Le président russe Dimitri Medvedev est arrivé hier à Alger à la tête d’une imposante délégation composée d’officiels et d’hommes d’affaires dans divers domaines économiques. Au-delà de l’aspect économique que revêt cette visite d’Etat, la première de Medvedev en Algérie, les deux pays semblent résolus à réhabiliter des relations historiques en panne ces dernières années.
Il s’agit en effet d’aplanir le différend né de la transaction contractée en 2007, où l’Algérie a reçu des avions-chasseurs «Mig» défectueux de la part de la Russie. Un épisode qui a refroidi, un tant soit peu, les relations entre Alger et Moscou depuis la dernière visite d’Abdelaziz Bouteflika en Russie qui remonte à 2008 où il s’est entretenu avec son homologue d’alors, Vladimir Poutine en l’occurrence. A présent, une nouvelle donne s’ajoute dans les relations algéro-russes.
D’ailleurs, les directeurs généraux de Vimpelcom et de Gazprom Alexandre Izossimov et Alexeï Miller accompagnent Dmitri Medvedev en Algérie, tout comme le milliardaire russe Mikhaïl Fridman, dont le groupe détient 40% de Vimpelcom. Le géant russe des télécommunications Vimpelcom, désormais propriétaire majoritaire d’Orascom Telecom Holding (OTH), dont sa filiale algérienne de téléphonie mobile, Orascom Telecom Algérie (OTA), a nettement affiché ses ambitions de racheter les actions de l’Egyptien Naguib Sawiris. Ce dernier, en fin roublard, a su « contourner légalement » la loi pour contrecarrer le droit de préemption brandi par les autorités algériennes. En cédant ses parts à la firme russo-norvégienne, le patron d’OTH a « internationalisé » le problème, ce qui augure des négociations houleuses en haut lieu entre l’Algérie et la Russie.
L’Algérie, par le biais du ministre de l’Industrie, vient de réaffirmer son intransigeance quant au rachat de Djezzy, soutenant mordicus que le processus d’évaluation poursuit son cours pour un rachat à 100% de la filiale OTA par l’Algérie. Donc, il s’agit d’un lourd dossier sur lequel les deux parties algérienne et russe seront appelées à statuer. Par ailleurs, les entreprises russes sont venues en grande force pour investir le marché algérien. Plus d’une centaine de firmes et sociétés russes sont du voyage avec le président Medvedev, dans une tentative de se repositionner sur un marché où ils sont absents depuis plusieurs années. Cela dit, il s’agit bel et bien d’un nouveau départ dans les relations algéro-russes.
Les questions stratégiques et les développements survenus sur les plans régional et international ne manqueront pas d’être au menu des pourparlers entre les deux Présidents Bouteflika et Medvedev.
Par : Mokrane Chebbine
Le Midi Libre, 7/10/2010
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