Dans les 500 tentes des camps « El Istiqlal » des villes occupées d’El Ayoune, Smara et Boujdour, l’exode des 15.000 à 20.000 sahraouis a crée un mouvement de panique dans le tout Maroc colonial cultivant les chimères d’une autonomie factice.
Le siège des campements, érigeant les barrières de la haine et de la discrimination, mobilise depuis, le 10 octobre, les forces militaires et sécuritaires marocaines pour imposer le blocus sur les approvisionnements en vivres, en eau potable et en médicament des populations encerclées et privées de toutes formes de communication extérieure. Selon un communiqué du Ministères des territoires occupés, la répression s’est abattue sur une quarantaine de citoyens sahraouis désireux de rejoindre les camps «El Istiqlal» pour apporter leur soutien à leurs compatriotes.
Les citoyens sahraouis, qui apportaient de la nourriture et de l’eau à leurs compatriotes, «voulaient se rendre au campement en empruntant des chemins latéraux non pavés pour déjouer la vigilance des forces armées marocaines, dépêchées sur les lieux pour empêcher la venue de nouveaux manifestants», précise la même source. «Au moment de passer l’un des postes de contrôle, installés à l’entrée du campement, les citoyens sahraouis ont été assaillis par les forces armées de la gendarmerie qui ont blessé plus de 40 personnes dont des femmes, des enfants et des vieillards», précise-t-on.
Dans cette grande prison «à ciel ouvert», l’arme de l’exode massif s’inscrit dans le mouvement de résistance pacifique à l’occupation coloniale, symbolisée par le combat de la dignité de Aminatou Haïder.
Au cœur de la lutte pour la liberté, la question des droits de l’homme, sacrifiée sur l’autel des intérêts bassement mercantiles des puissances occidentales tutélaires, est la quintessence du combat pour la démocratie, la légalité et la promotion des valeurs universelles. Sera-t-elle enterrée comme l’a été le principe de la protection des populations civiles livrées à la barbarie coloniale ?
En tous les cas, la violente répression fonde la «mauvaise foi» du Maroc colonial qui ferme toutes les issues d’un règlement pacifique et définitif du conflit.
Le siége des campements de l’exode sahraoui, rappelant «l’invasion militaire du Sahara occidental» de 1975, est la preuve manifeste de l’intransigeance coutumière et du marchandage marocain qui caractérisent «le constat d’interruption du processus onusien de décolonisation du Sahara occidental. Pour conjurer le pire, le président Mohammed Abdelaziz a appelé le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, à intervenir pour « éviter le massacre. »
Dans sa lettre du 18 octobre, adressée à Ban Ki-moon, il a ainsi relevé que «des développements ont été enregistrés et font craindre le pire» pour les populations civiles sahraouis sans défense. Un cri de détresse dans un océan d’indifférence et, surtout, le sentiment que la paix ne tient plus qu’au fil tenu de la volonté sahraouie.
Larbi Chaabouni.
Horizons, 26/10/2010
Soyez le premier à commenter