22 octobre 1956, alors que les 5 leaders du FLN s’apprêtent à prendre place à bord du même avion que le sultan Mohamed V, sensé les transporter depuis Rabat jusqu’à Tunis, les autorités marocaines leur imposent un changement de programme de dernière minute. En leurs affrétant un DC-3 de la compagnie marocaine Air Atlas.
Quelques heures plus tard, ce même avion est arraisonné par l’armée française et les résistants jetés en prison.
Les chefs historiques de la révolution algérienne ne tarderont pas à découvrir le pot aux roses. Notamment que l’ensemble de l’équipage français ou que, malgré les instructions formelles, le pilote (français) ne contourna jamais l’espace aérien algérien.
Revenant sur cet événement sur Al-Jazeera, l’historien et journaliste Hassanine Haykel était personnellement impliqué dans le complot.
Ses propos provoqueront un véritable tollé au royaume chérifien, déchaînant un torrent d’injures médiatiques et politiques allant jusqu’à la censure pure et nette d’Al Jazeera au Maroc.
Pourtant, tout porte à croire que cet homme a raison…
Partie 1 : Les témoignages historiques
Ahmed Ben Bella : « Ils nous ont vendus »
« Il était prévu que nous nous réunissions à Madrid. A Madrid et non au Maroc afin d’étudier les résolutions du Congrès de la Soummam. Ait Ahmed venait d’Amérique et nous allions, Khider et moi, partir à Madrid alors que nous étions également sur le point de tenir une rencontre officielle à Tunis réunissant les marocains, les tunisiens et les algériens.
En route pour Madrid, j’ai entendu dire que Hassan II s’était également rendu à Madrid en laissant son groupe qu’on avait fait entrer au Maroc. Il était prévu que nous n’y allions pas. Il était prévu que moi je me rende à Tunis après, et que de là-bas je retourne à Tripoli afin que Bahi Legrane nous fasse entrer en Tunisie et que le roi Mohamed V vienne seul.
A propos de la question de l’avion, il était prévu que nous prenions le même avion que le roi Mohamed V et que celui-ci ne survole pas l’Algérie, mais la mer sans rentrer dans l’espace aérien. Mais, la veille du voyage, nous avons été informés que le roi serait accompagné de son épouse, ce qui signifiait que nous ne voyagerons pas à bord du même avion. Je ne vous cacherai pas que j’avais un pressentiment et mes pressentiments ne m’ont jamais trahi. J’étais donc hésitant à tel point que le groupe me demanda « pourquoi Ahmed as-tu des doutes sur cette affaire? ». J’ai répondu : « Non, l’affaire ne me plaît pas. Comment vont-ils venir nous prendre? Je ne suis pas rassuré. »
Plus encore, le lendemain dans l’avion qui devait nous amener à Tunis, nous avons trouvé des passagers. Puis, ils nous ont dit qu’ils avaient fait erreur, car cet avion allait à Oran. Nous sommes donc descendus et ils nous ont emmenés vers un autre avion. Nous sommes montés à bord et il s’est passé ce qui s’est passé.
L’avion survolait la mer et au milieu de l’océan, un autre avion lui ordonna d’atterrir. Excuse-moi, mais l’affaire avait été planifiée, car l’avion était marocain et le pilote était français. L’équipage était entièrement français.
Dans l’affaire du détournement de l’avion, je le dis sans hésitation, ils nous ont vendus.
Soyez le premier à commenter