Pour la deuxième fois, le général Rondot désavoue publiquement la France et se rallie finalement à la version algérienne au sujet de l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine. « C’est un groupe affilié à Zitouni, Zitouni lui-même » qui est responsable du crime des moines trappistes ».
Le général, à travers ses déclarations, vient confirmer le discrédit de la thèse du «Qui tue qui?», très chère aux maîtres chanteurs français, politiques et médias essentiellement.
Responsable du dossier Algérie au ministère français de la Défense à la tête de la DST, Rondot brise les secrets d’alcôve. Ses aveux, au bas mot, viennent redorer le blason de notre institution militaire et en même temps comptabilisent une deuxième victoire de l’Algérie officielle après celle du diplomate Hasseni innocenté il y a à peine un mois par la justice française. Seulement, la France ne serait jamais la France si elle venait à se dédouaner de son jeu diplomatique, n’est-ce pas ? Au lendemain des déclarations du général Rondot, c’est le chargé des Affaires internationales au sein de l’Assemblée française, Axel Poniatowski, qui assure à la France ses réflexes de polémiste avec l’Algérie. Sur les supposées connexions entre des membres du Polisario et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le député français a relevé qu’«il y a un risque de contagion entre le Polisario et AQMI».
En donneur de leçons, Poniatowski, que nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion de rencontrer pour les besoins de nos articles lors de la campagne de Sarkozy, se positionne. Il faut, dira-t-il, montrer à nos amis algériens que ce n’est pas dans leur intérêt que la situation se déstabilise, et que le texte déposé par le Maroc à l’ONU puisse recueillir leur approbation. Sans parler de la situation sociale des Sahraouis qui subissent le joug colonialiste chérifien, l’Algérie, en un mot, est pour la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui recommande l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Pour le second point, Al-Qaïda au Maghreb, citée dans les «à-propos» de Poniatowski fils et sénateur – le père étant l’ex-ministre de l’Intérieur de De Gaulle – il y a lieu d’apporter l’éclairage suivant concernant la zone d’action d’AQMI.
Pour la zone d’action AQMI, comme nous allons l’appeler, il est clair que les Etats-Unis veulent intervenir pour bloquer l’avancée chinoise vers le pétrole et le gaz, notamment algériens. Naturellement, cette orientation «économique», qui est apparue depuis le déploiement des sociétés américaines en 2003, dérange Paris. Mais Paris n’a pas les moyens de sa politique dans la région. L’uranium du Niger est une donnée stratégique que la France, à travers Areva, a bien du mal à gérer.
La politique africaine de Tripoli, effectivement cruciale pour cette région, est réglée vu la soumission de Kadhafi aux Etats-Unis depuis sept ans. La libération des prisonniers libyens et la réaction mesurée de Washington le montrent bien… Tant d’éléments qui mettent Paris en rage et qui tentent par tous les moyens de sublimer ses frustrations à travers de fausses polémiques.
Mais, est-ce la bonne manière ?
Samir Méhalla
Le Jeune Indépendant, 30/9/2010
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