Relâché, pas blanchi

Mais si la décision vise à satisfaire leur demande, en aucun cas elle ne le blanchit.

Les autorités sahraouies ont décidé hier, depuis la localité de Mhériz dans les territoires libérés du Sahara occidental, la mise en liberté de Moustapha Selma. Ils disent le faire à la demande des organisations internationales des droits de l’homme. Ainsi, «yethenna el fertass min houkane errass», comme le dit si bien le proverbe. 

Une bonne nouvelle pour nos frères expansionnistes de l’Ouest ; ils ne se sentiront plus dans l’obligation de se déplacer jusque chez nous au poste Akid Lotfi pour nous dire combien ils aiment Selma et qu’ils tiennent à lui autant sinon plus que sa femme. S’il a décidé de se débarrasser de lui si précocement, et de le libérer sans lui organiser le joli procès qu’il lui avait promis, le Polisario ne blanchit pas pour autant le policier déloyal. 

Le mouvement explique que sa démarche est plutôt dictée par sa déférence pour les organisations internationales des droits humains, particulièrement celles qui défendent le droit des Sahraouis à l’autodétermination. Mais si la décision vise à satisfaire leur demande, en aucun cas elle ne le blanchit. Dans le communiqué annonçant l’élargissement, les autorités sahraouies présentent, en effet, Moustapha Salma comme un personnage «impliqué dans une opération d’espionnage en faveur du Maroc, un pays en guerre avec la RASD». Actuellement, des contacts sont en cours avec les «ONG intéressées pour la mise en œuvre de cette décision», indique le communiqué sans s’étaler sur une libération dont les suites s’avèrent d’ores et déjà comme une deuxième mi-temps en faveur d’un Polisario passé résolument à la contre-attaque. 

La libération, assure-t-on, se déroulera dans les territoires du Sahara occidental contrôlés par le Polisario, ces mêmes lieux que les politiques officiels marocains veulent nous attribuer coûte que coûte ces derniers temps. Selma ne sera certainement pas lâché dans le désert sans eau ni provisions, comme il arrive que les Marocains le fassent avec les clandestins subsahariens. Les traditions sahraouies laissent supposer que Selma sera, au contraire, remis entre des mains humanitaires. 

L’individu aura toute la latitude de retourner à ses nouveaux maîtres. On le voit mal remettre les pieds à Tindouf, partie intégrante d’une terre qui rejette jusqu’à nos jours ses propres harkis.
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)

Le Jeune Indépendant, 07/10/2010

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