New York (Nation unies), 07/10/2010 (SPS) Les pétitionnaires continuent à dénoncer, jeudi devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation de l’ONU (Quatrième Commission), « les violations répétées des droits de l’homme par le Gouvernement marocain », appelant à la « décolonisation » rapide du dernier bastion colonial en Afrique, selon le rapport de la séance publié par l’ONU sur on site.
A cet égard, M. Miguel CastroMoreno, Asociaciones Solidarias con el Sahara (CEAS-Sahara), a témoigné des « conditions difficiles » dans lesquelles vivent toujours les 200 000 réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, et ceux qui, sous le régime marocain, sont « victimes d’atteintes à leur liberté d’expression et de mouvement, de détentions arbitraires et de discrimination ».
« Les membres d’Asociaciones Solidarias s’interposent comme bouclier humain, alors que ce rôle de protection des droits de l’homme devrait être assumé par la Mission des Nations Unies », a-t-il relevé.
Dans ce contexte il a pointé la France du doigt pour « son soutien inconditionnel au Maroc », comme en a témoigné sa position, en avril dernier au Conseil de sécurité, lorsqu’il s’est agi d’élargir le mandat de la Mission à la protection des droits de l’homme des Sahraouis.
Mme Sara Mesa Flores, Asociación Canaria de Amistad con el Pueblo Saharoui, a dit en « avoir assez que l’on reste sourd aux souffrances des Sahraouis ».
« J’en ai assez, a-t-elle dit, de voir le manque d’action des Nations Unies alors que les Sahraouis ne peuvent ni travailler, ni étudier, ni se faire soigner sur leurs propres terres ». Elle a également dénoncé les actes de violence commis contre les femmes et les enfants par le régime marocain.
Elle a lancé un appel à la France pour qu’elle « change sa position au Conseil de sécurité et permette à la MINURSO d’assumer un rôle de protection des droits de l’homme au Sahara occidental ».
M. Glynn Torres-Spelliscy, Association of the Bar of the City of New York, a indiqué que son association suivait, depuis plusieurs années, la situation des droits de l’homme au Sahara occidental.
Il a ainsi noté que la situation au Sahara occidental est « préoccupante » et a exprimé « l’inquiétude de son association quant à la détention abusive des trois activistes des droits de l’homme », appelant à « l’élargissement du mandat de la MINURSO à la question des droits de l’homme ».
Pour sa part, M. Antonio Lopez Ortiz, Federación Estatal de Instituciones Solidarias con el Pueblo Saharaoui (FEDISSAH), a rappelé les dispositions du Plan de règlement de l’ONU et a dénoncé, une fois encore, le rôle du Gouvernement espagnol, en 1975.
« L’ancienne puissance coloniale a facilité l’occupation illégale du territoire en violation des résolutions des Nations Unies et du droit du peuple sahraoui reconnu par la Cour internationale de Justice (CIJ) », a-t-il relevé.
Il ajoutera que les résolutions 650 (1990) et 690 (1991), adoptées par le Conseil de sécurité, selon lesquelles le référendum d’autodétermination serait tenu en janvier 1992, ont été acceptées à l’époque par le Front POLISARIO et le Royaume du Maroc qui ne montre aujourd’hui « aucune disposition à respecter les décisions de l’ONU et le droit international ». Le Maroc, a-t-il aussi accusé, n’acceptera rien d’autre qu’un référendum qui lui garantisse un pouvoir sur le Sahara.
Mme Nieves Cubas Armas, Conseil général des avocats espagnols, a présenté une analyse de la situation du peuple sahraoui vivant dans le territoire non autonome du Sahara occidental, sous l’angle des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Elle a dénoncé « les violations répétées de ces droits commises par la puissance occupante et le fait que les observateurs internationaux ne peuvent se rendre sur place ».
Faisant état de « cas de torture, de détention arbitraire et de persécutions », la pétitionnaire a également dénoncé la politique marocaine de « répression systématique de la culture sahraouie et le manque de protection judiciaire des Sahraouis ».
