Ainsi donc sept pays sahéliens étaient présents à Alger, pour la création d’un Centre de renseignements commun dédié à la lutte contre le terrorisme sahélien, et non pas quatre seulement comme généralement rapporté par la presse. Outre le Niger, le Mali, la Mauritanie et l’Algérie, il faut rajouter la Libye, le Tchad et le Burkina Faso. C’est la logique même, née de la confusion entre activités terroriste et contrebande, qui a dicté le besoin de s’unir à cette échelle.
Tous les membres de cette alliance sont d’accord pour souligner, sans l’exagérer, la complémentarité «économique» entre tribus touarègues et Aqmi. Cette dernière évolue dans un terrain favorable, non pas du fait de l’immensité du désert seulement, mais de la complicité, active ou passive, des populations. Au pire, ces dernières sont dans une neutralité bienveillante à l’égard des terroristes qui peuvent représenter une défiance contre des gouvernements à leurs yeux injustes.
La vision d’Alger consiste à prendre acte de cette accointance, porteuse de toutes les dérives, et de combattre ainsi le mal à la racine. Il s’agit de rechercher le renseignement là où il se trouve : chez ceux qui servent de contacts aux groupes armés, de liaisons diverses et de «logistique» de manière générale. C’est sur ce constat algérien consistant à privilégier le renseignement humain, au plus près des populations où évoluent les groupes djihadistes, que les quatre chefs d’état-major réunis à Tamanrasset ont décidé la création d’un Centre de renseignements commun et de l’étendre à la Libye, le Tchad et le Burkina Faso.
La réunion d’Alger commence par mettre en place les mécanismes du partage du renseignement déjà existant, avant celui de la collecte et de la mise en œuvre d’opérations s’inscrivant dans une stratégie globale commune. Nous en sommes encore loin, et rien ne sert d’aller trop vite, si ce n’est l’actualité des otages enlevés au Niger. L’essentiel est de s’entendre sur les étapes nécessaires à suivre pour réaliser un objectif d’une telle importance. Mais voilà que le Mali proteste déjà, selon certaines sources, sur l’absence du Maroc à cette démarche globale qu’il cautionne par sa présence pourtant.
S’estimant victime, voire «otage» comme le déclare son propre président, d’un conflit, qu’il ne cesse de rejeter sur l’Algérie – sous prétexte que les membres dirigeants d’Aqmi en sont originaires pour la plupart – le Mali veut-il faire une surenchère dans l’espoir de tirer, à titre individuel, des dividendes d’une situation qui est loin de lui être favorable, puisque c’est sur son territoire que les otages se trouvent actuellement ? Ou bien, entend-il bloquer une dynamique par crainte de succomber à une influence algérienne imaginaire ? Quoi qu’il en soit, le plus important est d’avancer dans la mise en place d’un front uni contre Aqmi et non de s’adonner à de petits calculs qui ne mènent à rien.
B. D.
Le Jeune Indépendant, 2/10/2010
Soyez le premier à commenter