Plusieurs pétitionnaires dénoncent les violations répétées des droits de l’homme au Sahara occidental

New York (Nation unies), 07/10/2010 (SPS) Plusieurs pétitionnaires ont dénoncé, mercredi, « les violations répétées des droits de l’homme par le Gouvernement marocain » devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation de l’ONU (Quatrième Commission), citant la détention « abusive » de trois activistes humanitaires sahraouis, détenus depuis un an au Maroc, coupable d’avoir visité leurs familles dans les camps de réfugiés sahraouis

Mme LAMIRA ALISALEM, qui est née et a vécu à la Wilaya de Dakhla, actuellement étudiante dans le Maine, a témoigné des attentes du peuple sahraoui. Elle a rappelé que ce dernier attend depuis 20 ans que l’espoir de paix et de justice placé dans les Nations Unies se réalise par le biais d’un referendum d’autodétermination juste et impartial, selon le compte rendu de la séance, publié sur le site de l’organisation. 

Impatiente, elle se demande ce qui serait arrivé si le cessez-le-feu de 1991 n’avait pas été signé. Un conflit armé aurait-il suscité davantage l’intérêt de la communauté internationale? 

Il est « tragique » que la lutte pacifique du peuple sahraoui soit reléguée aux oubliettes, et il est inhumain de vivre dans l’attente de quelque chose qui n’arrivera peut-être jamais, a-t-elle affirmé. 

« Lorsque nous avons placé notre foi dans l’ONU, nous souhaitions la liberté et le respect de nos droits, et avons cru en la mission des Nations Unies. Nous sommes-nous trompés? », s’est demandé l’intervenante, ajoutant que ce manque de confiance s’explique par les années de déception et de violations continues des droits de l’homme qui sont passées inaperçues au Sahara occidental sous occupation marocaine. 

« Lorsque les Nations Unies et le monde sont les spectateurs indifférents du rejet par le Maroc de tout effort de paix, on ne peut pas reprocher au peuple sahraoui de perdre confiance en la crédibilité des Nations Unies », a-t-elle conclu.

Mme HILT TEUWEN, du Comité belge de soutien au peuple sahraoui, s’est dit pessimiste suite à l’absence de résultats positifs obtenus par les négociations sur le Sahara occidental au cours des deux dernières années. 

Elle a également dénoncé « les nombreuses violations des droits de l’homme commises par le régime marocain », invitant la communauté internationale à « écouter la voie des Sahraouis et à se mobiliser pour mettre un terme aux exactions dont ils sont victimes ».

Elle a demandé que le Conseil de sécurité tienne une réunion d’ici avril prochain sur « les violations des droits de l’homme au Sahara occidental, plaidant également en faveur d’un référendum juste et impartial qui permette au peuple sahraoui de déterminer librement son avenir.

M. FELIPE BRIONES VIVES, de l’Association internationale des juristes pour le Sahara occidental, a rappelé l’avis de 1975 de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui reconnaît que le cas du Sahara occidental « représente bien une question de décolonisation » et que le Maroc « n’est pas listé en tant que puissance administrante de ce territoire auprès des Nations Unies ». 

« Par conséquent, le Maroc n’a aucune souveraineté sur ce territoire », a-t-il poursuivi, ajoutant que de facto il est une puissance occupante et que sa présence au Sahara occidental est « illégale ». 

« Indépendamment de l’appellation retenue, le Maroc n’est pas exempt de se soumettre aux normes internationales en vigueur pour les territoires non autonomes », a encore fait valoir M. Briones. 

Il a encore dénoncé « les abus des droits de l’homme commis par le Maroc contre les Sahraouis » en privant notamment les indépendantistes sahraouis de leur liberté de mouvement et d’expression. 

L’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc constitue « une autre violation du droit international », selon l’intervenant qui a également dénoncé le fait que la zone franche européenne n’exclut pas le Sahara occidental de son traité avec le Maroc, ce qui a des implications financières énormes pour des compagnies qui déclarent « par erreur » les importations du Sahara occidental comme provenant du Maroc. 

Pour M. Briones, le Maroc, l’Espagne et la France « ne cherchent pas à trouver une solution consensuelle au conflit du Sahara occidental mais au contraire à imposer des formules d’autonomie et de libre association visant à enterrer les aspirations légitimes du peuple sahraoui d’un État indépendant ». 

Pour lui, cette approche « n’est pas viable, et les Nations Unies ne devraient pas l’appuyer, appelant à relancer le processus du référendum.

Mme TERESA K. E. SMITH DE CHERIF, Directeur médical de la mission médicale Sahara Fund, a indiqué que cette organisation était présente au Sahara occidental depuis plus de 20 ans. Elle a dénoncé la détention « abusive de trois activistes des droits de l’homme sahraouis par le Maroc. Leur crime, a-t-elle dit, est de s’être rendu dans les camps de réfugiés. Elle a dénoncé la situation des prisonniers politiques dans les prisons marocaines. 

Mme KATLYN THOMAS, juriste spécialisée en droit international, a travaillé pour la MINURSO dans le processus d’identification des personnes éligibles pour voter dans le référendum au Sahara occidental. 

Pour elle il n’existe pas de « raisons techniques qui empêcheraient l’organisation d’un référendum si le Maroc voulait réellement que cela se fasse et respectait ses engagements pris en 1991 vis-à-vis de l’ONU, des Sahraouis et de la communauté internationale. 

Pour Mme Thomas, le référendum n’a pas eu lieu « parce que le Maroc ne le voulait pas ». À son avis, si ce référendum avait lieu, « il y a une forte probabilité pour que les Sahraouis optent pour l’indépendance ». (SPS)

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