M. RAỨL IGNACIO RODRÍGUEZ MAGDALENO, Observatorio Asturiano de Derechos Humanos para el Sahara Occidental (OAPSO), a relevé que l’Espagne avait illégalement abandonné le Sahara occidental au Maroc qui, depuis, n’a cessé d’entraver le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
« Afin de maintenir son occupation illégale, a-t-il poursuivi, le Maroc viole systématiquement les droits de l’homme de ce peuple et exploite illégalement ses ressources naturelles. Ces violations sont si graves que le Président du Conseil européen l’a reconnu », a-t-il poursuivi.
M. GREGORIO GONZÁLEZ VEGA, Comisíon de Solidaridad y Cooperación con los pueblos de la Federación Canaria de Municipios (FECAM), a dit avoir été « le témoin direct de violations des droits de l’homme du Maroc contre le peuple sahraoui ».
Il a déploré « l’absence de protection et l’indifférence de la communauté internationale, y compris de la MINURSO ».
Dénonçant « les souffrances de ce peuple victime de répression policière et d’un siège militaire, ainsi que les conditions de vie inhumaines des 250 000 personnes qui vivent dans les camps de réfugiés », le pétitionnaire a aussi mentionné « les brimades subies par les militants et les groupes d’observateurs qui ont même visé une délégation espagnole, la semaine dernière, alors qu’elle accompagnait des militants sahraouis ».
Il s’est aussi élevé contre « la déportation illégale de Mme Aminatou Haidar, une militante qui défend les droits de son peuple de façon pacifique ».
Mme MARY BETH GALLAGHER, Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’homme, a indiqué qu’elle s’exprimait au nom d’Aminatou Haidar, qui a reçu le prix du Courage civil de la Fondation Kennedy.
« Je m’adresse à vous aujourd’hui au sujet du droit à l’autodétermination du Sahara occidental », a-t-elle lu. « Le peuple sahraoui vit sous contrôle du Maroc depuis 1975 et le Maroc viole de manière systématique les droits de l’homme »
Mme Haidar a lancé un appel pour l’élargissement du mandat de la MINURSO à la protection des droits de l’homme. Elle a aussi dénoncé le fait que l’État marocain ne permet pas à l’organisation Collective of Sahrawi Human Rights Defenders de travailler.
Elle a dit avoir été « victime de la répression marocaine à plusieurs reprises, comme en témoigne aujourd’hui la confiscation de son passeport ».
Mme AGAILA ABBA HEMEIDA, étudiante sahraouie aux États-Unis, a parlé du Sahara occidental comme de la dernière colonie en Afrique. Elle s’est attardée sur les « horribles violations des droits de l’homme subies dans la partie du Sahara occidental sous autorité marocaine », en se demandant combien de temps encore le peuple sahraoui devra-t-il attendre pour qu’une solution juste soit trouvée?
Elle a réclamé « un référendum équitable qui permettrait à chaque Sahraoui d’exprimer son souhait. C’est ce pour quoi nos prisonniers politiques se battent depuis 35 ans, c’est ce que nous attendons depuis 35 ans. Devrons-nous attendre 35 ans encore avant que nous soit donnée notre chance de liberté? », s’est-elle impatientée.
Mme Hemeida a dit parler au nom de tous les Sahraouis en disant « non à l’occupation marocaine de mon Sahara occidental bien-aimé, non aux violations des droits de l’homme et non à la discrimination. Liberté pour Elwali Hamidan et tous les militants des droits de l’homme », s’est écriée la pétitionnaire.
Rappelant que l’Article premier de la Charte des Nations Unies fixe comme objectif de développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde, elle a conclu en demandant quand le peuple sahraoui se verrait aussi accorder ce droit et pourrait disposer de lui-même.
M. NICOLAS QUATRANO, Observatorio Internazionale, a déploré le fait que les troupes d’occupation marocaines « répondent à l’intifada pacifique sahraouie par une forte répression contre les centaines de femmes et d’hommes sahraouis qui ne se résignent pas à l’occupation ».
