Le président du gouvernement espagnol Jose-Louis Zapatero, vient de se distinguer de nouveau dans son soutien aveugle au Maroc en voulant donner du crédit à la version light marocaine sur l’attaque meurtrière des forces armées marocaines contre le camp de sahraouis prés d’Al Ayoun. Le chef de l’exécutif espagnol a ainsi demandé à la Commission exécutive fédérale de son parti socialiste (Psoe) de rendre public toutes les informations dont elle dispose même si, a-t-il dit, «ces informations peuvent s’avérer douloureuses et difficiles à accepter par des socialistes pour la plupart favorables au front Polisario ». José Luis Rodriguez Zapatero dans la bonne tradition de duplicité de son gouvernement et de certains leaders de son parti a l’instar de son mentor Felipe Gonzalez, avalise la version présentée par le ministre marocain de l’Intérieur qui s’est précipité à Madrid, pour allumer des contre feux en faisant croire notamment à la mort de 11 membres des forces de l’ordre marocaines.
Malheureusement pour Jose-Louis Zapatero, en sursis politique du fait de sa gestion chaotique de l’économie espagnole, les faits sont têtus. Car à l’heure d’internet et des transmissions vidéo instantanées via les téléphones portables on ne peut impunément occulter la vérité. Pour son malheur et celui de ses amis politiques marocains il y avait, au moment de l’assaut du camp, des témoins et notamment la documentariste française, Lise Tewteller, et son compagnon un cameraman professionnel, qui ont transmis en direct, deux jours de suite, les vidéos que les participants a la conférence internationale des comités de soutien au peuple sahraoui, réunis au Mans, ont visionnées.
Quant à la version des 11 policiers marocains morts elle reste à prouver. Caparaçonnés comme on peut les voir sur les images, dans des équipement anti-émeutes fournis en abondance par Madrid et Paris, on voit mal comment ils peuvent être blessés mortellement par des manifestants qui n’avaient que leur mains nues pour lutter contre la férocité de la répression, les bombes larguées par hélicoptère, les jets d’eau brulante et les assauts des forces d’élite des forces combinées marocaines. Sachant les prouesses de la propagande marocaine, s’il y avait eu autant de morts du côté des forces de sécurité, Rabat n’aurait pas hésiter à montrer des images des corps et des funérailles. Qui plus est, comment Jose-Luis Zapatero, dont le pays porte la responsabilité dans la tragédie du peuple sahraoui peut-il gober les salades complaisamment fournies par un pays qui a ordonné le blackout le plus total, expulsant manu militari des parlementaires et journalistes venus aux nouvelles. Mais pour le malheur de l’occupant marocain et de son zélé relais espagnol, des citoyens espagnols ont échappé à la vigilance de la police marocaine ils ont regagné Madrid, grâce précisément au deal passé entre les ministres de l’Intérieur des deux pays et ont saisi l’occasion pour témoigner sur l’atrocité de la répression marocaine.
Depuis, El Ayoun est en état de siège et ces deux journaux espagnols -. El Pais et El Mundo- qui ont brisé le mur du silence. Les deux quotidiens espagnols ont révélé que les chefs de l’administration coloniale de la ville occupée d’El Ayoun ont reconnu que «le nombre de prisonniers est de 132 personnes et que les disparus, dont le nombre est inconnu, sont des personnes qui ont fui vers le désert de peur qu’elles ne soient emprisonnées». Mohamed Jelmouss, le gouverneur d’El Ayoun a même précisé que 117 prisonniers sont à la prison noire à El Ayoun. Parmi eux, 113 seront jugés par la cour d’appel alors que quatre autres comparaitront devant des tribunaux de première instance. Huit autres détenus ont été transférés à Rabat pour être jugés par des tribunaux militaires, dont Naâmma Asfari, qui a également temoigné en direct lors de l’assaut.
Ces arrestations massives attestent de l’ampleur et de la férocité de l’attaque planifiée par les forces d’occupation marocaine, le 8 novembre 2010 à l’aube, contre le camp des réfugiés sahraouis de Gdeim Izik , sous la haute autorité des généraux Bennani et Benslimane, le tuteur du souverain marocain . Zapatero, dont les services de renseignement sont particulièrement actifs au Maroc, se laisserait-il facilement désinformer par Rabat au nom de ce qu’il appelle lui-même «les intérêts supérieurs » de la nation, ou est-il tout simplement l’otage, du puissant lobby marocain en Espagne et de ceux à qui il doit sa survie politique ?
Mokhtar Bendib
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 25/11/2010
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