance et de combat, l’option militaire ne semble pas exclue.
Même si la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), est en quête de «bons intermédiaires» pour «négocier». Probablement ceux qui ont négocié au Mali la libération de l’ex-otage français Pierre Camatte, en février dernier. Il a été vendu à l’Aqmi qui l’a libéré après trois mois de captivité, en échange de quatre terroristes, dont deux Algériens détenus à Bamako par des Maliens. Ces rapts permettent au groupe d’engranger des millions de dollars et de poursuivre son «programme» politique : déstabilisation des pouvoirs centraux et installation des émirats dans des espaces militairement et politiquement peu ou pas contrôlables. Une stratégie contre laquelle l’Algérie n’a pas cessé de mettre en garde. Areva, qui était au courant de menaces d’enlèvement et qui a refusé de confier à l’armée du Niger «la sécurité de ses agents», mettra-t-elle la main à la poche pour enrichir l’Aqmi ? Dans ce bras de fer, France- Aqmi, la Mauritanie risque de payer les frais.
La succursale d’Al-Qaïda au Sahel promet à la Mauritanie, qu’elle présente comme «l’agent de la France», des représailles après l’opération de l’armée dans la zone de Hassi Sidi, près de la ville malienne de Toumbcoutou qui se serait soldée par la mort de 12 sanguinaires, dont leur vétéran Yahia Abou El Hemmam.
Cette menace qui remonte à 2005 semble freinée actuellement par la politique antiterroriste du Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Jusqu’à quand ? Son opposition ne le soutient pas. La Coordination de l’opposition démocratique juge «illégitime» l’offensive de l’armée contre la branche maghrébine d’Al-Qaïda «sur la terre d’un autre pays» en coordination avec une «force étrangère».
Horizons, 22/9/2010
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