« Le moment est venu que cette honorable Assemblée générale s’occupe de cette répression. Contraire au droit international »(…) « Le moment est venu maintenant que l’Organisation des Nations Unies garantisse la liberté d’expression et la liberté politique au peuple sahraoui. Et pour le réaliser, il est nécessaire d’élargir la MINURSO à la surveillance du respect des droits de l’homme ».
« Il est aussi temps de condamner, de manière forte et claire, le comportement illégal, inhumain et antihistorique du Gouvernement marocain qui veut imposer le devoir de loyauté à un peuple, dont il occupe le territoire », a conclu le pétitionnaire.
M. TIM KUSTUSCH, Organization for Statehood and Freedom, a présenté son organisation comme une nouvelle ONG qui cherche à « rompre le blocage politique et faciliter l’autodétermination du peuple sahraoui ».
Ainsi, le Groupe des Amis du Sahara occidental doit « exercer des pressions équilibrées sur les deux parties pour faire bouger les choses, a déclaré M. Kustusch, pour qui le soutien sans faille de Paris et celui moins ouvert de Washington à Rabat permet au Maroc de rejeter toute discussion qui envisage l’indépendance comme une option ».
Deuxièmement, il faut appliquer des mesures de confiance qui unissent les citoyens marocains et sahraouis, parce que les mesures actuelles consistant à autoriser de brèves rencontres entre des réfugiés et leurs familles visent avant tout à convaincre les réfugiés de rentrer avant que le conflit ne soit vraiment résolu, a-t-il ajouté, estiman qu’il est indispensable d’intégrer « la protection des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO ».
Affirmant qu’aujourd’hui, toute action ou absence d’action de la part du Groupe des Amis et des Nations Unies « suggère une soumission à la position marocaine », M. Kustusch a jugé que « permettre à un pays de s’emparer d’un autre par la force reviendrait à abandonner les idéaux sur lesquels les Nations Unies ont été fondées ».
M. ALESSANDRO FUCITO, Conseiller municipal de la ville de Naples, a indiqué que la ville de Naples appuyait la cause du peuple sahraoui et a rappelé les difficultés d’accès aux soins de santé et à l’éducation.
Il a dénoncé « les violences et la persécution des dirigeants politiques », relevant que la ville de Naples avait conféré la citoyenneté à Aminatou Haidar et que sa ville accueillait chaque été des enfants sahraouis. Il a souhaité à son tour que le mandat de la MINURSO soit élargi à la question des droits de l’homme.
Mme MICHELLE DOVER, Western Sahara Resource Watch (WSRW), a affirmé que le Maroc « exploite illégalement les ressources naturelles du Sahara occidental malgré un grand nombre de résolution des Nations Unies, et un avis du Conseiller juridique qui, en 2002, a considéré le Maroc comme un pouvoir de facto au Sahara occidental ».
Il a accusé la communauté internationale d’avoir « détourné les yeux » en échange d’accords économiques qui profitent au trésor marocain.
Il a notamment accusé l’Union européenne, « poussée par l’industrie espagnole de la pêche et le traitement systématiquement préférentiel des Français à l’égard du Maroc », d’avoir abandonné le respect de principes juridiques fondamentaux au profit d’une realpolitik brutale, en signant avec le Maroc des accords de pêche qui incluent implicitement les eaux territoriales du Sahara occidental.
« Tout montre que le peuple sahraoui et ses représentants n’ont pas été consultés sur l’exploitation des richesses du territoire », a ajouté la pétitionnaire, qui a demandé « la mise en place d’un mécanisme plaçant sous administration internationale les profits tirés de l’exploitation des ressources du Sahara occidental jusqu’à ce que le statut du territoire soit défini ».
La pétitionnaire s’est en outre inquiétée du « traitement infligé aux Sahraouis qui protestent contre l’exploitation des ressources de leur territoire » et a rappelé que des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch avaient amplement dénoncé les violations des droits de l’homme au Sahara occidental.
Elle a donc demandé, sur la base d’un rapport de 2006 du Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, que le Conseil de sécurité inclue dans le mandat de la MINURSO une composante protection des droits de l’homme. (SPS)
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