45 ans après sa disparition énigmatique en France, le célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Barka taraude toujours les esprits. L’affaire continue de faire des vagues en France comme au Maroc. Les déclarations du ministre français de la Défense, Hervé Morin sont de nature à élucider un tant soit peu les circonstances ténébreuses de cette affaire d’une extrême sensibilité de par ses ramifications complexes. En effet, le ministre français a révélé avant-hier sur Beur FM, sa décision de lever partiellement le secret-défense sur cette affaire. Hervé Morin a fait état de l’avis favorable rendu par la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), pour déclassifier une partie des documents confidentiels de la DGSE. Il s’agit de 144 pages extraites de 23 dossiers sur 79 sollicités par le juge d’instruction, Patrick Ramael, chargé de l’enquête sur l’affaire Ben Barka, et ce, suite à une récente perquisition qu’il a faite au siège des archives confidentielles de la DGSE.
Pour cela, le ministre français de la Défense a consenti de divulguer certains éléments d’information qui pourraient éclaircir certaines zones d’ombre dans cette affaire d’Etat. Des révélations qui risqueraient de mettre à nu une cabale politico-judiciaire des plus scabreuses dans les relations franco-marocaines. Cependant, la nature sensible et la dimension colossale prise par cette affaire pourrait ajourner encore une fois d’éventuelles révélations, comme ce fut le cas en 2000 et 2004 sous les gouvernements respectifs de Jospin et Raffarin. L’avocat de la famille Ben Barka, Maurice Buttin commence d’ores et déjà à soupçonner « une intervention politique pour empêcher un différend diplomatique entre la France et son ancien protectorat ». D’ailleurs, le juge d’instruction en charge de l’enquête, Patrick Ramael a été notifié lundi dernier, d’une inspection rarissime à son sujet ordonnée par le garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie.
Il y a environ une année, Interpol avait lancé 4 mandats d’arrêt en lien avec l’enquête contre de gros « bonnets » de la hiérarchie marocaine, 3 généraux et un membre présumé du commando qui a enlevé Mehdi Ben Barka. Lesdits mandats avaient été aussitôt retirés par le parquet de Paris. D’où le scepticisme des observateurs quant à d’éventuelles révélations sur la question qui risquent d’éclabousser la monarchie marocaine et ses ramifications dans l’Hexagone et ailleurs. A huit jours de la commémoration du 45e anniversaire de la disparition de Ben Barka, la famille et la défense de l’opposant tragiquement disparu en France ne nourrissent pas de grandes ambitions mais les langues commencent à se délier tout de même.
M. C.
Par : Mokrane Chebbine
Le Midi Libre, 20/10/2010
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