Sous prétexte d’alerter l’opinion internationale sur le sort de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, ce cadre policier sahraoui arrêté et mis en détention par le Front Polisario à son retour du Maroc, le Makhzen a déclenché une violente campagne d’intox contre l’Algérie. Ce qui n’est pas nouveau de sa part, sachant qu’il voit la main de l’Algérie derrière tout acte ou déclaration du Front Polisario qui déjouent sa stratégie du fait accompli au Sahara Occidental.
Cette fois pourtant, il nous semble que sa nouvelle campagne anti-algérienne n’est pas destinée seulement à faire contrepoids à la réprobation internationale que le Maroc essuie pour ses atteintes aux droits de l’homme et la répression sauvage que ses policiers exercent sur les militantes et militants indépendantistes sahraouis. Elle nous paraît destinée avant tout à détourner les autorités algériennes de ce qui se trame au Sahel sous orchestration française, suite à l’enlèvement dans le nord du Niger des sept employés d’entreprises hexagonales, dont cinq sont des ressortissants français.
Dans le Sahel, un bras de fer oppose la France et l’Algérie, avec pour trame de fond la prétention de Paris de dicter aux pays de la région une stratégie sécuritaire fondée sur l’intervention étrangère française au premier chef.
Le Maroc, dont la candidature à participer à l’alliance antiterroriste regroupant l’Algérie et les pays sahéliens a été recalée, au motif pertinent qu’il n’est pas frontalier de la région concernée, n’a rien à refuser à Paris qui est son principal soutien sur le dossier sahraoui. Il ne peut par conséquent qu’approuver ce que la France projette de réaliser au Sahel et prêter main forte à la réalisation de son dessein.
Non content d’approuver, le Maroc met la main à la pâte en usant de son influence sur certains régimes de la région en les poussant à la méfiance à l’égard de l’Algérie, qu’il leur présente comme étant animée d’intention hégémoniste sur le Sahel et en leur faisant valoir que la France est leur plus sûr allié contre la menace terroriste qui plane sur leurs pays et contre la velléité algérienne de les assujettir.
Par ailleurs, son autre contribution au plan français consiste à faire diversion en tentant de mettre en mauvaise posture internationalement l’Algérie en braquant sur elle par voie d’intox les militants des droits de l’homme, en prenant appui sur le cas de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud et les prétendues atteintes aux libertés qui séviraient dans les camps sahraouis sous protection algérienne. Pour donner un semblant de crédit à sa manœuvre, le Makhzen a été jusqu’à organiser en territoire marocain des manifestations populaires de protestations «spontanées».
En fait, tous les moyens sont bons pour ce Makhzen pour occuper l’attention des autorités algériennes, alors que la France s’active à mettre en place les conditions de son intervention directe au Sahel. Au point qu’il n’est pas interdit de penser que dans les jours et semaines à venir, qui vont être décisifs au plan de la crise créée au Sahel par les agissements d’Aqmi et les manœuvres de Paris visant à rendre effective la présence militaire française dans la région, le Maroc va intensifier sa campagne anti-algérienne.
Toute la question est de savoir si les apprentis sorciers de Rabat sauront malgré tout raison garder en n’allant pas trop loin dans la provocation, source d’imprévisibles dérapages qui ne sont ni dans l’intérêt du peuple marocain ni dans celui de leurs frères algériens.
Par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran, 6/10/2010
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