Lors d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’ONU, la France vient d’user de son droit de veto pour empêcher l’envoi d’une commission d’enquête sur les dernières violences commises par l’armée marocaine à l’encontre des Sahraouis de la région d’El-Ayoun. On apprend aussi que la Minurso, la mission des Nations unies chargée d’organiser le référendum d’autodétermination au Sahara occidental, n’a pas pu s’enquérir de la situation sur place à cause du bouclage musclé que les forces d’occupation du makhzen imposent face aux différents observateurs tels les journalistes ou les ONG.
La France confirme donc encore une fois son soutien indéfectible à la tyrannie marocaine. Point de honte ni scrupule à s’isoler au sein du Conseil de sécurité, en décalage avec la position unanime des autres puissances favorables à la quête d’informations crédibles sur ce qui s’est passé dans le camp de Gdeim Izik et dans la ville d’El-Ayoun, quand le royaume chérifien a décidé de réprimer pendant qu’il discutait avec les représentants sahraouis à Manhasset, aux Etats-Unis. Pourquoi Paris s’accoquine-t-elle de la sorte avec Rabat au point de renier, sans maquillage, les principes démocratiques les plus élémentaires et, par la même occasion, les bons usages diplomatiques ?
L’histoire récente montre que l’ex-métropole coloniale n’a jamais été convaincue du bien-fondé de la décolonisation des peuples : de la répression aveugle du mouvement indépendantiste kanak en Nouvelle Calédonie dans les années 1980, en passant par mille intrigues militaro-affairistes en Afrique noire, jusqu’à l’élaboration de textes crapuleux en février 2005 pour glorifier les sévices infligés au peuple algérien pendant 130 ans, les atavismes de l’esprit colonial nous envoient des signaux réguliers.
Il faut ajouter à cette vision du monde, archaïque et brutale, les motivations économiques actuelles qui poussent la France lumineuse des droits de l’homme à préférer les intérêts immédiats de ses entreprises à la défense d’enfants, de femmes ou de vieillards massacrés par les «Bigeard» du makhzen. Mais une diplomatie guidée par l’esprit des Clubs Méditerranée – qui envisage de s’installer sur le sol sahraoui occupé à Dakhla – procurera des dividendes aussi éphémères que le repos des touristes du club. Parce que les camps de Sahraouis de Gdeim Izik ou de Tindouf ne sont pas des colonies de vacances mais l’habitat précaire d’un peuple spolié et décidé à récupérer son territoire.
Par Nordine Mzalla
Le Jeune Indépendant, 20/11/2010
Par Nordine Mzalla
Le Jeune Indépendant, 20/11/2010
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