Barack Obama et Nicolas Sarkozy ne pouvaient pas espérer meilleure soutien pour reprendre les choses en main, chacun dans son pays, après le «paquet cadeau» qui aurait été envoyé par voie aérienne par Al Qaïda au Yémen, et les menaces contenues dans le message sonore du N°1 d’Al Qaïda adressé aux autorités françaises.
On le sait depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Al Qaïda sert à justifier à atténuer les oppositions, à renforcer les partis au pouvoir, à contenir la chute des présidents de la république dans les sondages, et à maintenir des lois d’exception comme le Patriot Act.
Après la découverte de deux colis «contenant des explosifs à destination de la communauté juive de Chicago» dans un avion de la compagnie des Emirats qui venait du Yémen, l’Administration Obama a définitivement pu détourner l’attention de l’opinion publique et des médias sur les révélations de Wikileaks et ne se sent plus obligée de répondre, ni de prendre les décisions qui s’imposent après la mise en ligne des
400 000 documents secrets relatifs aux graves atteintes aux droits de l’homme en Irak. Pour la bonne histoire, les engins explosifs étaient logés dans deux… imprimantes Laser. Et mieux encore, une jeune fille soupçonnée d’avoir envoyé ces deux colis avait même laissé «son nom et son numéro de téléphone sur les colis».
«Je pense que les indications dont nous disposons à l’heure actuelle, basées sur les analyses criminelles, montrent que l’individu responsable de la fabrication de ces engins est le même», explique John Brennan, le conseiller du président Barack Obama pour l’antiterrorisme. Rassurez-vous, si ça vous fait dormir debout, c’est justement l’effet recherché !
Quelques jours avant la découverte de ces «colis», les médias américains avaient cessé d’évoquer les documents de Wikileaks. Aucun débat n’est désormais possible sur ces révélations, la priorité est désormais de raviver la peur du terrorisme aux Etats-Unis. Même Obama s’y met, lui qui avait sévèrement critiqué, lorsqu’il postulait pour le poste de Président, l’attitude de l’administration de George W. Bush. Et ce n’est pas le vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg, ni le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak, qui feront changer d’avis à l’actuel locataire de la Maison- Blanche en demandant des explications à l’administration américaine. «Je me serais attendu à ce que (ce genre d’enquête) soit lancée depuis déjà longtemps, car le président Obama est arrivé au pouvoir en promettant le changement… Le président Obama a l’obligation de traiter les cas passés», a déclaré M. Nowak à la BBC (cité par l’AFP).
«La ‘’Menace terroriste’’ une grande victoire politique pour Obama et les Démocrates», titre Jason Ditz, journaliste sur le site «ANTIWAR.COM». Ce journaliste militant estime qu’à quelques jours des élections de mi-mandat, cette intrigante bombe en provenance du Yémen a certainement donner à Obama et aux Démocrates «l’aide politique nécessaire» pour tenter de garder la majorité au sein du Congrès. Cette affaire a permis au président US, dont l’action depuis qu’il est la tête de la première puissance mondiale ne diffère pas tellement de son prédécesseur républicain, de prononcer un discours dans lequel il a promis, en guise de représailles, que «toutes les mesures nécessaires» seront prises pour détruire Al Qaïda yéménite, même si «aucun explosif n’a été découvert aux Etats-Unis».
Après l’AQMI, c’est la maison mère qui menace la France
Si vous êtes atteint d’amnésie, et si vous avez oublié que l’AQMI a déjà menacé, en septembre dernier, de commettre des attentats en France, alors Ben Laden, le patron de la «maison mère» Al Qaïda, se charge de vous rafraichir la mémoire. Pour le président Sarkozy, les menaces de l’AQMI et le massage de Ben Laden tombent également à point nommé.
L’immense mouvement social, lancé depuis plusieurs semaines pour protester contre le prolongement de l’âge de la retraite à 67 ans, a sérieusement entamé ce qui restait de la popularité du président français. Rien de mieux qu’une bonne dose de frayeur, sauce Al Qaïda, pour remettre les choses dans l’ordre. Comme aux Etats-Unis, bientôt il ne sera plus question dans les médias que de cet hurluberlu nommé Oussama Ben Laden, du fond d’une grotte (est-il encore vivant ?), qui vient sommer La France de retirer ses troupes militaires d’Afghanistan et de revenir sur la loi interdisant la burqa. «Si la France est en droit d’interdire aux femmes libres de porter le voile, n’est-il pas de notre droit de pousser au départ vos hommes envahisseurs en leur tranchant la tête ?», affirme Ben Laden dans «son» message à la France. Bien évidemment, la réponse de Nicolas Sarkozy ne s’est pas fait attendre. «Il va de soi que la France ne se laisse pas dicter sa politique par personne, et certainement pas par des terroristes». De quoi doper un peu les sondages déclinants de M. Sarkozy dont le parti au pouvoir, l’UMP, est englué dans plusieurs scandales dont celui de l’affaire Bettencourt. Une occasion aussi pour faire sortir de son sommeil le très domestiqué Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) qui se réveille le temps d’un communiqué de «dénonciation».
Le Maroc joue dans la cour des grands
Pas très loin de nous, notre voisin le Roi Mohamed VI se met lui aussi à la sauce Al Qaïda, et joue dans la cour des grands de ce monde. D’autant que ça urge, en raison des réactions d’indignation qui fusent de partout pour dénoncer les graves atteintes répétées aux droits de l’homme commises par les services de sécurité marocain à l’encontre de militants sahraouis.
Telle une multinationale, Al Qaïda peut agir partout et à tout moment.
Il faut juste en faire le vœu… qui sera immédiatement exaucé ! Ainsi, les autorités marocaines ont annoncé vendredi dernier le démantèlement de «deux cellules liées à Al Qaïda» et l’arrestation de «neuf personnes dont un ressortissant yéménite recherché par les autorités de son pays». Et comme pour bien corser l’information et lui donner plus de consistance, les autorités marocaines indiquent que la première cellule qui «était dirigée par un islamiste ayant résidé en Italie» est baptisée le «Front du Jihad sahraoui». Pas mal l’astuce, il fallait juste y penser ! Quant à la seconde cellule, elle avait pour mission le «recrutement de volontaires pour le jihad en Irak» au profit des réseaux d’Al QaÏda.
Par Abdelkader Djalil
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